En Août 1967, Citroën présente la Dyane, une « super » 2CV qui doit à terme remplacer la 2CV qui se dote d’un équipement bien plus cossu que sa petite sœur. La Régie Renault lui répond un an plus tard en présentant la Renault 6, une sorte de Renault 4 à la carrosserie qui s’inspire de la haut de gamme R16. Un drôle de mélange qui fut… une réussite oubliée.
En réalité, Renault n’a pas attendu Citroën pour lancer le développement d’une petite voiture « luxueuse », le projet 118 qui verra naître la Renault 6 débute en 1965 et donne une idée générale de la future voiture : créer le chaînon manquant entre une Renault 4 et une Renault 16, tout en restant dans la gamme des 6CV fiscaux.
La présentation de la voiture intervient au mois d’Octobre 1968 lors du salon de Paris, bien que quelques photos de la Renault 6 aient été divulguées au cours de l’été précédent. Présentée en même temps qu’une Renault 8S, la Renault 6 fait office de star car elle est la seule nouveauté sur le stand de la régie, et la R6 ne fait pas dans la discrétion car elle se pare d’un nuancier de teintes très vives. Cependant, le public ne s’intéresse pas plus que ça à la Renault 6, si son côté pratique est reconnu, le design très timide ne fit pas tourner les regards… Certains journalistes vont même critiquer la petite Renault sur sa carrosserie, jusqu’à se demander s’il y a des stylistes chez Renault !
Mais malgré tout, la Renault 6 semble promise à un bel avenir, les premières ventes le prouvent rapidement. Et pourtant, la Régie n’use que très peu de publicité à l’égard de ce nouveau modèle. En réalité, la R6 est pleine de qualités qui répondent à la demande d’alors des clients : une faible consommation, une direction précise, un confort au-dessus des rivales sur son segment, une insonorisation, un hayon pour faciliter le chargement…
En revanche, la voiture est peu légère sur le freinage, il faut dire que Renault avait misé sur quatre tambours. Pour défendre Renault, la R6 est équipée du petit Ventoux de 845cm3 hérité de la Dauphine qui développe une puissance assez faible, autre critique mise en avant par les clients. Et face à une concurrence féroce faite par la Simca 1100 ou la Peugeot 204, Renault présente en 1971 la R6 TL qui s’équipe du moteur Cléon de 1.108cm3, une version qui opte désormais pour les disques sur le train avant pour assurer le freinage.
Côté équipement, la voiture était assez complète en son temps : chauffage dégivrage à ventilateur, aérateurs orientables, lave glace avec pompe à pied, boite à gants, plafonnier, sécurité enfant sur les portes arrières. En revanche, la ceinture de sécurité est tarifée 50 Francs et les fauteuils avant séparés (en lieu et place d’une banquette) 300 Francs.
En 1974, Renault offre à la Renault 6 un restylage avec une nouvelle face avant : nouvelle calandre en plastique noir, pare-chocs plus haut intégrant des feux, phares avant carrés. La R6 est désormais prête a affronter la seconde partie des années 1970, mais ce restylage est quelque peu hasardeux et rend la ligne de la voiture plus lourde qu’auparavant. Les feux arrières sont eux aussi modifiés et le monogramme sur la malle est désormais noir. Quant au modèle TL, il profite de ces changements pour s’équiper de protections latérales de série.
A partir de 1976, la simple « Renault 6 » et son moteur 850 devient « R6 L » et fut commercialisée jusqu’en 1979. Entre temps, l’ensemble de la gamme R6 reçoit un éclairage de plaque prélevé sur la Renault 5 en 1977. Cependant, la Renault 6 avait fait son temps, ses ventes diminuent pour devenir résiduelles et sa commercialisation s’arrête en France en mai 1980, mais sa production perdure en Espagne et en Amérique du sud où la voiture fut commercialisée jusqu’en 1986.
Au final, 1.700.000 Renault 6 ont été vendues de part le monde, mais ce modèle est aujourd’hui tombé dans un oubli quasi général. Pourquoi donc ? Les raisons sont assez simples, la Renault 6 était dès son lancement une voiture fade par son style, une voiture que l’on achète d’avantage par son côté pratique que pour d’autres raisons. Puis la rouille fera son travail sur une bonne partie du cheptel, qui sans avoir jamais suscité d’attention particulière, fini bien souvent à la casse sans être entré dans le monde de la collection. Heureusement, les choses commencent à bouger sur ce modèle, mais la côte demeure très très faible…
Pour aller plus loin avec la Renault 6, voici l'article du Boitier Rouge : Renault 6 - la besogneuse.