Renault Twingo I (1993-2007)

          Une géniale petite voiture ! La Renault Twingo a été présentée en octobre 1992 lors du salon de Paris et sa commercialisation a débuté le 2 avril 1993. À son lancement, aucune voiture semblable n’existait sur le marché, avec sa forme monocorps, ses couleurs vives et surtout son habitabilité permettant de loger quatre adultes sans difficulté. La Twingo a su évoluer au fil du temps et a connu une carrière de 14 ans, avec plus de deux millions d’exemplaires écoulés…

La difficile gestation de la Twingo

             Le projet d’une petite Renault est un serpent de mer au sein des bureaux d’études de la Régie Renault. Au début des années 1970, il y a le projet VBG, un programme qui s’étale sur plusieurs années et dont l’objectif est de créer la voiture populaire de demain sans pour autant concurrencer la Renault 5 tout juste sortie. Ce programme donne naissance à des dizaines de prototypes, il est finalement retoqué car la rentabilité n’est pas au rendez-vous. Et puis, la Renault 4 se vend toujours bien, il n’y a pas urgence à la remplacer…

            Dans les années 1980, Renault n’a pas perdu de vue son projet de petite voiture et multiplie les études en ce sens : X49 (1981-1982), Z (1981-1983), X44 (1983-1984), X45 (1984-1985), X55 (1985). Aucun n’arrive à passer le cap de la maquette à l’échelle 1 (au meilleur des cas), soit ils sont jugés trop peu attrayants pour la clientèle, soit ils sont trop coûteux à produire…

            Malgré les nombreux échecs, une proposition signée par le styliste Jean-Pierre Ploué marque les esprits, c’est le projet W60. Il s’agit d’une petite voiture deux portes avec hayon, aux formes rondes. Le projet est retenu mais la santé financière de Renault ne permet pas plus de développement. W60 est remisée en attendant des jours meilleurs. C’est l’arrivée de Patrick Le Quément qui donne une nouvelle impulsion à W60 en 1987, W60 devient X06 après validation de l’étude de faisabilité en 1988. La Twingo était sur les rails… [En savoir plus sur la génèse de la Renault Twingo]

                Lorsque les portes du Salon de Paris s’ouvrent le 5 octobre 1992, le public se presse et s’amasse autour du stand Renault pour découvrir Twingo, la nouvelle venue de la Régie. Des couleurs vives, un nom rigolo, une bouille séduisante… C’est la foule des grands jours, comme ce le fut lors des présentations de la 2CV Citroën en 1948 ou de la DS en 1955. Lors des 10 jours du salon, Renault enregistre plus de deux mille commandes, alors que le prix définitif de la voiture n’est pas encore connu. Louis Schweitzer ne pouvait pas rêver meilleur scénario pour son premier discours en tant que président de Renault.

                De la présentation à la commercialisation, il a fallu attendre cinq mois. Fin mars 1993, la campagne de lancement a été diffusée, elle était d’une grande originalité et a marqué les esprits. Signée Publicis, il s’agissait d’un dessin animé réalisé par Petit-Roulet, présenté façon film muet entrecoupé de textes et à la musique entraînante. Seul le slogan était parlé : « Twingo, à vous d’inventer la vie qui va avec« . Certes, c’était long, mais cela mettait en avant la modularité exceptionnelle de la voiture, et on s’adressait à une large clientèle. Le film mettait en avant la Twingo et ses couleurs vives en opposition avec la ville vue avec des teintes sombres. 

Renault Twingo première collection (1993-1994)

              La force de Twingo, c’est de proposer une voiture unique avec très peu d’options. Proposée à 54 000 francs, ce n’est pas la moins chère des citadines et, à vrai dire, une Clio 1.1 RL est vendue moins cher. Mais la Twingo offre un bel équipement pour son prix : compteur digital, vitres teintées, allume-cigare, banquette arrière coulissante, appuie-têtes avant, essuie-glace arrière, pré-équipement radio, deux vitesses de ventilation… Au début de sa carrière, la Twingo ne propose que deux options : le toit ouvrant et la climatisation. C’est du côté du catalogue des accessoires que l’on trouve davantage d’éléments tels que les baguettes latérales, le volant bicolore ou la radio…

                Côté moteur, là encore, le client n’a pas le choix : la Twingo est motorisée par l’antédiluvien Cléon-Fonte de 55 chevaux, un moteur bien connu chez Renault qui présente l’avantage de la fiabilité. On note toutefois l’adoption d’une boîte à cinq rapports de série. En fait, le seul élément que peut choisir le client, c’est la peinture, avec un choix entre quatre teintes : jaune indien, bleu outremer, rouge corail et vert coriandre. Il y a trois teintes en option : le noir nacré, le rouge nacré et le Brume, la seule teinte métallisée au lancement de la Twingo.

                    Dans l’habitacle, la Renault Twingo offre du volume mais aussi de la couleur avec de nombreuses touches de couleur verte. Les fauteuils sont réalisés selon un procédé peu commun : la mousse est moulée est le tissu est collé directement par dessus. Le dossier des fauteuils avant peut s’incliner et dégager ainsi une large banquette où l’on peut dormir. Et la banquette arrière coulissante permet de moduler l’espace entre coffre et passagers selon les besoins. 

              La Renault Twingo a connu rapidement un succès commercial et à la fin de l’année 1993, il y avait déjà 174 273 Twingo vendues. La réussite était surtout française, car en dehors de nos frontières, la Twingo a eu moins de succès et a même été un échec en Espagne, où une partie de la production a été déplacée en 1994 dans l’usine de Valladolid pour renforcer les lignes de Flins. En ce qui concerne les évolutions, il y a peu de choses à noter pendant les deux premières années, mais à partir de l’été 1993, le réglage du rétroviseur peut être fait de l’intérieur et le nombre de vitesses d’essuie-glace est désormais de trois (contre deux les premiers mois). À l’été 1994, le plafonnier a été déplacé au centre du ciel de toit.

Renault Twingo collection 2 (1994-1996)

                A la fin de l’été 1994, Renault annonce la deuxième collection de la Twingo. Les couleurs de base sont totalement modifiées : Jaune Citron, Bleu Cyan, Vert Yanos et Rouge Magenta. En option, on retrouve toujours les couleurs Brume, Noir Nacré et Rouge Nacré. Une quatrième teinte optionnelle apparaît : le Vert Véronèse. A l’extérieur, seul le bouton du hayon est modifié pour ne plus nécessiter l’usage systématique de la clé.

                      L’arrivée de la deuxième collection va de pair avec la fin de la finition unique. En plus de la Twingo de base, le client peut opter pour la finition Pack qui offre le verrouillage centralisé à distance, des vitres et des rétroviseurs à réglage électrique. Puis arrive la Twingo Société, vendue en blanc glacier et en deux places avec un bac dans le coffre pour bénéficier de la TVA réduite.

                  En réalité, malgré l’apparente réussite de la Twingo, la voiture a manqué sa cible initiale. Lors de son lancement, Renault pensait la vendre principalement à une clientèle jeune ou féminine. Toutefois, les jeunes acheteurs privilégient généralement des voitures plus conventionnelles, spacieuses et de préférence avec quatre portes pour anticiper l’arrivée éventuelle d’enfants. Dans la gamme Renault, la Clio répond mieux à ces critères et n’est guère plus chère avec les options adéquates. En outre, les femmes qui recherchent le charme intemporel de la Mini ne se tournent pas vers la Twingo. En réalité, la Twingo a trouvé son public parmi les personnes âgées, qui apprécient ses grandes portes facilitant l’accès, sa taille compacte offrant de l’espace pour les petits-enfants et son prix abordable.

                  C’est sans doute pour cette clientèle que Renault annonce fin 1994 la Twingo Easy, qui arriva dans les concessions à l’été 1995. Cette version ambitionne de faciliter la conduite en ôtant la pédale d’embrayage tout en conservant le levier de vitesses. En fait, lorsque le conducteur change de rapport, une commande hydraulique déclenche le débrayage. La presse salue l’agrément de conduite, mais le conducteur de la Twingo Easy en sera pour ses frais, car la fiabilité du système n’est pas au rendez-vous. Il est difficile de parcourir plus de 50 000 km sans une avarie majeure. Le service après-vente de Renault a donc trouvé une solution : installer une pédale et un câble d’embrayage pour transformer la Twingo Easy en une Twingo normale.

               Au cours de la carrière de cette seconde collection, la Twingo adopte un nouveau volant avec une assistance électrique pour palier à l’absence de direction assistée et un airbag pour le conducteur. Twingo s’équipe également de l’antidémarrage et de l’ABS. Puis on verra apparaître les premières séries limitées : en mars 1995, la Twingo Alizée propose la climatisation de série quant la Twingo Wind reçoit un toit ouvrant. Suit en septembre 1995 la Kenzo, signée par le célèbre couturier japonais, elle fut produite à 17.000 exemplaires et propose une sellerie spécifique. Tous ses efforts sont récompensés par de très bonnes ventes, en 1995, c’est  252.093 exemplaires qui s’écoulent.

                Mars 1996, c’est au tour de la série Benetton d’être commercialisée, proposée avec cinq teintes de base (Jaune Citron, Rouge Magenta, Noir Nacré, Rouge Nacré, et l’inédit Bleu Myosotis). Elle se distingue par sa sellerie composée d’une assise bleue et d’un dossier à carrés multicolore, et de badges « United colors of Benetton » sur les ailes. Voilà une série qui marque son époque.

Renault Twingo collection 3 (1996-1998)

                  A l’été 1996, Renault a lancé la troisième collection de la Twingo avec une grande nouveauté sous le capot : le Cléon-Fonte a fait son temps, il a été remplacé par un nouveau moteur nommé D7F, un quatre cylindres en ligne de 1,2 litre développant 60 chevaux. Les performances sont améliorées, tout comme l’agrément de conduite. En réalité, le remplacement s’est fait progressivement, car on retrouvait encore le Cléon-Fonte jusqu’en décembre 1996 sur les versions de base et les Twingo climatisées. Côté amélioration, il est à noter le montage d’un troisième feu stop positionné sur la partie supérieure du hayon.

            L’autre nouveauté de la troisième collection, c’est la Twingo Matic qui propose une vraie boite automatique. Cette version se distingue extérieurement par ses enjoliveurs spécifiques. Renault essaie ainsi de faire oublier les déboires de la Twingo Easy, qui est toujours au catalogue.

              Qui dit nouvelle collection, dit nouveau nuancier. Désormais, seules trois couleurs de base sont proposées : le bleu myosotis issu de la série Benetton, le noir et le rouge vif. En option, on retrouve deux teintes nacrées : le rouge Coquelicot et le Bleu Méthyl de la série Kenzo. Côté couleurs métallisées, le Brume est reconduit et le Jaune Paille ainsi que le Vert Luzerne font leur apparition.

                Au cours de la vie de la troisième collection de la Twingo, plusieurs séries spéciales ont été proposées, mais la plus marquante est sans aucun doute la Twingo Elite. Cette version était proposée en trois teintes : la spécifique Pierre de Lune, le noir opaque et le Bleu Méthyl. Elle était équipée de jantes alliage en série et ses fauteuils étaient recouverts de velours au motif osier. Avec 17 000 exemplaires produits, il n’était pas rare d’en croiser sur la route. D’autres séries spéciales ont également été proposées, telles que la série Air, qui disposait d’un toit ouvrant de série, la Twingo Alizé, la Jungle et la Sari, mais aucune n’a suscité autant d’intérêt que la Twingo Elite.

                 A l’été 1997, on célèbre la millionième Twingo produite. Cette même année, on verra apparaitre au sein de la gamme une Twingo GPL au offre empiété par le réservoir.

Renault Twingo collection 4 (1998-2000)

              Au Mondial de Paris 1997, Renault présente la Twingo 2, rapidement renommée Twingo phase 2. La Twingo bénéficie d’un restylage réussi avec de nouveaux pare-chocs peints couleur carrosserie à l’exception d’une lame noire sous les optiques. La Twingo Phase 2 reçoit également de nouveaux blocs optiques : terminé les clignotants oranges, place désormais à un bloc unique. Idem à l’arrière avec des feux légèrement remaniés.

              Ce restylage s’accompagne d’une mise à niveau technique : la structure est renforcée et une barre antiroulis de 17mm est montée sur le train arrière. On note également l’arrivée de la direction assistée. Mais le plus grand changement concerne l’habitacle, avec de nouveaux fauteuils et une nouvelle banquette sur laquelle il est désormais possible de monter des appuie-têtes. Le tableau de bord, tout en conservant sa structure originelle, reçoit de nouveaux éléments, à commencer par le volant à trois branches. On verra aussi apparaître l’airbag passager de série, alors qu’il était disponible en option jusque-là.

                  Surtout, en présentant la Twingo phase 2, Renault met à jour les prix de vente de sa petite voiture, et ça va dans le bon sens pour le client avec une baisse de 7% sur la version de base. A l’opposée, la gamme Twingo est chapeautée par la version Initiale Paris, un haut de gamme présenté en octobre 1998 et commercialisé à partir d’avril 1999. A l’intérieur, c’est sellerie en cuir beige, à l’extérieur, jantes alliage et teinte Vert amande ou noire, boite automatique en option. Si la quatrième collection accueille quelques séries limitées, aucune ne marque son époque, on peut toutefois retenir la version Hélios qui accueille le premier toit ouvrant panoramique monté sur une Renault. 

Renault Twingo collection 5 (2000-2002)

                    Eté de l’an 2000, la Twingo subit son deuxième restylage et entre dans sa phase 3 avec sa cinquième collection. De nombreuses améliorations sont apportées, notamment l’apparition de la barre antiroulis sur le train avant et une augmentation de son diamètre à 21 mm sur le train arrière. Les disques et tambours sont également agrandis pour améliorer le freinage, ce qui entraîne une augmentation de la taille des roues à 14 pouces. Pour la première fois de son histoire, la Twingo propose deux moteurs : en plus du D7F, le D4F à seize soupapes de 75 ch fait son apparition. En termes de restylage, les changements sont mineurs, tels que les optiques avant offrant une profondeur différente par rapport à la phase 2 ou les rétroviseurs pouvant être assortis à la couleur de la carrosserie. Depuis lors, la Twingo n’a connu que des évolutions mineures jusqu’à la fin de sa carrière…

                Au printemps 2001, la gamme Twingo accueille une boite de vitesses robotisée nommée Cinetic, le lancement vaut bien une série limitée du même nom. En France, la série limitée qui marque les esprits est la Twingo Perrier avec sa teinte vert métallisée. Les retouches successives et les séries limitées qui animent la gamme permet à la Twingo d’atteindre le deux-millionième exemplaire en juin 2002.

Renault Twingo collection 6 (2002-2004)

                   En 2002 arrive la sixième collection de la Renault Twingo, il n’y a quasiment plus d’innovations techniques apportées à la Twingo. La Twingo est déjà âgée d’une décennie, pour stimuler les ventes, Renault multiplie les versions et les séries limitées. On trouve ainsi la Twingo Oasis qui n’a de particulier que la couleur sable de sa carrosserie et de sa sellerie. Il y a la Twingo Campus qui anime l’entrée de gamme en offrant en plus un lecteur CD et une teinte rouge Syrah alors inédite. Et que dire de la Twingo Kiss Cool… 

Renault Twingo collection 7 (2004-2007)

               En 2004, c’est au tour de la septième collection d’être lancée. Là, clairement, la Twingo est en fin de carrière, on simplifie la gamme dans l’attente d’une remplaçante qui est dans les cartons et qui tarde à arriver, qui prendra même du retard après la nomination de Carlos Ghosn qui demande à ce que soit repris la face avant de la future Twingo. Pour l’instant, on apporte des petites retouches à la Twingo, les protections latérales sont montées de série pour la première fois, la face arrière voit le dessin des feux légèrement modifié et le hayon reçoit un losange, le pare-chocs avant reçoit une lame en plastique.  

                La gamme Twingo débute avec la Campus puis la Génération. En haut de la gamme, on retrouve encore l’Initiale Paris, tandis que la série Kenzo fait son apparition  une seconde fois. On passe sur les multiples changements de dénominations  pou ranimer la gamme, on note toutefois l’effort de Renault pour proposer sa Twingo à un prix toujours plus bas : en janvier 2006, la Twingo 1.2 ouvre la gamme à 7.990 €, en juillet, c’est la Twingo Pépite à 7.490 €. En fin d’année 2006, les versions haute de gamme s’effacent au profit de la Twingo Jade, l’entrée de gamme devient Twingo Emotion avec des décorations latérales. C’est dans cette configuration que la Twingo termine sa vie en Europe, le dernier exemplaire tombe des chaînes de Flins le 28 juin 2007. En Amérique latine, la Twingo joue les prolongations jusqu’en 2012 en étant produite en Colombie, pays où le modèle connait un important succès. 

La remplaçante : Renault Twingo 2

          On dit toujours que remplacer une voiture qui a marqué son temps est une tâche difficile pour un constructeur. Et la première Twingo fait partie de cette rare catégorie. Initialement prévue pour une durée de vie de sept ans, elle a finalement duré le double grâce aux améliorations pertinentes apportées au fil des années et à des ventes soutenues. Son remplacement n’était donc pas une priorité, d’autant plus que la concurrence tardait à venir et que seule la Ford Ka parvenait à se faire remarquer. Les choses se sont accélérées dans les années 2000, et ce n’est qu’au salon de Genève 2007 que la Twingo 2 a été dévoilée. Plus sage que la première génération, la Twingo 2 avait d’autres atouts dans sa manche…

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