Pour concevoir un véhicule militaire, les constructeurs ont deux options : concevoir un véhicule totalement spécifique pour les armées, ou créer un véhicule spécifique extrapolé d’une version civile. Après la seconde guerre mondiale, cette seconde solution sera choisie par les armées françaises pour des raisons évidentes de coûts : les véhicules ainsi conçus sont, d’une part, moins chers à l’achat, et d’autre part, plus facile à entretenir. Saviem va donc, sur la base du SM8, proposer aux armées le TRM 4000.
L’histoire du SM8 dans les armées aura une histoire difficile, soumis aux tests de l’armée à partir de 1972, il en ressort que si le SM8 est un très bon camion, qu’il entre en concurrence avec le Berliet GBC 8 KT, dont l’armée venait juste d’acquérir et qui était encore en livraison. Arrivé trop tôt, le SM8 va néanmoins être testé par l’armée de l’air, puis commandé en 1977. En parallèle, l’armée de terre va soumettre le SM8 à une batterie de tests en 1975, d’où il en sortira vainqueur avec 15.000 commandes à la clé en 1977 !
Dans les années 1950-60, l’armée de terre s’est constituée un parc automobile en partie renouvelé afin de remplacer une partie des véhicules hérités de la seconde guerre mondiale. Les Simca F569/594 et le Renault R2087 intègrent les rangs de l’armée, puis dans les années 1960, c’est au tour du SUMB Marmon d’entrer en piste. Du côté des camions de plus gros tonnage, le Berliet GBC 8 KT fut le choix dès armées aux début des années 1960. L’armée fut convaincue par ces camions, qui pour la plupart, étaient issus de véhicules civils. Par conséquent, le service des armées en charge du renouvellement du matériel va, en 1970, dresser une liste de véhicules civils qui pourraient être transformés en version tout-terrain pour les besoins de l’armée, afin d’éviter de lancer des études complètes de véhicules spécialisés.
Dans le même temps, Saviem avait lancé en 1967 le SM8, lequel est incorporé dans sa gamme moyenne, et vise à convaincre les entreprises de BTP. Véhicule tout-terrain de série, il ne fait nul doute que l’armée a inscrit ce véhicule dans sa liste de camions susceptibles d’intégrer les rangs de l’armée; et sans doute Saviem a-t-il eu connaissance des attentes de l’Etat-major de l’armée de terre. En effet, en 1971, lors de l’exposition de matériel militaire de Satory, Saviem y présente un SM8 « militarisé » et présente ce véhicule comme un potentiel remplaçant des GMC et Simca Cargo, ainsi qu’à long terme, des Berliet GBC 8 KT. Optimiste, Saviem propose même de prêter ce véhicule pour que l’armée de terre puisse faire procéder à des essais pour évaluer le SM8, l’Etat-Major accepte tout en précisant que l’armée n’avait aucun besoin sur ce type de véhicule dans l’immédiat.
Les essais débutent à partir de 1972 et se continuent jusqu’en 1973, l’évaluation est très positive pour Saviem. Le SM8 est qualifié de « simple et robuste », avec de « bonnes performances sur route et hors route », un véhicule qui pourrait être apte à intégrer les rangs de l’armée. Le véhicule n’a cependant pas que des points positifs, l’armée note des faiblesses dans la suspension, et la cabine torpédo présente des inconvénients d’étanchéité, de sonorité et de visibilité. Sur ces points, Saviem doit donc revoir sa copie. Et comme il était convenu, aucune commande du véhicule n’intervient à l’issu de ces tests, puisque l’armée prévoit pour l’année 1976 de procéder à un appel d’offre visant ce type de véhicule. Or, effectuer une commande dès 1973 pour le Saviem SM8, c’était se priver de mettre en concurrence plusieurs constructeurs, bien que Saviem avait déjà une longueur d’avance.
Si l’armée de terre reporte de quelques année l’éventualité d’opter pour le Saviem SM8, l’armée de l’air s’intéresse à ce véhicule et effectue un comparatif avec un Berliet GBC 8 KT courant 1973 sur la base de Mont-de-Marsan. Et le Saviem s’avère plus polyvalent et plus adapté aux usages de l’armée, entre moteur plus nerveux, meilleure maniabilité, charge utile plus importante … Mais là encore, l’armée de l’air critique la cabine torpédo sur les mêmes critères que l’armée de terre, tout comme la suspension, et préconise Saviem d’effectuer de menues modifications pour pouvoir s’adapter efficacement aux besoins des aviateurs. Là encore, aucune commande n’intervient, mais le SM8 semble bien placé !
En 1975, Saviem propose à l’armée de terre un SM8 doté d’une cabine militaire construite par Carrier pour répondre aux critiques sur la cabine torpédo des prototypes. Mais pour des raisons de coût, cette solution n’est pas retenue, et c’est finalement la cabine tôlée civile qui aura les faveurs des armées.
Finalement, l’idée d’un camion de quatre tonnes resurgit au sein des armées courant 1974, et si le Saviem SM8 aurait pu être le recours naturel de l’armée après ses tests, l’Etat Major de l’armée de terre estime qu’il est nécessaire de procéder à un appel d’offre, lequel permet de mettre en concurrence les modèles proposés par différents constructeurs. Face à un marché estimé à plus de 15.000 unités, Berliet sera de la partie avec le GBD; mais aussi Unic qui a développé le XU75 pour ce concours. Dix exemplaires de chaque modèle sont commandés en 1975, permettant de les essayer jusqu’en 1976. Au final, c’est le Saviem SM8 qui remporte la compétition, le contrat est signé courant 1977 sur la base de 15.000 unités.
Les premières unités intègrent l’armée courant 1978, les SM8 sont alors assemblés dans l’usine de Bourg en Bresse, avant de déménager en 1980 au sein de l’usine de Blainville dans le Calvados. A cette époque, le SM8ne s’appelait pas encore TRM4000, il faut attendre 1982 pour voir cette nouvelle dénomination apparaitre. En effet, en 1978, Saviem et Berliet fusionnent pour former RVI, et c’est en 1982 que la gamme tactique de Renault va recevoir une nouvelle appellation sous le sigle TRM (pour Toutes Roues Motrices) complété de la charge utile exprimé en kilos. Pour le SM8, avec sa charge utile de quatre tonnes, le nom devient donc TRM4000.
Le TRM 4000 fut produit jusqu’en 1989, plus de 8.800 unités sont sorties d’usine pour intégrer les différents corps de l’armée, tout aussi bien l’armée de terre qui a été l’une des principales clientes du véhicule, mais aussi l’armée de l’air, et la Marine nationale dans des proportions plus infimes.
Bonsoir,
Je peux vous donner quelques informations concernant le SM8. En fait l’appellation TRM4000 était attribuée au véhicule Berliet. C’est lorsque Renault a absorbé la Société Berliet que le nom TRM4000 fut donné au Saviem.
Entre 1974 et 1976, une expérimentation eut lieu au sein de l’armée dont le but fut de définir quel véhicule présentait les caractéristiques les plus favorables.
Trois marques furent mises en concurrence. Berliet, Saviem, Unic.
Berliet était, selon les informations que je possède, le plus performant.
Saviem présentait plusieurs défauts. Comme le dit un des intervenants sur ce site, c’était un véhicule civil « militarisé ».
Unic était aussi un véhicule doté d’une bonne fiabilité.
Cordialement.
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Je viens d en sortir un de grange peut de km vehicule militaire moteur tournant mais cabine à refaire
J’en ai un exemplaire depuis 20 ans, il n’est jamais tombé en panne malgré une utilisation régulière !
bonjour, je voudrais connaitre la consommation moyenne d’un saviem SM8 svp
entre 22/25 l 100 selon conduite !
Véhicule extrêmement solide hormis la cabine un peu légère.
Très peu de grosses pannes moteur indestructible qui fumait beaucoup à froid
La commande de boîte de vitesse un peu dur.
J’ai bien aimé ce camion à conduire et à entretenir
Ah la la que de souvenirs avec le trm chercher en 1982 pour faire mon armée avec toujours le même le 699 quand j’ai fini mon service je suis parti avec les clés que j’ai toujours
Article fort intéressant, comme toujours sur ce site.
Merci beaucoup de votre commentaire, au plaisir de sortir d’autres articles qui vous plairont ! 😉