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Renault Juvaquatre (1937-1960)

              Présentée en 1937, la Renault Juvaquatre est une voiture qui complète l’offre d’entrée de gamme de Renault en s’offrant aux revenus modestes. La seconde guerre mondiale et la nouvelle orientation de la Régie après guerre lui confère une grande longévité car la Juvaquatre reste au catalogue Renault jusqu’en 1960…

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               Au milieu des années 1930, la moins chère des Renault était la Celtaquatre avec ses huit chevaux fiscaux. Toutefois, en 1936, le Front Populaire arrive au pouvoir et instaure, entre autres, les congés payés. Une nouvelle clientèle voulant s’évader rêve de la chose automobile, mais ses moyens sont limités. Renault flaire ce filon et demande à ses ingénieurs de développer une petite voiture entrant dans la catégorie des 6CV qui viendrait épauler la Celtaquatre.

                 Pour concevoir cette voiture, les mots d’ordres sont simples : la voiture ne doit pas cannibaliser les ventes des modèles supérieurs, et surtout, la voiture doit s’inspirer de l’Opel Olympia, une voiture présentée lors du salon de Berlin 1935, qui impressionna Louis Renault. Dans un premier temps, ce projet que l’on envisage de nommer « Junior » prend la forme d’une petite voiture à deux places, avant qu’on ne décide de passer à quatre places pour s’offrir aux familles et viser une clientèle plus large.

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                 Pour ce nouveau modèle, Renault développe un moteur inédit, le « 488 », un quatre cylindres en ligne à soupapes latérales cubant 1003cm3. Il s’agit du premier moteur 6CV Renault depuis l’arrêt de la NN en 1929 et marque le retour du losange sur ce créneau. Et pour une voiture à vocation populaire, Renault ne lésine pas sur les moyens, le choix de l’architecture monocoque est réalisé pour la première fois du côté du Billancourt, solution qui permet de gagner en rigidité tout en proposant une voiture plus légère.

                  Au fur à mesure de l’avancement du projet, la petite Renault se peaufine, son nom change pour « Juvaquatre » qui s’insère davantage dans le catalogue Renault. La voiture est présentée au grand public dès le 7 octobre 1937 dans le cadre du salon de Paris. Il s’agit d’un coach (berline à deux portes) dont le coffre n’est accessible que de l’intérieur. De suite, les traits communs avec l’Opel Olympia sautent aux yeux des connaisseurs, une très forte ressemblance qui laisse un soupçon de plagiat. D’ailleurs, certaines sources évoquent un procès entre Renault et Opel à ce sujet, mais aucune trace ne permet de rendre véridique ces propos.

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                Pour cette présentation, Renault fait réaliser une quarantaine de voitures de présérie (Type AEB2) qui succèdent aux 12 Juvaquatre type AEB1, les premiers prototypes de la voiture pour tester plusieurs solutions. Et si Renault présente la voiture avec deux finitions possibles, l’heure n’est pas à la commercialisation de la voiture. Et pour cause, jusque là, tous les exemplaires ont été assemblés à la main et sont mis, suite au salon de Paris, à la disposition de concessionnaires Renault pour les tester en condition.

                    Jusqu’au début de l’année 1938, la Juvaquatre évolue au fils des défauts qui remontent des essayeurs : pare-choc trop petits, ronflement de pont, pièces qui se touchent dans le compartiment moteur, freinage insatisfaisant, confort perfectible… Petit à petit, Renault gomme les défauts de la Juvaquatre pour sa mise en production qui intervient le 31 mars 1938.

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             Pour mettre les projecteurs sur la Juvaquatre, Renault fait procéder à un test d’endurance sur l’anneau de Montlhéry du 29 au 31 mars 1938, une Juvaquatre roule pendant 50 heures et avale 5.380km à une vitesse moyenne de 107,820km/h. Le 6 avril, une Juvaquatre roule de Paris à Bordeaux à 65km/h de moyenne et consomme 7,13 litres aux 100km. Ces deux exploits sont mis en avant par le service communication de Renault.

               Dès ses premières semaines de commercialisation, la Renault Juvaquatre connait un important succès, à tel point que le carnet de commande du modèle d’entrée de gamme s’allonge. Rapidement, le service commercial de Renault pousse les vendeurs à orienter la clientèle vers le modèle le plus haut de gamme. En septembre 1938, Renault propose la Juvaquatre avec le volant à droite pour le marché anglais. Toutefois, si les ventes de la Juvaquatre sont bonnes, des remarques mettent en avant que la voiture est pénalisée par son seul choix de carrosserie.

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                 Renault décide alors à la fin de l’année 1938 de proposer d’autres variantes, la première est la Juvaquatre Découvrable réalisée en partenariat avec SAPRAR moyennant une option de 1.760 Francs. Le client a le choix entre trois modèles de découvrables : toit ouvrant simple, découvrable qui conserve ses montants ou une cabriolet.

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                    La même année, la Poste française consulte Renault pour disposer d’un petit utilitaire de 250kg, la nouvelle Juvaquatre pourrait servir de base. Renault étudie cette solution et réaliser les premiers prototypes de fourgonnette au cours de l’été 1938, qui mènent à l’homologation du modèle en septembre 1938. Les premiers exemplaires gardent le galbe des ailes arrières, lequel s’effacera quelques mois plus tard. Toutefois, ce modèle ne s’impose pas rapidement sur le marché…

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                    En 1939, à force de réclamer quatre portes, la clientèle voit sa demande réalisée par Renault. Il faut dire que la Juvaquatre avait du mal à rivaliser contre les Peugeot 202 et autres Simca 8, cette nouvelle variante doit amener un sursaut au niveau des ventes. Quelques mois plus tard, un coupé Juvaquatre fait son apparition, suivit des versions découvrables à quatre portes. Toutefois, avec la déclaration de guerre à l’Allemagne en septembre 1939, les versions atypiques de la Juvaquatre sont abandonnées, seules restent disponibles les conduites intérieures (2 et 4 portes) ainsi que la fourgonnette.

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            La guerre n’empêche pas Renault de faire évolue la Juvaquatre, à la fin de l’année 1939, celle-ci reçoit des freins hydrauliques, puis la Juvaquatre reçoit une malle de coffre. La production devient ridicule lors de l’occupation mais perdure jusqu’en 1942. Une fois la paix retrouvée, Renault relance la production des Juvaquatre, la berline s’exporte dans de nombreux pays pour ramener des devises en France. Toutefois, l’arrivée rapide de la Renault 4CV met un terme à cette version qui devient désuète. La chaîne d’assemblage accouche de ses dernières Juvaquatre berline le 5 novembre 1948 (bien que 60 Juvaquatre berline soient assemblées en 1951).

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                  Grâce à l’architecture tout à l’arrière des Renault de l’après-guerre, la carrière de la Juvaquatre ne se termine pas avec la 4CV. Après 1945, la France a besoin d’utilitaires et le moteur à l’arrière empêche la conception de tels véhicules. C’est pourquoi la Juvaquatre dans sa version utilitaire perdure jusqu’en 1960, avec de nombreuses améliorations apportées au fil des ans, comme l’adoption du moteur de la 4CV en 1952 puis celui de la Dauphine en 1956, on parle désormais de « Dauphinoise ».

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                  En 1952, une Juvaquatre Service visait à offrir une fourgonnette à prix bas en enlevant tout l’équipement superflu : fauteuils passager, chrome, enjoliveurs… Et à côté des versions utilitaires, Renault propose la Juvaquatre en Break quatre places. C’est ainsi que la Juvaquatre a pu connaitre une longue carrière, qui se termine le 1er mars 1960  après 251.010 exemplaires assemblés.