Quand Citroën présente sa Traction en 1934, les autres constructeurs sont dépassés par la modernité de cette nouvelle venue. Peugeot réplique dès 1935 avec sa 402, une berline qui s’insère en pleine mode du streamline modern avec un design très novateur, bien que les dessous de la voiture restent très conventionnels…
Si la Peugeot 402 n’est pas la première voiture à casser les codes du design d’alors, elle est l’une des voitures qui va se distinguer avec une ligne très fluide et équilibrée. Dans les années 1930, certains constructeurs tentent de se démarquer pour survivre, rappelons que nous étions juste après de la crise de 1929 et que le marché automobile s’était fortement contracté. Ainsi, certains acteurs décident de changer le style automobile, passant des caisses carrées aux lignes arrondies, la première fut la Chrysler Airflow qui hélas, ne connaîtra pas le succès.
En Europe, les constructeurs commencent à casser les lignes carrées de leurs voitures, mais Citroën va bien plus loin avec sa Traction et sa ligne aérodynamique, mais également avec son lot d’innovations. Peugeot décide alors de tenir tête à Citroën, mais la marque sochalienne ne dispose pas de l’esprit aussi novateur que celui de Citroën, le seul élément de comparaison sur lequel le Lion va s’approcher, c’est au niveau du design. Henri Thomas, chef du style chez Peugeot, reçoit la mission de changer l’orientation stylistique du projet visant à remplacer la Peugeot 401 pour faire naître une voiture capable de rivaliser avec la Traction.
Après avoir tâtonné sur le style, la 402 disposera d’une ligne fluide qui semble avoir été sculptée par le vent, les surfaces sont lisses, Peugeot ose même cacher les phares derrière la calandre sculpturale de la voiture, dont l’emblème de la marque en surgit dans sa partie supérieure. La partie arrière de la voiture n’est pas en reste, très effilée, cette face arrière comprend deux petits feux, une lunette arrière séparée en deux partie et une roue de secours sous un cache. Rompant avec le style habituel de Peugeot, cette ligne fut appelée Fuseau Sochaux ».
Le style de la Peugeot 402 est révolutionnaire, Peugeot décide également d’innover en se passant du bois dans la conception des caisses. Celle-ci est donc réalisée entièrement en acier autours d’une architecture monocoque, mais contrairement à la traction, elle n’est pas autoporteuse car elle vient se greffer sur un châssis réalisé en tubes. Toute cela permet à la Peugeot 402 d’abaisser sa hauteur de caisse et donc, son centre de gravité.
Dévoilée au grand public lors du salon de Paris le 3 octobre 1935, la Peugeot 402 est de suite remarquée et vient s’insérer en concurrente directe de la Traction Citroën mais également de la Renault Vivaquatre. Sur son stand, Peugeot dévoile plusieurs carrosseries de la 402 parmi lesquelles, une Limousine à huit places, une conduite intérieure Grand Luxe, un Coach à six places, un roadster et un cabriolet. Les commandes peuvent débuter, les premières Peugeot 402 ne sont effectivement livrée qu’à partir de l’année 1936.
Sur la fiche technique de la voiture, un équipement intrigue les visiteurs, car la Peugeot 402 peut s’équiper en option d’une transmission automatique, dont le client avait le choix entre une version développée par Gaston Fleischel et une autre conçue par Jean Cotal. Peugeot est l’un des premiers constructeurs à proposer cet équipement, mais la transmission Fleischel est tarifée 6.000 Francs et dissuade nombre de clients. En revanche, la transmission électromagnétique Cotal séduit jusqu’à 10% de la clientèle !
Le succès de la Peugeot 402 est immédiat, le constructeur sochalien en est même surpris. En 1936, la Peugeot 402 se décline dans une nouvelle version, le cabriolet Eclipse dont la particularité est de disposer d’un toit en dur rétractable, à l’origine à l’aide d’un moteur électrique puis manuellement pour mettre fin à des soucis de fiabilité. Commercialisé à un prix excessif, seuls 600 exemplaires trouvent preneur jusqu’en 1938. Toujours en 1936, Peugeot dévoile la 302 qui n’était qu’une 402 en réduction, mais dont les ventes déçoivent; sans oublier un prototype qui étudie les formes aérodynamiques, la 402 Andreau.
En 1937, les ventes de la Peugeot 402 commencent à s’essouffler, Peugeot y remédie en proposant la 402L, un modèle qui, en reprenant le châssis à empattement court et le moteur de la 402, reçoit la caisse de la 302. L’année suivante, ce modèle devient 402B Légère avec le nouveau moteur de 2.142cm3, une mécanique partagée avec la 402B insérée dans la gamme Peugeot en octobre 1938. Cette nouvelle version arrive avec quelques petites retouches esthétiques, la calandre est plus large et la dénomination du modèle passe dans sa partie supérieure, tandis que la malle arrière apparaît. En 1939, la Peugeot 402 prête sa base pour que Berliet puisse proposer une voiture moderne, la Berliet Dauphine 39.
L’année suivante, Peugeot étudiait la possibilité de commercialiser une 402 à moteur Diesel, mais la déclaration de guerre à l’Allemagne gèle ce projet. Les ateliers Peugeot participent à l’effort de guerre français, mais l’avancée allemande fait tomber les usines Peugeot dans l’emprise des occupants. Si la production de la 402 perdure de manière anecdotique, elle est interrompue en 1941 et ne reprendra pas une fois la paix revenue. Par conséquent, le nombre de 402 produite resta figé sur le chiffre de 75.068 unités.
Excellent étude, bien sourcée et très complète. Merci.