Le week-end de l’Ascension et son pont constituent une occasion pour les clubs d’organiser leur réunion annuelle. Le Club Simca France a convié les propriétaires de Simca et autres Talbot sur le site du Lac de la Magdeleine, sur le Bassin d’Arcachon, du 18 au 21 mai, pour le rassemblement annuel dédié à la marque à l’Hirondelle.
Ce rassemblement, je l’avais noté dans mon agenda depuis un moment, le Club Simca avait prévu un programme prometteur et mis en place une communication efficace. Tous les ingrédients étaient réunis pour une belle fête. De plus, étant de passage dans la région du Bassin d’Arcachon ce week-end-là, il était impératif d’y faire un détour. Au programme, plusieurs centaines de voitures étaient attendues, venant de toute la France (et même d’ailleurs), avec une bourse d’échanges, de nombreuses animations et des possibilités de restauration sur place.
Finalement, mon seul regret a été de ne pas avoir pu m’y rendre avant le dimanche matin, le dernier jour du rassemblement. Évidemment, avec des passionnés venant de loin, beaucoup étaient déjà repartis, et il ne devait rester sur place qu’environ la moitié des 300 véhicules présents tout au long du week-end. Cependant, cela n’a en rien gâché mon plaisir, car la qualité du plateau était toujours au rendez-vous, avec de magnifiques voitures encore présentes. Mis à part la gamme Vedette qui n’était plus représentée, on pouvait admirer une grande partie de l’histoire de Simca. Et que dire de l’atmosphère ? C’était un doux mélange entre les propriétaires et les visiteurs (le site était ouvert au public), partageant leurs souvenirs d’une marque que tous ceux de plus de 40 ans ont forcément connue à un moment de leur vie.
Si l’histoire de Simca ne débute pas avec la Simca 5, ce modèle marque le premier grand succès de la marque, avec une production qui démarre en 1936 et se poursuit après la guerre, totalisant un peu plus de 46 000 exemplaires produits. Il est important de rappeler que Simca est la représentation française du constructeur italien Fiat, la Simca 5 est donc un clone de la Fiat 500 Topolino italienne. J’ai eu la chance de pouvoir voir un exemplaire de ce modèle in-extremis.
Au-dessus de la Simca 5, la Simca 8 vient compléter la gamme dès 1938. Cette fois-ci, il s’agit d’une voiture dérivée de la Fiat 508C nuova Balilla, positionnée au-dessus de la Simca 5 et visant le marché des véhicules de 6/7 chevaux fiscaux, très populaires auprès des classes moyennes de l’époque. Une fois encore, ce modèle rencontre un grand succès, avec une production qui se poursuit jusqu’en 1951 et dépasse les 100 000 unités.
On s’arrête bien volontiers sur cette rare Simca 8 1100 Cabriolet.
À cette époque, Simca confie à Amédée Gordini la responsabilité de représenter la marque en compétition. On pouvait ainsi admirer une réplique de la Simca-Gordini T8, une voiture qui voit le jour en 1939 pour participer aux 24 Heures du Mans, et qui est ensuite présente sur de nombreuses épreuves après la guerre.
À ses côtés, se trouvait une Simca modifiée par Norbert Fanfani : à partir d’un châssis de Simca 5 Fourgonnette, il a conçu une barquette équipée du moteur 1100cm3 de la Simca 8, préparé pour délivrer environ 50 chevaux. Cette voiture fut engagée en compétition à la fin des années 1940 et au début des années 1950.
Puis, dans l’après-guerre, après avoir relancé les modèles d’avant-guerre et modernisé la Simca 5 en Simca 6, Simca présente l’Aronde en 1951. Cette fois, le constructeur prend son indépendance vis-à-vis de Fiat pour produire une berline propre à la marque, bien que son développement soit étroitement dérivé de la Fiat 1400. Bien positionnée par rapport à la concurrence, elle s’immisce sur le marché entre la Renault 4CV et la Peugeot 203, et fut un succès immédiat qui a conforté Simca parmi les grands constructeurs français. Lors de mon passage, c’était le modèle le plus représenté.
Comment ne pas s’arrêter devant cette Simca 9 Messagère, et sa calandre en escalier typique des premiers millésimes.
J’ai également eu un coup de cœur pour cette P60 Ranch et sa teinte bicolore typique du modèle. Avec cette finition, et bien qu’avec deux portes, l’Aronde devient une familiale à la présentation soignée.
En 1952, Simca présente une version coupé de l’Aronde, la Grand Large. A l’origine, sa commercialisation n’était pas prévue mais face à l’engouement du public, Simca la produit avec succès à partir de 1953.
Une variante de carrosserie de carrosserie que l’on retrouva longtemps sur l’Aronde, jusqu’à la P60.
L’Aronde sert également de base à la création de coupé et cabriolet de grande classe :
De l’Aronde, on passe au succès suivant de chez Simca : la 1000. Voiture populaire à moteur arrière lancée en 1961, elle va conforter Simca comme deuxième constructeur français. Commercialisée jusqu’en 1978, la Simca 1000 s’écoule à presque deux millions d’unités.
Le modèle fut rendu populaire notamment par ses déclinaisons Rallye, qui ont pris sans mal la relève d’une Renault 8 Gordini dans les années 1970, pépinière de talents avec la création d’une coupe menée par le Simca Racing Team.
La Simca 1000 fut également déclinée en un magnifique coupé dont la ligne est signée par Giugiaro, alors styliste au sein de la maison Bertone.
Puis, de la Simca 1000 Coupé, il fut décliné à partir de 1967 la version 1200S, plus puissante et d’aspect plus viril, ce modèle marque le début des modèles sportifs par Simca.
Après l’Aronde, c’est le duo Simca 1300/1500 qui représente le constructeur à l’hirondelle sur le segment de la berline familiale. Simca prend peu de risque avec le modèle : des solutions techniques éprouvées sur l’Aronde habillés d’une carrosserie timide qui se fond dans les tendances de l’époque. Très rapidement, Simca opère un restylage en 1966 qui voit naître les 1301/1501 à l’arrière allongé et la face avant revue pour donner davantage de personnalité à l’auto.
La gamme 1300/1500 et 1301/1501 fut déclinée en version break qui, en plus d’être logeable, présentait une carrosserie désirable.
Quant au haut de gamme, il allait être assuré par la série des Simca-Chrysler. Une voiture conçue par les bureaux d’études de Chrysler Europe avec un relent de voiture américaine, un badge Chrysler censé lui apporté du prestige. Une voiture qui n’a pas connu le succès espéré…
Puis vient la Simca 1100, le plus gros succès de la marque et certainement l’un des modèles qui déclenchait le plus de discussions de dimanche matin avec les visiteurs.
La 1100 est un modèle qui a terminé sa carrière sous la marque Talbot, après la reprise de Chrysler Europe (dont dépendait Simca) par Peugeot.
La 1100 fut remplacée en 1978 par la Simca-Chrysler Horizon, une voiture qui reprend la recette ayant fait le succès de la 1100. Une voiture pleine de promesse qui remporte le titre de voiture européenne de l’année 1979, le modèle connait un certain succès mais en dessous des espérances placés dans le modèle.
Parmi les Horizon présentes, on pouvait admirer trois représentes des séries Ultra.
En 1975, c’est la gamme 1307/1908/1309 qui remplace les Simca 1301/1501. Pour sa nouvelle berline familiale, Simca opte pour une carrosserie à deux volumes et hayon, la voiture reprend les éléments mécaniques disponible dans la banque d’organes du constructeur. La voiture, élue voiture européenne de l’année 1976, connait un beau succès commercial avec une production approchant les 900.000 unités. On remarque la présence d’exemplaires de la série spéciale Jubilée.
En 1979, Peugeot modernise la gamme 1307, ce qui fait naître la Talbot 1510. Un modèle éphémère qui cède sa place en 1982 à la Citroën BX.
De la Talbot 1510, Talbot en décline une version à trois volumes nommée Solara. Commercialisée à partir de 1980, la voiture connait un certain succès, elle accompagne Talbot jusqu’à sa disparition…
Puis vient la Tagora, le modèle haut de gamme conçu par Chrysler Europe et dont hérita Peugeot, fort embarrassé de se retrouver avec une rivale à la 604.
Pour terminer avec l’époque Talbot, il faut également cité la Samba, modèle décliné à partir de la plate-forme de la Peugeot 104 ZS. Ici présente en version cabriolet.
Une Peugeot 309… badgée Talbot Arizona. La génèse de cette Peugeot est compliquée, entre les partisans d’un projet Peugeot et ceux qui défendent la thèse que le modèle devait naître Talbot Arizona. En tout cas, on est clairement sur la fin de la marque Talbot…
Ce ne sont pas des Simca mais elles sont motorisées par un moteur de la marque : les CG. Des barquettes sportives pour aller rivaliser avec les Alpine, une belle tentative… de courte durée. Hélas.
En revanche, avec Matra, les moteurs Simca auront leur robe sportive connaitront un vrai succès. La 530, encore équipée d’un moteur Ford, fut distribuée au sein du réseau Simca avant de laisse sa place à la Bagheera puis à la Murena, toutes deux équipées de moteur Simca.
Simca a eu un temps une branche industrielle, Simca Industrie qui regroupait alors les marques Unic, Saurer et les quelques camions que produisait encore Simca (en fait, des camions issus de la Ford SAF). Sans oublier les tracteurs Someca. Si les machines agricoles ne sont pas présentes, deux camions Unic ont fait le déplacement.