Dans les années 1970, les Renault 5 sont présentes dans le championnat du monde des Rallye mais il parait difficile pour une frêle R5 de jouer la gagne face aux Porsche 911, Alpine A110… Alors chez Renault Sport, on décide de concevoir une voiture taillée pour les épreuves de Rallye, ce sera la Renault 5 Turbo…
C’est en 1976 que le projet d’une Renault 5 très spéciale émerge des ingénieurs Jean Terramorsi et Henry Lherm, officiant tout deux au sein de la structure Renault Sport. Ensemble, ils imaginent une voiture vitrine pour booster les ventes de la petite R5, mais surtout, prévue pour jouer la gagne en compétition. Le projet comprend de monter un moteur en position centrale arrière, l’équiper d’un turbo et lui donner une carrosserie plus agressive. Le PDG de Renault a qui est présenté le projet l’accepte, le Projet 822 démarre, il doit permettre de déboucher sur une voiture capable de courir en Groupe 4.
Pour obtenir cette homologation, le cahier des charges tipule, outre la production de 400 exemplaires civils, un poids de 950kg maximum et une cylindrée inférieure à 2 litres. Hélas, si le projet 822 est validé par le PDG de la Régie, Renault n’attribue pas de fonds supplémentaires à Renault Sport, qui doit développer le modèle sur son budget propre. L’entité, dirigée par Gérard Larousse, compte de nombreux passionnés dans ses rangs qui n’hésiteront pas à donner de leur temps pour mettre au point la voiture. A l’inverse de ce qu’il se faisait alors, Renault Sport décide de concevoir la Renault 5 Turbo civile en premier lieu, puis d’en décliner la version compétition, avec en ligne de mire un prix maximum de 100.000 Francs.
L’équipe de Renault Sport part d’une caisse de Renault 5 qui est modifiée et renforcée pour recevoir un moteur en position centrale arrière, les ingénieurs motoristes reprennent le moteur de la R5 Alpine (après avoir envisagé le V6 PRV) et le prépare pour lui permettre d’accueillir un turbo. Pour la carrosserie, les premières esquisses sont signées par le bureau de style Renault, avant de faire appel à Bertone dont le génialissime Marcello Gandini signe un prototype qui aura de suite les faveurs de Renault. Reste à envisager la production de la voiture, petite série oblige, Renault n’accueillera pas de ligne de montage dans ses usines, à la place, on fait appel à Heuliez qui se charge aussi des contraintes liées à l’industrialisation du modèle avec la conception d’un second prototype, dont le dessin est modifié par Yves Lega, alors styliste chez Alpine.
La Renault 5 Turbo est développée en un temps record, puisque le premier prototype (en réalité une maquette sans moteur) est présenté dans le cadre du salon de l’automobile de Paris 1978, et fait de suite sensation auprès des passionnés de voitures sportives. 1979 fut l’année de la mise au point de la voiture, la banque d’organes de Renault est mise à profit : suspension d’Alpine A310 Gr4, boite de vitesses de la Renault 30, freins à disques provenant des Renault 17 et Alpine A310 V6. Quant au moteur, le 1.397cm » issu de la Renault 5 Alpine, à l’aide de son turbo Garret T3, offre une puissance de 160Ch. Quand au poids, al voiture pèse 970kg, une performance aidée par des éléments de carrosserie réalisés en matériaux synthétiques pour certains (aile, capot), en aluminium pour d’autres (portes, toit).
La Renault 5 Turbo est fin prête, sa production débute en mai 1980 et est assez complexe : des caisses de Renault 5 sont prélevées dans les usines Renault pour être acheminées au sein de l’usine Heuliez, qui se charge de les modifier avant de repartir dans l’usine Renault de Dieppe où elles reçoivent mécaniques et intérieur. Le premier objectif est de sortir au plus vite les 400 exemplaires requis pour l’homologation en Groupe B. En compétition, un prototype a été essayé courant 1979 lors du Tour d’Italie 1979 où la R5 Turbo joue à armes égales avec les Lancia Stratos et Porsche 935, elle fait ensuite ses débuts dans le championnat des Rallyes de France, avant de se lancer à l’assaut du championnat du monde avec une première victoire lors du Monte Carlo 1981.
Pour en revenir au modèle civil, la Renault 5 Turbo est commercialisée à partir du mois de Juillet 1980, la voiture est disponible en teinte rouge ou bleue, peu d’options sont au catalogue : sellerie cuir, vitres teintés et pare-brise chauffant. Proposée de base au prix de 115.000 Francs (et donc dépassant l’objectif initial), la Renault 5 Turbo trouve de suite sa clientèle, permettant de maintenir un haut rythme de production : 802 unités sont produites au cour de l’année 1980, 536 en 1981 et 352 en 1982, soit une production totale de 1.690 unités.
Cette performance commerciale est due, entre autre, au style de la voiture avec ses ailes élargie lui donnant un aspect viril, mais aussi par son habitacle excentrique, signé comme la carrosserie par Bertone. Volant à deux branches perpendiculaires, tableau de bord jouant des formes géométriques, des sièges baquets au dessin particulier, le tout usant des couleurs de la voiture : bleu électrique et rouge vif. Les performances pures de la voiture finissent de convaincre quelques clients, avec une pointe à 200km/h et 6,9 secondes pour le 0 à 100km/h.
Malgré un succès commercial indéniable, la Renault 5 Turbo ne reste pas longtemps au catalogue de la Régie, jugée trop chère à produire, Renault lance une seconde version de la R5 Turbo en 1982, moins excentrique que la première avec un habitacle reprenant celui de l’Alpine Turbo, les pans de carrosserie en aluminium sont abandonnés pour reprendre ceux en acier monté sur toutes les Renault 5. Un mal nécessaire pour faire perdurer cette voiture au catalogue…