En 1976, Renault présente la R14, une voiture qui vient s’insérer sur un nouveau segment pour la Régie, les compactes, alors dominé par la récente Volkswagen Golf et sur lequel tous les constructeurs étaient en train d’arriver. Et si la R14 semblait vouée à rencontrer un certain succès, la voiture fut finalement un échec…
Avec la Renault 6, la Régie avait pu constater que la modularité d’une voiture était une donnée essentielle pour la clientèle, car cette petite voiture sans charme particulier et avec très peu de communication avait réussi à dépasser le cap du million et demi d’unités. Mais sans attendre le succès de la R6, Renault lance en 1968 des prémices d’un projet de nouvelle voiture pour les années 1980, lequel prenait en compte l’augmentation du prix de l’essence, les attentes des utilisateurs et les perspectives du marché européen. Petit à petit, les contours du projet se dessinent, et au début des années 1970, il est décidé que cette voiture devra se situer entre les R5 et R20.
Les designers se mettent alors au travail avec un cahier des charges précis : voiture de taille moyenne à cinq portes, hayon, et avoir une carrosserie qui semble moderne, les maquettes sont ainsi testées en soufflerie. Mais en cours de projet, la crise pétrolière frappe le marché automobile, la sécurité est une nouvelle donnée recherchée de la clientèle. Renault revoit donc sa copie avant le lancement de la voiture.
Les essais deviennent ainsi plus stricts, les crash-test sont au programme, l’intérieur est repensé pour assurer un certain bien-être aux occupants, et Renault utilise les systèmes informatiques pour concevoir cette voiture. Conçue pour être l’auto du bonheur, la nouvelle Renault conservera ce slogan pour son début de carrière.
La présentation de la Renault 14 se fait donc en Mai 1976 aux Invalides à Paris, la production démarre à la toute fin du printemps dans l’usine de Douai, aux cotés de la Renault 5 et sur une ligne de montage robotisée. Quant à la commercialisation, la R14 intègre le catalogue Renault à compter du 1er Juillet 1976. La voiture a pour objectifs de compléter la gamme Renault mais aussi récupérer les ventes de la R6 en fin de carrière, et pourquoi pas concurrencer la Golf de Volkswagen. Elle est ainsi commercialisée sur le segment des 5-7CV fiscaux.
Mais hélas, la voiture déçoit rapidement par ses qualités routières modestes, quant à son moteur, il s’agit d’un quatre cylindres en ligne de 1.218cm3 qui développe seulement 57Cv, un moteur issu de chez la Française de Mécanique, une filiale commune avec Peugeot. De quoi laisser perplexe les concessionnaires et les clients fidèles qui auraient préféré y trouver un Cléon…
En revanche, la carrosserie de la voiture attire l’oeil, une ligne moderne et toute en rondeur, avec quelques traits rappelant un air de famille avec la petite Renault 5, les pare-chocs en plastique n’y sont pas pour rien. Bref, une voiture bien dans son temps, quoiqu’un peu en avance… Quant à l’intérieur, l’habitacle n’a rien à envier à une R16 en terme d’habitabilité, la place est présente aussi bien pour les passagers arrières que dans le coffre !
La finition est aussi de bonne facture : lunette arrière chauffante, hayon à deux vérins, essuie-glace à deux vitesses, ceintures de sécurité… Bref, la R14 semble destinée à un bel avenir. Hélas, les ventes furent en dessous des estimations, 58.048 exemplaires sont écoulés pour le millésime 1976, 190.561 exemplaires en 1977. Renault avait commit quelques erreurs lors du lancement de la R14, avec deux finitions L et TL trop proches l’une de l’autre…
Mais rapidement, Renault décide de changer sa politique marketing pour dynamiser les ventes : de la « 7CV du bonheur », la Régie passe à « Renault 14, La Poire », un slogan crée par Publicis. Et quelle erreur, le surnom de Poire collera à la R14 jusqu’à sa fin de carrière, bien que Renault ait tenté de sauver le coup par quelques slogans atypiques : « Une poire qui a la pêche », « La poire c’est confortable ». Bref, Renault persiste et signe…
Au final, malgré les modifications dans la gamme avec de nouvelles finitions ou de nouveaux moteurs, les ventes n’augmentent pas et connaissent un très léger pic en 1979 et 1980 où la R14 flirte avec la barre des 200.000 unités. La commercialisation de la R14 cesse en 1984 après 999.193 exemplaires… Aux portes du million !