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Les Magirus-Deutz

                 Véhicules de secours pour les contemporains, le nom Magirus accolé fut à Deutz fut synonyme de camions allemands utilisant des moteurs refroidis par air, avec une spécialité dans le domaine des véhicules de chantier mais aussi de lutte contre l’incendie. Une histoire que je vous propose de redécouvrir dans les grandes lignes… 

            Magirus-Deutz était un constructeur allemand de poids-lourds fondé en 1936, l’entreprise nait de la fusion de Magirus, producteur de camions et de matériel de lutte contre l’incendie, et de Humboldt-Deutz, motoriste allemand spécialisé dans les moteurs Diesel. Les deux entreprises se complètent parfaitement, le nouvel ensemble tourne pour les besoins de la Wehrmacht , ce qui vaudra le bombardement des installations industrielles de Magirus-Deutz pendant la Seconde Guerre Mondiale. 

Magirus-Deutz se relance après-guerre

            A la libération, la reconstruction de l’usine d’Ulm est autorisée par les Alliés ainsi que le lancement de la production d’un tracteur forestier (Magirus-Deutz RS 1500) issu d’un tracteur à chenilles conçu pour l’armée allemande. En revanche, la production de camions est initialement interdite à Magirus-Deutz, qui doit se contenter de produire des carrosseries pour des châssis américains destinés aux forces d’occupation de l’Allemagne. Les interdictions sont petit à petit levées, et aux tracteurs agricoles Deutz s’adjoint la production d’un nouveau camion, le Magirus Type S.3000. En 1949, la marque commerciale devient définitivement « Magirus-Deutz ». Cette même année, le camion S.3000 voit sa charge utile portée à 3,5 tonnes, c’est le Magirus-Deutz S.3500. La gamme Magirus-Deutz est complété par les autobus O.3000 puis O.3500, une gamme étoffée aux bus de grandes lignes en 1951 avec le O.6000. 

Le capot rond, marque distinctive de Magirus-Deutz

              En 1951, Magirus-Deutz modifie sa gamme de camions et lui confère un nouvel aspect avec un capot rond, un élément distinctif de la concurrence. Toutefois, les camions tout-terrain conservent un capot carré pour des raisons techniques, le capot arrondi supportant mal les torsions et vibrations induites par ce type d’utilisation. En 1953, la Magirus-Deutz complète sa gamme avec le camion S.6500, ainsi qu’avec l’autobus de grandes lignes O.6.500. Avec le miracle économique allemand, reposant en grande partie sur la reconstruction du pays, la demande en camions est importantes et Magirus-Deutz en profite pleinement. Au milieu des années 1950, Magirus-Deutz renomme ses véhicules avec des noms de planètes, c’est l’heure des Magirus-Deutz Mercur, Saturn et Pluto.

        Au début des années 1960, les capots ronds sont petit à petit remplacés par des capots carrés, et en 1963 apparait la cabine avancée chez Magirus-Deutz. Puis en 1964, Magirus-Deutz modifie la dénomination des véhicules et opte pour une combinaison de chiffres et de lettres (Puissance du moteur / Type de cabine / Poids total en charge / Type de carrosserie). Malheureusement, la période des années 1960 est difficile pour Magirus-Deutz, la reconstruction allemande touche à sa fin et la demande en camion diminue fortement, une guerre des prix est déclenchée par Mercedes-Benz. C’est à cette époque que les constructeurs de camions allemands disparaissent ou sont rachetés (Faun, Büssing, Krupp…), Magirus-Deutz conserve toutefois son indépendance grâce à sa position dominante sur les camions tout-terrain et sa gamme BTP bien implantée. Magirus-Deutz bénéficie du marché commun en s’installant en France, un pari gagnant car le constructeur va réussir à devenir compétitif sur le marché des travaux publics.

           A partir de 1967, Magirus-Deutz étend sa gamme aux camions en commercialisant le Eicher TransExpress, qui reçoit quelques modifications et le badge Magirus-Deutz. L’année suivante, c’est dans la production d’autobus urbains que se lance Magirus-Deutz. Au début des années 1970, Magirus-Deutz lance sa troisième génération de cabine à capot long. C’est à cette époque qu’apparaissent les premiers moteurs turbo au sein de la gamme Magirus-Deutz qui vont rapidement s’imposer. 

                   Pour la gamme camions légers, Magirus-Deutz ne peut plus lancer l’étude d’un nouveau camion seul. Heureusement, le français Saviem était à la recherche de partenaires pour la conception d’une cabine moderne adaptée à ce segment. Avec Daf et Volvo, voilà Magirus-Deutz embarqué au projet de la cabine Club des Quatre qui permet de commercialiser à partir de 1975 un nouveau camion de petit tonnage.

Magirus-Deutz à l’heure d’Iveco

               Malheureusement, les multiples investissements de Magirus-Deutz (cabine de troisième génération, cabine Club des Quatre, la nouvelle usine ultra-moderne d’Ulm) couplés à la guerre des prix sur le marché des camions, et une rude concurrence européenne fait tomber les parts de marché du constructeur à moins de 10% au début des années 1970. Et malgré les investissements, les produits Magirus-Deutz sont datés et même sur son marché de prédilection, les véhicules pour les travaux publics, le constructeur allemand perd du terrain. Pire, la division autobus perd de l’argent depuis 1967. Puis la crise pétrolière en 1973 va induire une importante baisse de commande de camion sur le marché européen. 

                 Cette situation pousse Magirus-Deutz à trouver de nouveaux partenaires, notamment en vue d’un rachat. Après des discussions infructueuses avec Mercedes-Benz, c’est l’italien Fiat V.I.  qui rachète la quasi totalité des parts en novembre 1974 (20% restent entre les mains des allemands), Magirus-Deutz est intégré le 1er janvier 1975 dans la holding IVECO, qui regroupe l’ensemble des filiales poids-lourds de Fiat : Fiat V.I., OM, Lancia VI, et Unic. Magirus commercialisa sous son propre blason les modèles Fiat-OM, IVECO obtient quant à lui les camons de chantier commercialisés sous la marque Fiat dans le reste de l’Europe (Unic en France) avec des moteurs Fiat refroidis par eau, et a accès à la cabine Club des Quatre. 

                  Au début des années 1980, Iveco rachète les dernières parts de Magirus-Deutz resté aux mains des allemands. Et voilà la société renommée Iveco Magirus AG en 1983, elle est la représentation allemande du constructeur IVECO. Petit à petit, la marque Magirus-Deutz s’est effacée : le lettrage Magirus sur la calandre est remplacée par celui d’IVECO, Magirus reste mentionné en bas à gauche de la calandre avant de disparaitre. L’ère des camions Magirus était révolue. L’usine d’Ulm est intégrée au sein d’Iveco pour produire des véhicules routiers lourds et des véhicules de chantier. 

Aussi, sur les bases du département véhicules de lutte contre les incendies et de véhicules de secours de Magirus, Iveco créé une filiale spécifique basée à Ulm, qui intégrera plus tard les constructeurs Lohr et Camiva. Cette filiale existe encore de nos jours et produit toujours des véhicules sous l’appellation commerciale Magirus.