« L’important, c’est de participer » disait Pierre de Coubertin, une citation qui convient parfaitement à l’Unic XU 4×4, lequel a tenté d’intégrer l’armée de terre à la suite d’un appel d’offre mettant en concurrence ce camion avec deux pointures : le Saviem SM8 (qui deviendra TRM4000), et le Berliet GBD. L’Unic ne partait donc pas favori, pour ne pas dire que ses chances de réussite étaient quasi nulles…
Unic est aujourd’hui une marque inconnue au bataillon de nombreux passionnés, cette entreprise fut fondée en 1905 et se spécialise dans l’automobile. Il faudra attendre les années 1920/30 pour avoir une spécialisation dans le domaine des poids-lourds, pour finalement abandonner la construction de véhicules de tourisme en 1938. Après guerre, Unic est racheté par Simca en 1952, filiale française du constructeur Fiat. Dès lors, l’entreprise restera sous le giron de Fiat, elle fut intégrée en 1966 dans le groupe Fiat V.I puis Iveco en 1975.
En 1974, l’armée de Terre envoie un cahier des charges aux principaux constructeurs de poids-lourds français afin de réaliser un camion tout terrain capable de transporter quatre tonnes de charge utile, avec à la clé, un contrat portant sur plus de 15.000 unités. Berliet, Saviem sont sollicités, ainsi qu’Unic, puisque l’entreprise avait déjà fourni les Simca Cargo puis SUMB Marmon.
Pour Unic, ce contrat est des plus importants. En effet, Fiat prépare la fusion de ses filiales de véhicules utilitaires pour former Iveco, une entreprise à dimension européenne. Et grâce à l’Europe, les marchandises ne sont plus frappées de taxes lorsqu’elles traversent une frontière, ainsi, maintenir des usines en France a désormais moins de sens, permettant de rapatrier la plus grande partie de la production d’Iveco en Italie.
Mais, avec un marché public venant de l’Etat, Unic voit un moyen de sauver les meubles et de conserver ses usines au sein du groupe Iveco. C’est ainsi qu’un camion tout terrains va être conçu, lequel va se doter de la cabine du 130NC, son nom : Unic XU 4×4.
L’Unic XU 4×4 est un camion de transport de troupes, il peut emporter 22 soldats en armes plus deux dans la cabine ou quatre tonnes de charge utile, il peut en outre tracter une remorque de plusieurs centaines de kilos. Le véhicule étant prêt à temps, l’armée commande 20 exemplaires de présérie afin de procéder aux tests et le mettre en concurrence avec ses deux rivaux.
Mais, l’Unic XU 4×4 ne va pas s’avérer le meilleur, en face, Berliet est un expert des véhicules tout terrains, son GBD brille par ses résultats et figure en tête de la plupart des essais de l‘armée. Quant à Saviem, le SM8 que l’entreprise propose à l’armée est étudié depuis 1971, ce qui permet en 1975 de présenter une version qui pouvait légitimement remporter cet appel d’offre. Et tel sera le cas, notamment grâce à son prix contenu vis-à-vis du Berliet.
Quant à l’Unic, celui-ci est hélas loin derrière, et de toute façon, l’Etat-Major ne souhaitait pas de ce véhicule pour deux raisons, d’une, le moteur Diesel qui équipe le XU 4×4 est d’origine Fiat, et de deux, Unic est une filiale d’un groupe Italien. Afin de protéger les intérêts nationaux et de s’assurer que les pièces de rechange seraient fabriquées en France (officiellement, officieusement, le nationalisme était encore marqué à cette époque), l’Unic aurait même pu être été écarté sans procéder aux essais.
L’échec du XU 4×4 à cet appel d’offre sera lourd de conséquences pour Unic, puisque une partie des usines françaises du constructeur seront transformées en magasin de pièces de rechange. De toute façon, le « groupe » Iveco était en train de naître et ce nom allait remplacer à terme celui d’Unic…