Fin 1959, Renault lance l’Estafette, un nouvel utilitaire qui ouvre la page de la traction chez la Régie, après avoir été fidèle au tout à l’arrière depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Si l’Estafette est avant tout un véhicule de travail, une version minibus à destination des particuliers existe, on note aussi quelques photos d’une version « Minibus Tropique » qui ne fut jamais commercialisée…
Septembre 1959, la commercialisation de l’Estafette débute, le nouvel utilitaire de la Régie Renault, dévoilé quelques semaines auparavant, dispose de bien d’arguments pour faire mouche auprès de la clientèle : moteur récupéré de la Dauphine, robuste et simple d’entretien, adoption de la traction (une première chez Renault) qui permet de libérer totalement l’espace de chargement, un aspect extérieur construit en opposition au Citroën Type H (utilisation de courbes et de couleurs vives), et d’emblée, la Régie propose cinq variantes de carrosserie : fourgon simple, version surélevée, minibus à neuf places, plateau bâché et une version « zone bleue » destinée aux livraisons urbaines.
A côté de ces versions, Renault fournissait à la presse des photographies dont quelques unes (trois à ma connaissance) présentaient une version nommée « Minibus tropique », réalisée dans le ton des voitures de plage des carrossiers italien avec des fauteuils en osier et un espace arrière ouvert aux vents, avec toutefois un toit en dur pour permettre aux sept passagers (plus deux places à l’avant dont celle du conducteur) de rester à l’abri des intempéries. Cette Estafette est dépourvue de toutes portes et de tout vitrage à l’exception du pare-brise, l’accès aux places arrière s’effectue pour une échancrure sur la face arrière.
L’Estafette Minibus Tropique n’a jamais été commercialisée, peut-être s’agissait-il d’une version à destination des stations balnéaires que l’on commençait à imaginer au bord du littoral français en ce début des années 1960, qui fut sans lendemain commercial ; on pourrait plutôt pencher pour une communication habile de la Régie Renault : avec une photo, Renault montre une utilisation « fun » qu’aucun de ces concurrents ne serait en mesure de faire, et notamment le Type H, dont l’Estafette visait directement.
Comme on le sait, ce modèle n’a finalement pas vu le jour dans la gamme de l’Estafette, un modèle au moins a été construit pour être exposé lors de diverses salons puis affecté à l’usine de Flins où elle servit, le 31 mars 1960, à la visite de Nikita Khrouchtchev, avant d’être reconvertie comme véhicule du service incendie de cette même usine. Un exemplaire a été vendu en 2003 par Renault pour intégrer la collection privée d’André Lurton, certainement le seul exemplaire jamais assemblé.