11 novembre 1950 – Décès de Pierre Jules Boulanger

               Certains évènements bousculent l’histoire des constructeurs, comme la disparition de l’homme fort d’une entreprise. Avec le décès de Pierre Jules Boulanger le 11 novembre 1950, Citroën perd son capitaine, un accident qui bouleverse l’histoire du double chevron et la destinée de projets en cours…

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               Pierre Jules Boulanger, proche de la famille Michelin depuis sa rencontre avec le neveu d’Edouard Michelin lors de son service militaire entre les années 1906-1908, puis au cours de la première guerre mondiale, intègre l’entreprise clermontoise en 1919 et reste proche de l’équipe dirigeante. En 1935, Michelin prend le contrôle de Citroën après sa faillite prononcée en fin d’année 1934 (lire aussi : 21 décembre 1934 : faillite de Citroën), Pierre Michelin est nommé PDG du constructeur tandis que Pierre Boulanger prend le poste de vice-président et de chef du Bureau d’Etudes. Ce n’est qu’en 1937 que Pierre Boulanger prend la tête de Citroën après la disparition accidentelle de Pierre Michelin.

PJB - 2CV 1948

               Artisan de la remise à flot de Citroën, Pierre Jules Boulanger est également l’instigateur du projet TPV qui mènera vers la 2CV. Dirigeant austère, craint et respecté, Pierre Jules Boulanger tient les rênes de l’entreprise et mise sur l’innovation : en 1938, il lance le projet VGD qui a pour but de créer une remplaçante à la Traction (lire aussi : Citroën DS, la genèse). Mis en sommeil avec la seconde guerre mondiale puis la mise au point de la 2CV, le projet VGD reprend dès 1947, Pierre Boulanger y participe effectivement en donnant les grandes orientations de la future grande Citroën, parfois en testant les solutions techniques trouvées par les ingénieurs.

               Comme à son habitude, après une semaine de travail au siège social de Citroën à Paris, Pierre Boulanger rejoint sa propriété à Lempdes, en périphérie de Clermont-Ferrand, pour y passer le week-end. La rumeur veut que Pierre Boulanger profite de ces trajets pour tester certaines innovations. Le samedi 11 novembre 1950, Pierre Boulanger quitte Paris à bord d’une Citroën Traction 15-6 et prend la direction de Clermont-Ferrand sur la Nationale 9. Sur cette route qu’il connait temps, la mauvaise météo ne lui empêche pas de rouler à un rythme soutenu.

Pierre Jules BOULANGER - accident (1)

      Arrivant en début d’après midi à hauteur de Broût-Vernet dans l’Allier, à quelques encablures de Gannat, Pierre Jules Boulanger double un véhicule et perd le contrôle de sa Traction qui part en tête à queue et termine sa course contre un arbre, heurté par le côté conducteur. Pierre Jules Boulanger décède sur le coup, sa femme à ses côté est gravement blessée mais survit à l’accident. Pierre Boulanger fut inhumé au cimetière de Lempdes le 14 novembre 1950.

           Cette disparition bouleverse l’organigramme de l’entreprise Michelin, qui n’en fini pas de voir ses membres disparaître au cours d’accident, comme ce fut le cas de Pierre Michelin en 1937, à bord d’une Citroën Traction sur ce même axe paris – Clermont-Ferrand. Si Robert Puiseux, PDG de Michelin assure l’intérim à la tête de Citroën, l’entreprise n’en est pas moins désorientée. Le bulletin Citroën du 15 novembre 1950, magasine bimensuel à destination des salariés Citroën, ne fut distribué que quelques jours plus tard avec une mention du décès du PDG de Citroën rajouté à l’aide d’un tampon.

PJB - article

            Le 15 novembre également, le service Relations Extérieures informe les concessions Citroën du décès du patron avec un faire-part mentionnant un accident survenu à bord d’une voiture d’essai.  Une mention qui tient davantage de l’opération de communication pour éviter de coller une mauvaise image à la Citroën Traction. Quoiqu’il en soit, la disparition de Pierre Jules Boulanger change l’histoire de Citroën, le nouveau président du constructeur laisse plus de liberté aux ingénieurs du Bureau d’études pour le projet VGD, qui donna naissance à la  Citroën DS19 en 1955…

5 réflexions sur « 11 novembre 1950 – Décès de Pierre Jules Boulanger »

  1. La voiture de l’accident était un prototype PVL11 avec une boîte de vitesses à 4 rapports.préparé par BdE pour le futur VGD
    Son PVL15/6 (9831-RL8) est restè à Javel quel samedi
     
    Es-tu sûr qu’il doublait une autre voiture?

    PJB, bien âgée, avait encore de bonnes réactions et il était un excellent pilote

    L étrangeté est qu’il conduisait une voiture qu’il détestait pour la quatrième vitesse et était la source de querelles furieuses avec le Bureau …Citrine

    Parfois les boîtes d’engrenages expérimentales se brisent … et elles pourraient bloquer soudainement quelques roues

    Parfois…

      1. aujourd’hui, la vie moyenne est plus longue qu’il y a 70 ans.
        PJB a toujours conduit très vite et ne peut pas comparer les réflexes d’un 65 ans avec ceux d’un 40 ans …

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