Peugeot n’a jamais réellement été un spécialiste du haut de gamme, pour autant, la firme de Sochaux y a tenté quelques excursions avec ses voitures à moteur six cylindres. Dans les années 1930, Peugeot essaye une nouvelle tentative du haut de gamme suite aux succès rencontrés par la 201 et la 301, ce sera la 601, laquelle finalise la série -01. Pour autant, ce modèle ne réussit pas sur le plan commercial et sonne le glas du très haut de gamme pour Peugeot.
Peugeot et le six cylindres en ligne, c’est une longue histoire parfois tumultueuse. La première voiture équipée d’une telle mécanique arrive en 1908 avec la Type 105, une grosse Peugeot avec un moteur de 11,1 litres de cylindrée qui propulse la voiture à plus de 100km/h, une vitesse considérable en ce temps. L’année suivante, la Type 105 est remplacée par une autre voiture à moteur plus modeste, un 3,3 litres mais toujours en six cylindres, une mécanique qui perdure jusqu’en 1911. Après la première guerre mondiale, c’est la Type 156 qui représente la lignée du six cylindres, qui est cette fois-ci un moteur sans soupapes. Faute de réussite, l’aventure du six cylindres s’arrête en 1923.
Mais à la fin des années 1920, le six cylindres revient en force et se généralise en France, tous les grands constructeurs en affichent un dans leur gamme. Peugeot suit le mouvement en 1928 avec deux modèles, la Type 183 « 12 Six » et la Type 184 à moteur sans soupapes latérales. Cette dernière connaitra une carrière discrète, mais la Type 183 fut une réussite avec plus de 10.000 exemplaires produits jusqu’en 1931.
Mais depuis 1931, le six cylindres s’efface dans la gamme Peugeot. C’est en Février 1934 que cette mécanique signe une nouvelle apparition chez le constructeur sochalien avec la Peugeot 601, laquelle est équipée d’un moteur à soupape latérale de 2,1 litres de cylindrée.
La 601 est le couronnement de la série -01 après l’important succès de la populaire Peugeot 201 mais aussi de la Peugeot 301. Ces deux modèles ont permis d’assainir les comptes du constructeur au lion, et Peugeot , très soucieux de s’adresser à une clientèle fortunée, présente les 401 et 601 tout juste avant le printemps 1934. La 601 s’adresse à une clientèle fortunée sensible aux charmes des voitures à longs capots, biens nécessaires pour contenir la mécanique volumineuse.
La 601 offre ainsi une ligne élégante et imposante, quant à ses performances, le six cylindres développe 60cv, lequel est accolé à une boite à trois rapports silencieuse, le tout permettant de rouler jusqu’à 105km/h. Les performances sont quelque peu en retrait pour le segment sur laquelle la 601 officie, c’est pourquoi Peugeot vente surtout la souplesse d’utilisation du modèle.
Le moteur six cylindres était le talon d’Achille de Peugeot. Si cette mécanique disparait du catalogue en 1931, c’est par manque de fiabilité. Mais Peugeot s’efforce à fiabiliser cette mécanique pour éviter toute récidive d’anomalies déjà connues, un travail qui fut récompensé par une fiabilité accrue sur la 601.
Aussi, Peugeot développe toute une gamme autours de la 601, avec deux empattements différents : la 601C (pour Courte) à empattement de 298cm était disponible notamment en berline, roadster, cabriolet (dont le cabriolet Eclipse) tandis que la 601 L (pour Longue) offrait un empattement de 320cm sur laquelle était réalisée les Limousine et Limousine Familiale. En tout, le catalogue Peugeot offrait 15 carrosseries différentes, et si le client n’était pas convaincu, il disposait d’une option : acheter un châssis nu et le faire habiller cher un carrossier de son choix. C’est ainsi que Pourtout ou Meulemeester, entre autres, officieront sur cette base.
Pourtant, cette multitude de variantes ne fait pas recette. La Peugeot 601 connait des ventes qui restent faibles, et divers éléments n’aident pas la 601 : l’habitacle et plus exigu que ses principales rivales, sa silhouette est trop proche des autres Peugeot, et pour un prix d’achat situé entre 28.000 et 39.750 Francs, la voiture offrait des performances en retrait pour une voiture haut de gamme.
Pour relancer les ventes, Peugeot fait évoluer la 601 qui devient dès lors 601D, toujours avec deux empattements : 3,07m pour le modèle normal, 3,42 pour la version longue (601 DL). Pour donner une apparence sportive au modèle, les phares sont abaissés et l’arrière reçoit une poupe dite « Queue de castor ». Au total, dix variantes de carrosserie sont disponibles, des dessins extraordinaires qui se font remarquer lors des concours d’élégance de l’époque.
Aussi, l’argumentaire de vente change, on vante les 35 secondes pour passer de 0 à 100km/h, la consommation moyenne de 12,8 litres aux 100km sur le trajet Paris-Bordeaux effectué avec quatre passagers… Mais rien n’y fait, les ventes demeurent toujours aussi faibles. Moins de deux ans après son lancement, Peugeot tire un trait sur ce modèle en Juillet 1935 après 3.999 exemplaires produits. Par la même, c’est aussi l’abandon du très haut de gamme que Peugeot signe, et si la 402 présentée en 1935 remplace la 401 et la 601, elle reste un cran en dessous de la 601…
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