Pilote automobile dans les années 1960, Guy Ligier fait parti de ces aventuriers qui tentent de courir sur une voiture de sa propre conception. Ainsi naît la Ligier JS1 en 1969, une voiture totalement tournée vers la compétition. C’est pour sortir de la classe Prototype que Ligier propose la JS2 à partir de 1971 dont l’objectif est de conquérir le grand public…
Avec sa JS1, Ligier réalise un projet qu’il avait avec Jo Schlesser, produire une GT capable de rivaliser avec les Alpine ou encore les Porsche. C’est le décès de ce dernier, en 1968, qui pousse Ligier à raccrocher le volant pour réaliser ce rêve, le nom JS est choisi en hommage à son ami. Cette voiture fut produite à trois exemplaire et s’aligne en compétition durant toute l’année 1970, mais sa faible diffusion impose un engagement dans la catégorie Prototype, où la JS1 parait bien frêle face aux rivales.
C’est pourquoi Ligier va rapidement développer la JS2 dont l’objectif est d’être produite pour le grand public afin d’homologuer le modèle dans d’autres catégories, notamment la classe GT pour laquelle 500 exemplaires civils sont nécessaires. Initialement prévue pour un lancement en fin d’année 1970, Ford décide de faire faux bond au petit constructeur français en lui refusant la fourniture moteur au dernier moment.
A l’origine, la Ligier JS2 devait embarquer un V6 de 165Cv provenant de la Ford Capri RS, mais après le refus de Ford, Ligier se met en quête d’un nouveau moteur et trouve son bonheur dans la gamme Citroën, qui propose alors la SM équipée d’un V6 Maserati de 170Cv. Un an fut nécessaire pour établir un partenariat avec Citroën et adapter la JS2 à ce moteur.
La Ligier JS2 fut finalement présentée lors du salon de Paris 1971, le prix affiché est de 74.000 Francs (15.800 Francs de plus que la Citroën SM), la fiche technique propose des performances de premier ordre, notons 240km/h en vitesse de pointe (+20km/h par rapport à la SM). Ces performances sont réalisées grâce au faible poids de la voiture (1.030kg) conféré, entre autre, car son architecture châssis-poutre et sa carrosserie en fibre de verre.
La ligne de la Ligier JS2 est signée Pietro Frua, retouchée au niveau de la face avant par le carrossier Pichon-Parat lors de l’adoption du V6 Maserati. La carrosserie est très basse, son point le plus haut culmine à 1,15 mètres, et se remarque par ses lignes tendues ! Pour des raisons de coûts, Ligier fait appel à la banque de Pièce Peugeot et Citroën. Les premiers exemplaires sont livrés à la clientèle dès le mois de novembre 1972.
Entre temps, Ligier aligne la JS2 en compétition avec un moteur porté à 3.0 litres pour 195Cv, la voiture s’aligne en endurance avec, entre autres, les 24 heures du Mans; en rallye avec le Tour Auto ou le Tour de Corse, sans succès lors de la première saison. Un engagement sportif sans succès, des ventes au compte goutte, voilà comment résumer la première année de la voiture qui s’écoule à 48 exemplaires en 1972.
En 1973, Ligier décide d’intégrer le moteur de 195Cv sur les JS2 civiles et espère opérer un sursaut des ventes sur le marché. Le prix de vente augmente lui aussi à 74.500 Francs, seules 80 unités sont écoulées cette année. En sport automobile, la JS2 voit sa carrosserie modifiée pour améliorer l’aérodynamique, tandis que Maserati propose une version de son V6 portée à 330Cv. à défaut de briller, Ligier se contente de finir les 24 heures du Mans et d’une dixième place sur le Tour Auto.
La crise pétrolière viendra impacter les performances commerciales de la Ligier JS2, mais le petit constructeur de Vichy voit son partenariat avec Citroën renforcé puisque les Ligier trouvent une place dans les concessions du double chevrons, qui assure également le service après-vente. Finalement, la commercialisation de la SM s’interrompt courant 1974 sur l’ordre de Peugeot qui vient de racheter Citroën, Ligier obtient la sous-traitance des 114 derniers exemplaires.
Pour tenter de maintenir en vie sa voiture, Ligier fait évoluer la carrosserie de la JS2 au début de l’année 1975, la face avant reçoit les phares escamotables. Trop tard, la JS2 est condamnée par Peugeot qui décide de se débarrasser de Maserati, la JS2 n’a plus de moteur et Ligier n’est pas décider à en retrouver un dans cette période morose pour les sportives. De toute façon, la Ligier JS2 avait du mal à séduire la clientèle, moins de 300 unités ont été écoulées sur la vie de la voiture.
Dommage, car en compétition, la Ligier JS2 arrive à maturité lors de la saison 1975, notamment en récupérant le sponsor Gitanes suite au retrait de Matra en formule 1. La Ligier récupère également un V8 Cosworth qui propose 460Cv qui permet à Ligier d’obtenir quelques belles places, dont notamment une seconde position aux 24 heures du Mans avant le retrait du modèle sous les couleurs officielles de Ligier.