Tempo Matador (1949-1966)

          Dans une Allemagne où l’économie reprend après la Seconde Guerre Mondiale, le constructeur d’utilitaires Tempo tire son épingle du jeu et développe un véhicule d’une tonne de charge utile : le Matador. Ce dernier fut tué par Volkswagen pour laisser le Combi trouver sa clientèle…

             Tempo était un constructeur allemand fondé en 1928 et qui produisait des véhicules utilitaires, on doit l’origine de cette entreprise à la famille Vidal, commerçants de charbon, qui décide de s’orienter à la fin des années 1920 dans la production de petits utilitaires à trois roues venant concurrencer le Blitzkarren de Carl Borgward. Les utilitaires Tempo sont rapidement améliorés et le succès vient, en 1933, les premières carrosseries fermées apparaissent chez Tempo puis la production de l’entreprise se diversifie, jusqu’à la fin des années 1930, à côté des tricycles apparaissent des utilitaires à quatre roues et quelques tentatives d’aller vers le marché de l’automobile particulière, sans succès. Allemagne, oblige, Tempo participa à l’effort de guerre allemand avec la G1200, un véhicule tout-terrain. En 1943, la production de Tempo s’arrête, elle ne reprend qu’en 1948 avec une partie de la gamme d’avant-guerre.

TEMPO MATADOR (3)

              Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’entreprise Tempo travailla à relancer une production d’utilitaires, des véhicules alors très demandés pour les opérations de reconstruction, surtout, l’entreprise développa un nouveau véhicule d’une tonne de charge utile, malgré l’interdiction faite par l’occupant britannique. Ce véhicule est développé par Dietrich Bergst, nouveau concepteur en chef chez Tempo après le départ de Otto Daus en 1948, qui décide d’opter pour le moteur Volkswagen, un quatre cylindre à plat refroidit par air de 1.131cm3 pour 2Ch, éprouvé pendant la Guerre, qu’il place derrière l’essieu avant pour permettre de développer facilement diverses variantes de carrosseries. Il conserve également la boite de vitesses de la Volkswagen ainsi que sa transmission qui entraine les roues avant.

TEMPO MATADOR (4)

               Les premiers Tempo Matador 50 sortent d’usine au début de l’année 1949, il s’agit encore de véhicules de pré-série livrés jusqu’à la fin du mois de février à destination des concessionnaires pour en faire des véhicules de démonstration, le carrossier Hebmüller reçoit quelques châssis pour étudier des variantes de carrosseries, et quelques rares clients en reçoivent pour effectuer des essais. Les premiers retours des concessions et clients permettent de mettre en œuvre les ultimes améliorations avant de lancer la production en série ne soit lancée le 23 février 1949. Le Matador reçoit de suite un certain succès qui assure à Tempo une production sur plusieurs semaines, une réussite due en partie grâce aux diverses variantes proposées par l’usine : plateau, fourgon tôlée, châssis-nu…

TEMPO MATADOR (5)

              En 1950, Tempo fait face à des soucis sur la transmission de son Matador que certains clients avaient fait remonter en 1949 : le différentiel d’origine Volkswagen se casse, rendant le Matador impossible à conduire. Il s’avère que ce différentiel n’a pas été conçu pour transporter des charges lourdes et peu se briser. Ce n’est qu’à la fin de l’année 1950 que Tempo apporte un correctif avec un nouveau différentiel renforcé, puis pour améliorer la réputation du véhicule, Tempo lance l’étude d’une nouvelle boite de vitesses développée par l’équipementier ZF et intégrée à partir de septembre 1951. Tempo en profite pour lancer une vague de rappel qui permet de remplacer la boite d’origine Volkswagen par la ZF.

TEMPO MATADOR (2)

            Le Tempo Matador est désormais techniquement mature, les défauts de jeunesse gommés, Volkswagen voit désormais d’un mauvais œil cet utilitaire qui marche sur les plate-bande du Type 2. En conséquence, à partir de 1952, Volkswagen refuse désormais de fournir à Tempo ses moteurs, le dernier Matador à moteur Volkswagen sort en octobre 1952. Entre 1949 et 1952, on compte environ 13.600 unités du Matador 50 à moteur Volkswagen. Chez Tempo, cette décision brise l’élan autour de son utilitaire à quatre roues, mais le constructeur est bien décidé à maintenir sa production et se met en quête d’une nouvelle mécanique.

TEMPO MATADOR 1000 (1)

               Tempo se tourne vers JLO, un motoriste qui fournissait des moteurs deux temps à Tempo depuis ses débuts en 1929. JLO met au point un moteur trois cylindres à deux temps qui permet de présenter le Matador 1000 en mai 1952 comme successeur du Matador à moteur Volkswagen. Le Matador 1000 répond également aux nouvelles normes entrées en vigueur en avril 1952 en faisant migrer le réservoir d’essence de derrière le capot à l’arrière du véhicule, la face avant du véhicule se voit ainsi modifié dont la plus importante concerne les phares qui migrent du haut du capot vers le bas de celui-ci. Malheureusement, le moteur JLO s’avère de piètre qualité : il manque de puissance et la fiabilité n’est pas au rendez-vous. Des dissensions naissent rapidement entre Tempo et JLO, si bien que dès l’été 1952, Tempo est à la recherche d’un nouveau motoriste. DKW est démarché mais refuse pour que le Schnellaster ne soit pas concurrencé, c’est finalement Heinkel qui est choisi avec son trois cylindres à deux temps de 672cm3 à licence SAAB, monté dès la mi-1952. Tempo rappelle alors ses Matador à moteur JLO pour les remotoriser avec le Heinkel.

              En septembre 1952, le Tempo est décliné en version 1400, il reçoit un quatre cylindres à quatre temps Heinkel de 1.092cm3, un châssis et des suspensions renforcés. Si le deux temps Heinkel n’est pas encensé par la clientèle, le quatre temps reçoit quelques éloges, hélas, les nombreux changements opérés autour du moteur du Matador perd la clientèle et la concurrence s’est renforcée, les ventes du Matador deviennent alors anecdotiques avec seulement 5.500 unités écoulées entre 1952 et 1955. Pour insuffler une nouvelle dynamique, Tempo sort le Viking en 1953 avec un bicylindre Heinkel de 460cm3 mieux exécuté que le trois cylindres du Matador 1000, il permettra à Tempo de récupérer quelques parts de marchés perdues par le Matador.

TEMPO MATADOR 1956 (1)

                 Hélas, la firme Tempo fait face à des difficultés financières, installée sur le marché des utilitaires, la concurrence y est de plus en plus rude face aux grands groupes. La famille Vidal vend ainsi la moitié des parts de Tempo au constructeur allemand Hanomag en 1956, l’argent frais de cette cession permet à Tempo de moderniser la ligne des Matador et Viking, qui conservent toutefois leurs moteurs Heinkel. Cette même année, Tempo cesse la production du tricycle Hanseat dont l’outillage est cédé à l’entreprise indienne Bajaj. Puis en 1957, Tempo signe un accord avec l’entreprise anglaise Austin pour la fourniture de moteurs quatre cylindres à quatre temps de 948cm3 qui  remplacent les moteurs Heinkel et fait naître les Tempo Rapid. Des efforts qui furent récompensés sur le plan commercial puisque les ventes repartent à la hausse puisque entre 1957 et 1963, c’est 21.000 exemplaires qui se sont écoulés.

               En 1963, le Matador est une nouvelle fois améliorée avec la présentation du Matador E à la ligne modernisée. Le Matador E est toujours équipé d’un moteur Austin mais la cylindrée passe à 1.497cm3, il était également disponible en option avec un moteur Diesel Hanomag. Il s’agit de la version la plus aboutie de la génération des Matador, les chiffres de vente s’en ressent avec 70.000 unités vendues entre 1963 et 1966. 1966 fut la dernière année du Matador, et de Tempo, l’entreprise est totalement rachetée par Hanomag qui la fait disparaître, le Matador est alors remplacée par le Hanomag F20-25 qui, lui-même, fut transformé en Mercedes-Benz L206 lors du rachat d’Hanomag par Daimler-Benz en 1970…

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