1951, Renault commercialise la Frégate, cette voiture haut de gamme doit être le porte étendard de la Régie et prendre quelques ventes à la redoutable Citroën Traction. Hélas, en cette époque où l’industrie automobile retrouve des couleurs, les versions atypiques comme les cabriolets se font rares, Renault et Ghia présentent en 1953 la Frégate Ondine…
A la reprise de la production automobile après la seconde guerre mondiale, les grands constructeurs ressortent leurs modèles d’avant guerre. Citroën produit ainsi sa Traction qui est toujours dans le coup tant ses innovations étaient importantes. Hélas, Citroën ne relance pas la production des coupés et cabriolets sur base Traction, sa concurrente directe, la Peugeot 203 se décline à partir de 1951 en cabriolet et 1952 en coupé. Si les ventes de ces versions restent anecdotiques, à l’exception peut-être pour le cabriolet 203, ces modèles sont un important vecteur d’image pour son constructeur, ce qui poussa sans doute Renault à proposer son cabriolet sur base de Frégate.
A cette époque, les versions loisirs comme les cabriolets étaient l’apanage des carrossiers indépendants qui réalisaient à la demande tout type de carrosserie. Renault prend tout le monde de court sur la Frégate en commandant à Ghia une étude sur une Frégate Cabriolet. Le modèle est dessiné par Luigi Ségré et présenté au salon de Paris 1953, construit sur la base d’une Frégate Amiral avec une carrosserie en acier. Voiture de luxe oblige, la Frégate Cabriolet se dote d’un équipement complet avec, entre autres, une radio, un intérieur en cuir et un lot de bagages en cuir ! Hélas, le prix trop élevé de la voiture met un terme à un quelconque avenir commercial, d‘autant que la voiture avait été réalisée de manière artisanale et ne pouvait être dupliquée en petite série.
Toutefois, la vie de la Frégate cabriolet n’est pas encore terminée, car chez la Régie, un atelier pilote se met en quête d’obtenir le savoir faire nécessaire dans une nouvelle matière que l’on commence alors à voir apparaître sur les carrosseries automobile : les matières synthétiques. Un atelier secret est formée dans les sous-sols de l’usine de Flins et Renault embauche le personne de Rosengart qui venait de fermer et qui fabriquait avant sa liquidation deux modèles à carrosserie en matière synthétique : l’Ariette et la Marathon.
L’une des premières missions de cet atelier fut de construire des Frégate Cabriolet en reprenant le modèle conçu par Ghia mais avec une carrosserie en matière synthétique. Le cahier des charges est lourd car le projet doit, d’une part, être réalisé avec comme optique l’industrialisation de la voiture, d’autre part, la carrosserie devra avoir la précision et la rigidité d’une carrosserie en acier.
Une étude loin d’être évidente mais cet atelier secret arrive à produire quatre à cinq Frégate à carrosserie en polyester réalisées à l’aide de moules en 1954; ces carrosseries sont ensuite montées sur un châssis de Frégate. L’un de ces exemplaires de Renault Frégate Ondine fut confié à Jacques Godet pour le Tour de France cycliste 1955. Renault aurait, semble-t-il, envisagé une commercialisation du modèle avant de se rétracter pour une cause inconnue. Et si l’atelier peaufine son savoir faire avec la Frégate, il se met rapidement à plancher sur la carrosserie de la Renault Etoile Filante… Quant aux quelques prototypes de Frégate Ondine assemblés, ils sont rapidement tombés dans l’oubli, un exemplaire à été offert à la chanteuse Edith Piaf, un exemplaire qui nous est parvenu et qui permet de sortir de l’oubli ce modèle…