Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les armées du monde prennent conscience de l’utilité de véhicules de reconnaissance, il faut dire que la Jeep, présente sur tous les théâtres d’opération, fut l’un des atouts de l’armée américaine. Dès lors, les industries nationales se mettent à étudier leur version, en Tchécoslovaquie, Skoda tenta de proposer sa vision de la Jeep…
Škoda est l’un des grands acteurs de l’automobile de la Tchécoslovaquie d’alors, avec Tatra ou Praga pour ne citer que les plus connus, des entreprises qui peuvent se trouver en concurrence lors des appels d’offre militaires. Dès les années 1930, Skoda s’intéresse aux véhicules tout-terrains avec, en 1936, la présentation de la Type 903 aux armées, il s’agissait d’une berline décapotable à trois essieux et six roues qui fut produite à quelques unités. Skoda continua à s’intéresser aux véhicules à quatre roues motrices par le biais d’études jusqu’au second conflit mondial, pendant lequel les installations Skoda servent les intérêts de l’occupant.
Une fois l’occupation passée et l’Europe libérée, les armées occidentales prennent conscience de l’intérêt des petites voitures de liaisons et de nombreuses « Jeep nationales » voient le jour. En Tchécoslovaquie, à partir de la 1101, une voiture mise en production en 1946, Skoda en décline une version militaire, la 1101 VO, qui s’équipe d’une carrosserie torpédo typiquement militaire. Mais il ne s’agissait pas encore d’un 4×4, simplement d’une propulsion qui, grâce à une garde au sol réhaussée, pouvait s’aventurer sur des chemins cabossés. La Skoda 1101 VO fut produite à partir de 1948 pour remplacer les Tatra 57K et un peu plus de 4.000 exemplaires voient le jour jusqu’en 1951, en grande partie grâce à l’exportation du modèle vers les pays voisins.
Pour aller encore plus loin, il est nécessaire de disposer d’un véhicule à quatre roues motrices, c’est pourquoi dès le début des années 1950, Skoda se lance dans la conception de véhicules militaires dont notamment le projet 973, une Jeep à la sauce Tchécoslovaque. Le moteur de la 973 est repris à la Skoda 1200, à savoir un quatre cylindres en ligne de 1.221cm3 pour une puissance de 36Ch. La 973 dispose d’une transmission intégrale avec blocage de différentiels, pèse 1.560kg sur la balance et peut rouler jusqu’à 90km/h lorsque les conditions sont réunies. Lors des essais, Skoda porte le moteur jusqu’à 1.491cm3.
Côté franchissement, la Skoda 973 pouvait gravir des pentes jusqu’à 58%, faire fit d’obstacle verticaux jusqu’à 25cm, rouler dans les gués de 60cm… La copie rendue par Skoda est de bonne facture, la 973 est mise en compétition avec des concurrentes issues du bloc de l’Est. Toutefois, malgré des essais concluants, les armées de l’Est optent courant 1953 pour le GAZ-69 de fabrication russe, qui demeure le seul véhicule de liaison pour l’ensemble des forces de l’Est pour permettre d’unifier les armements. La Skoda 973 est donc logiquement renvoyée dans les cartons de Skoda après une petite trentaine d’exemplaires assemblés.