Après le second conflit mondial, l’armée française doit se rééquiper en matériel et lance un programme pour se doter en matériel français. Peugeot tenta sa chance pour remporter le contrat des véhicules de reconnaissance à quatre roues motrices et lance l’étude d’une remplaçante à la Jeep américaine : la 203R initiera des développements jusqu’à la 203 VSP…
En 1944, la France libérée du joug de l’occupant lance sa reconstruction tant sur le plan civil en lançant un programme de travaux pour réparer et reconstruire les infrastructures atteintes par les combats, que sur le plan militaire en rééquipant l’armée française. Au début, elle récupère du matériel américain issu des surplus et adopte logiquement la Jeep, mais rapidement, les considérations nationales prennent le dessus et l’Etat français lance dès 1946 un ambitieux plan d’équipement en matériel français, notamment du côté des véhicules. L’année suivante, sans passer par la procédure d’un appel d’offre (la mise en concurrence était alors jugée contre productive compte tenu des circonstances), l’Etat français confère à certains constructeurs des projets, Delahaye se voit ainsi attribuer la conception d’un petit véhicules à quatre roues motrices de 1,2 tonne pour remplacer les Jeep américaines. Le premier prototype, le Delta, est présenté par Delahaye en 1948 puis testé jusqu’en 1950 par l’armée française.
Si l’Etat français attribue à certains constructeurs des pré-carrés, il n’est pas formellement interdit aux autres de tenter leur chance. Peugeot notamment développa sa proposition de Jeep dès 1949, il faut dire que le constructeur sochalien était certainement informé des difficultés rencontrées par Delahaye et son futur VLR. Pour sa vision de la Jeep, Peugeot décide de partir de pièces issues de la grande série et développe un premier prototype en utilisant les organes des 203 utilitaires (moteur, pont arrière, direction…) tout juste lancés. Les premiers essais sont réalisés début 1950 et aboutissent à la 203 R, reçue par le service des Mines le 09 octobre 1950. A cette époque, Peugeot avait déjà délaissé le marché militaire, sachant que l’armée allait signer les Delahaye VLR à l’été 1950, la 203 R vise davantage le marché rural (d’où le 203 R), on pensait alors que ce type de véhicule pourrait à terme remplacer les tracteurs agricoles et le marché voyait apparaitre le Land Rover.
Les premiers essais du Peugeot 203 R mettent en avant une légère sous-motorisation, le 7CV de 1290cm3 manque de chevaux. Peugeot remplace ce bloc par un moteur de 8CV (en réalité, un bloc 7CV sur lequel on a changé la culasse, une solution qui sera reprise en 1955 pour la 403), on apporte quelques améliorations pour donner naissance au Peugeot 203 RA, le moteur plus puissant doit cependant mouvoir les 1.486kg de cette version (soit 173kg de plus que la 203 R). Deux prototypes sont assemblés puis testés courant 1951, la copie est bonne et cette version est reçue aux service des mines le 11 Mai 1951, mais la 203 RA est une voiture sans débouchés : le marché agricole voit les tracteurs l’emporter, et le marché militaire est fermé en France avec la Delahaye VLR tandis que la Jeep est préféré par les pays « amis ». Chez Peugeot, on range la 203 RA dans les cartons, mais on ne l’enterre pas.
En effet, dans les casernes de l’armée française, la Delahaye VLR ne fait pas l’unanimité, sa complexité souvent ignorée des soldats entraine des casses mécaniques lors de son utilisation, sans compter l’entretien souvent fait à la hâte par les ateliers. En 1953, l’armée française demande à Delahaye de revoir sa copie, puis en 1954, le contrat entre Delahaye et l’armée française est fortement compromis. Les cartes sont rebattues et Peugeot voit une opportunité pour imposée sa Jeep réalisées à partir de pièces de 203. Après quelques améliorations, on passe à la 203 RB qui se distingue extérieurement par sa face avant dont la calandre est désormais à sept lames. La caisse reçoit des modifications, le poids gagne 36kg par rapport à la 203 RA et la dotation est typiquement militaire.
Présentée en décembre 1954, l’armée française manifeste son intérêt pour la Peugeot 203 RB qui, après des premiers essais concluants, mène des tests plus poussés. La Peugeot 203 RB reçoit des améliorations au fur et à mesure des faiblesses mises en avant par ses essais, qui portent notamment sur le pont arrière, les suspensions, l’étanchéité du système de freinage. En 1956, le modèle est déclaré mature par l’armée française qui commande douze exemplaires, désormais dénommés 203 VSP, pour des tests toujours plus poussés. Si la Peugeot 203 VSP est encensée par les militaires, aucune commande n’est passée auprès de Peugeot. En effet, suite à la rupture du contrat avec Delahaye, l’armée française a besoin rapidement d’un véhicule de reconnaissance, le constructeur Hotchkiss disposant de la licence de la Jeep pour la France se proposa de lancer une production en France (la Hotchkiss M201) pour l’armée française, ainsi que les pièces de rechange qui sont adaptable aux Jeep US dont nombre étaient encore dans les rangs de l’armée.
Avec l’avantage de l’homogénéité de la maintenance avec les Jeep US, et une Jeep déjà connu pour ses qualités, l’armée passe commande auprès de Hotchkiss. En outre, la proposition de Peugeot, se basant sur les pièces de la grande série, présente un avantage en matière de coût et de disponibilité des pièces, mais pose un problème industriel et budgétaire. Pour bénéficier des avantages de la grande série, la 203 VSP doit être produite à la chaîne avec de fortes cadences que le budget de l’Etat n’aurait pas permis d’absorber en quelques mois. En outre, il était également nécessaire de débloquer des crédits pour constituer une banque de pièces de rechange, une dépense évitable avec la solution proposée par Hotchkiss. La 203 VSP reste ainsi sur un échec malgré de véritables qualités, deux exemplaires ont été conservés par l’armée française et les autres unités restituées à Peugeot qui en utilisa certains comme véhicule de servitude au sein de ses usines, et céda le reliquat à des particuliers.
Les vrl n étaient pas plus fragiles , mais pas à la mode , du coup les conducteurs, n en voulant pas faisaient exprès de les casser
Très intéressant article sur ce véhicule peu connu.