Les crises pétrolières des années 1970 soulèvent le problème de la dépendance énergétique de la France, les gouvernements d’alors demandent aux différents acteurs de trouver des solutions pour se passer du pétrole. Du côté des constructeurs automobile, les recherches portent aussi bien sur les voitures à faible consommation que vers les voitures électriques. Mais la voiture électrique reste une chimère et peu d’études déboucheront sur la commercialisation d’un véhicule. Renault fait parti de ces rares constructeurs à proposer une gamme de véhicules électriques dans les années 1990, avec notamment la Clio Electrique !
Le salon de Francfort ouvre ses portes avec son lot de nouveautés, parmi lesquelles une Renault Clio électrique présentée sous le nom « Elektro-Clio ». Elektro, avec un K… et oui, nous sommes en Allemagne, mais surtout, la voiture fut développée en collaboration avec Siemens. La voiture n’a rien de nouveau, la Clio est déjà connue depuis 1990 et la « voiture électrique » existe depuis bien longtemps, d’autant plus que les projets de tels véhicules sont lancés au début des années 1990. Mais l’Elektro-Clio est, d’après ses concepteurs, une voiture qui pourrait être commercialisée à partir de 1993. Cependant, la fiche technique de la voiture n’est guère attractive : équipée d’une boite mécanique à quatre vitesses, l’Elektro-Clio met 27,7 secondes pour couvrir un 400 mètres départ arrête…
Mais encore une fois, la promesse de la voiture électrique n’est pas tenue, et la voiture n’arrive pas en concession le moment venu, peut être à cause des études de marché qui ne présageaient pas d’une clientèle suffisante, ou peut-être à cause de la technologie dont l’autonomie ne dépassait pas les 80km… Voire, pour certains, du lobby pétrolier qui avait tout intérêt à ne pas voir sortir de tels véhicules…
Mais, en 1994, le groupe PSA Peugeot-Citroën industrialisait grâce à son partenaire Heuliez des voitures électriques, à commencer par la Citroën AX, rapidement suivies des Peugeot 106 et Citroën Saxo. Pour ne pas laisser le champ libre à son principal rival, Renault décide de venir sur ce marché avec une Clio électrique, dont on prévoit la commercialisation à partir d’Octobre 1995.
Cette Clio électrique est mue par un moteur électrique situé en lieu et place du moteur thermique, alimenté par 298kg de batteries qui se logent dans la partie inférieur du coffre et sous la banquette arrière. Mais avec ce poids à l’arrière, l’essieu de la Clio « classique » ne convient pas, les ingénieurs de chez Renault logent donc un essieu arrière de Renault Express et renforcent la caisse de la Clio. Enfin, côté performances, la voiture électrique est encore limitée, Renault affiche une autonomie située entre 70 et 80km… qui s’avère plus proche des 50km en pratique. Et la voiture n’est pas des plus vives, plombée par ses batteries : 95km/h en vitesse maximale, 8,5 secondes pour le 0-50km/h…
Autre problème de la voiture électrique : son prix ! Affichée 97.000 Francs, elle était plus chère que ses principales rivales (90.000 Francs pour la 106 électrique) ou par rapport à la Clio thermique à niveau d’équipement équivalent (90.300 Francs pour la Clio 1.4 RT). Et pourtant, l’Etat par le biais d’EDF, accordait une prime au client de la Clio électrique de 10.000 Francs (déjà déduite du prix), et 5.000 Francs de prime gouvernementale. Et encore, à ce prix, l’acheteur n’avait qu’une Clio électrique sans batteries… pour cela, Renault les proposait à la location pour 840 Francs par mois, avec à terme une option d’achat.
Mais pour que cette solution soit viable, encore fallait-il faire d’importantes économies par rapport aux moteurs thermiques. Et à autonomie équivalente (60km), il fallait compter 27 Francs de Diesel ou 50 Francs d’essence, quant le plein d’électricité coutait 9 Francs avec le tarif de nuit, 12 Francs la journée. Au final, les économies faites sur l’essence étaient annulées par la location de la batterie. Cette formule a sans doute été l’un des facteurs de l’échec de la Clio électrique, vendue à seulement 253 exemplaires en France entre 1995 et 2000, ce qui n’empêchera pas Renault de proposer une formule quasi identique avec sa gamme « Véhicules Electrique » en 2010…
A noter qu’entre 1996 et 1999, durant 20 mois, la commune de Saint-Quentin-en-Yvelines a effectuée une expérimentation de voitures en libre-service par le biais du programme « Praxitèle », avec une cinquantaine de Clio Electrique. Le projet prévoyait des places de parking spécifiques avec des recharges par induction. Le projet, bien que novateur, ne fut toutefois pas renouvelé…