Henri Chapron est un carrossier que l’on rattache à Citroën, il faut dire qu’il est reconnu pour ses créations sur base de DS ainsi que sur la SM. Mais l’œuvre de Chapron ne peut se résumer à ces dernières voitures, le carrossier eut une brillante carrière depuis sa création en 1919 et carrossa tout type de voiture, y compris des populaires avec la Renault Dauphine dont il ôta le toit.
Après la seconde guerre mondiale, la plupart des constructeurs automobiles français prennent un virage stratégique en choisissant de produire majoritairement des voitures monocoques plutôt que des ensembles châssis-caisse, que seuls les constructeurs de luxe maintiennent. Avec la caisse monocoque, les constructeurs court-circuitent le passage auprès d’un carrossier. Et dans les années 1950, les grands noms du luxe disparaissent, Salmson, Delahaye, Delage, Talbot… Entraînant dans leur chute les grands carrossiers comme Figoni & Falaschi, Franay, Letourneur & Marchand…
Malgré cette hécatombe qui voit disparaître tout un pan de l’automobile française, certains carrossiers maintiennent la tête hors de l’eau, comme Chapron qui, au début des années 1950, habille encore les grandes marques françaises. Le carrossier comprend bien que l’automobile de luxe est à la fin d’un cycle à l’heure où fleurissent les voitures populaires, il s’intéresse désormais à un marché plus populaire et se tourne vers les bases « bon marché ». C’est ainsi qu’il conçoit un coach sur base de Peugeot 403, une Simca Versailles transformée en Coach… Mais aucune de ces créations trouvent écho auprès des constructeurs.
En 1956, Renault s’apprête à lancer la Dauphine et, bien décidé d’en commercialiser une version coupé, contacte plusieurs carrossiers français et italiens pour leur demander des propositions de coupé sur cette base. La même année que la présentation de la Dauphine apparaissent divers prototypes comme la Dauphine Sport de Frua, et Chapron semble être dans la dance avec le coupé et cabriolet Dauphine Mouette présentée courant Octobre 1956. Cette création est remarquée et se distingue sur les concours d’élégance.
Sans doute conforté par ce succès, Chapron décide de concevoir une version découvrable de la Renault Dauphine, une version qui manquait dans le catalogue de la Régie, facile à réaliser et à commercialiser, qui apparaît dans le catalogue Chapron dès Juillet 1958. Contre 140.000 Francs, le toit de la Dauphine laissait sa place à une toile, une option assez chère puisque une Renault Dauphine de base se vendait 554.000 Francs. Même la grande réputation de Chapron dans ce domaine ne motive pas les acheteurs et seule une petite dizaine d’exemplaires auraient ainsi été transformés (sept semblerait-il). Inutile de le préciser, une Renault Dauphine Découvrable Chapron est quasiment introuvable, une petite poignée d’exemplaires (deux !) seraient connus…