Dans les années 1980, le combat fait rage du coté des petites sportives, un segment mené d’une main de maître par la Volkswagen Golf GTI, mais suivie par d’autres petites sportives sur base de Renault 5, Peugeot 104 ou Citroën Visa. Talbot, qui appartient au groupe Peugeot-Citroën depuis 1978 va également miser sur ce marché avec la Samba Rallye !
Si on a souvent tendance à dire que Peugeot a eu une politique de sabordage vis-à-vis de Talbot, une marque acquise en 1978 quant elle s’appelait encore Simca (ou Chrysler Europe), il convient toutefois de nuancer ce propos. En effet, Peugeot modernise la gamme Talbot entre 1979 et 1981 avec le lancement de la 1510, de la Solara, de la Tagora, puis de la Samba. Cette petite dernière avait pour but de compléter la gamme Talbot en proposant une petite voiture un cran en dessous de l’Horizon, et ainsi participer à la concurrence sur le marché des citadines.
Peugeot va faire preuve de rationalité économique dans le développement de la Samba en reprenant la base de la Peugeot 104 coupé, aussi partagée avec la Citroën LN/LNA. Ainsi, le développement de la Samba fut rapide et peu couteux, ce qui permet même de rallonger légèrement cette base et la renforcer afin de créer un véhicule disposant de son propre caractère. Lors de sa présentation en 1981, la clientèle est au rendez-vous et donne un certain dynamisme à Talbot. Pour capitaliser sur ce succès, Talbot décline la Samba en version Cabriolet avec l’aide de Pininfarina, mais aussi sur le marché des petites sportives avec la Samba Rallye proposée à la vente à partir de 1983.
Si la Samba incarne la fusion Peugeot-Talbot, la création de PTS (Peugeot-Talbot-Sport) en 1981 en est une autre et mènera vers la création de Talbot Sportives. La Samba Rallye vise ainsi à proposer une voiture de course économique afin de permettre une homologation dans les groupes N, A et B du championnat des rallyes. A l’instar de ce que faisait Citroën avec sa Visa, un Trophée Samba est ouvert aux pilotes amateurs afin de trouver les stars du futur, 200 exemplaires sont ainsi livrés à des pilotes en devenir en Septembre 1982.
Mais nous n’en sommes pas encore à la Samba Rallye, cette version arrive dans les concessions à partir du mois de Janvier 1983 et s’inspire fortement des voitures courant dans le Trophée Samba. Côté design, la Samba Rallye reste discrète avec toutefois quelques artifices racoleurs pour attirer la clientèle : une bande latérale bicolore et quelques autocollants « Rallye » placés ici et là sur la carrosserie. Et sur le capot prend place un extracteur d’aile en plastique noir ! Voilà tout ! Côté teintes, deux coloris sont disponibles : le rouge Vallelunga ou le Blanc Ibiza (et pour faire « sport », les jantes tôlés sont peintes en blanc… ).
Quant à l’intérieur, il est lui aussi très simple : le tableau de bord est repris sur la Samba mais complété par un simple compte-tour électronique. Notons aussi un volant à trois branches ajourés, des fauteuils offrant un maintient qui en a que le nom, recouverts d’un tissu à damier noir et blanc spécifique. Mais ne critiquons pas cet intérieur minimaliste, la Talbot Rallye répond parfaitement à l’objectif qui lui est fixé : offrir une voiture la moins chère possible aux pilotes en herbe. Et vendue 45.900 Francs, c’est chose réussie !
Toutefois, l’important sur une sportive, c’est avant tout le moteur. Sur la Samba Rallye, c’est un quatre cylindres en ligne de 1.219cm3 que l’on trouve, le même monté sur la Peugeot 104SR ou la Visa Super X mais avec une culasse reprise à la Peugeot 104 ZS2, et se trouve alimenté par deux carburateurs double corps de marque Weber. Bon, ce moteur n’a rien d’inédit, Citroën l’avait utilisé sur la Visa Trophée en 1982, il développait alors 100Ch. Mais sur la Talbot Samba Rallye, sa puissance est ramenée à 90Ch afin de favoriser la fiabilité et le confort de conduite. Mais avec le faible poids de la Samba, il permet de très bonnes performances : 176km/h en vitesse de pointe, 111,2 secondes pour le 0-100km/h, 32,8 secondes pour le 1.000 mètres départ arrêté ! Mais il y a une contrepartie, sa consommation élevée : pas moins de 10 litres aux 100…
La Samba Rallye a donc de quoi plaire à un public de passionnés, mais en 1984, Peugeot sort la 205 Gti 1.6 qui va attirer toute l’attention de la presse spécialisée et du public. La Samba Rallye est dès lors contrainte à une carrière anecdotique… Pour autant, Talbot n’abandonne pas le modèle, et le fait évoluer en Juillet 1984, on parle désormais de Samba Rallye phase 2. Côté esthétique, la Rallye phase 2 perd ses décorations latérales mais dispose de baguettes de protection en caoutchouc avec un liseré rouge, un becquet sur la hayon. Le moteur change aussi, il est repris à la Peugeot 104ZS, un 1.360cm3 de 80Ch, mais cette perte de 10Ch ne fut que le coup de grâce d’un modèle qui n’en avait pas besoin… Mais offerte 52.400 Francs, elle avait toutefois ce seul atout monétaire (à titre de comparaison, la 205 GT équipée du même moteur était vendue 60.200 Francs). Dans le même temps, le prix de la Samba Rallye 90 passe à 54.400 Francs.
Au final, l’histoire de la Talbot Samba Rallye est celle d’une voiture qui n’a pas rencontré son public malgré des qualités indéniables. Mais en marge du segment des GTI qui tirait la couverture médiatiques vers lui, la Samba Rallye ne pouvait qu’être contraint à une carrière dans l’ombre. Toutefois, son prix bas fut son principal atout, ce qui permis d’écouler quelques exemplaires… Aujourd’hui, trouver une Samba Rallye relève du parcours du combattant, des exemplaires rares bien souvent victime des mains peu expertes d’apprentis pilotes…
Une petite puce très vive de l’arrière et à maintenir dans les tours qui m’a permis de gagner le groupe B du trophée PTS 1983 de la montagne
Une petite erreur, les 200 premiers exemplaires ont été livrés en même temps, non pas en septembre 1982 mais le 4 décembre 1982 au château de Thoiry par la concession Peugeot-Talbot de Chambourcy (78) (C’est d’ailleurs une des photos reprise dans l’article) et c’était bien 200 exemplaires de la même Samba Rallye que celle qui allait être vendue en concession à partir du 1er janvier 1983. Cette vente réservée à 200 possesseurs d’une licence FFSA permettait d’homologuer la Samba Rallye en groupe B pour le 1 janvier 1983. Il en subsiste peu aujourd’hui….
Précision quant aux teintes, en 1984 le blanc Meije remplace le blanc Ibiza.
Autrement petite voiture qui a des défauts, une finition déplorable, un équipement minimaliste et se révèle pénible en ville, mais bourrée de qualités! Sur petite route, à condition de rester au-dessus de 4500 tours, grâce à son excellente tenue de route, son ramage vaut largement son plumage…..que du plaisir!
Une Samba Rallye Groupe B officielle finit même 7ème du Tour de Corse en 1985 aux mains du Lorrain Jean-Paul Bouquet.