Si le lancement de l’Alpine GTA s’est fait sur les chapeaux de roue depuis la présentation du modèle en 1984, les ventes s’essoufflent rapidement. Pas assez puissantes pour satisfaire tout le monde, une finition mise à mal par la concurrence… Bref, Alpine tente de corriger le tir en toute fin des années 1980 avec la version Mille Miles, une série limitée à 100 unités…
Quand Alpine dévoile la GTA au début de l’année 1985, la Régie Renault fonde alors de grands espoirs pour le développement de sa griffe sportive, puisqu’avec la nouvelle venue, c’est un bond en avant effectuée par rapport à l’A310 puisque la GTA entend bien allier sport et confort afin d’aller jouer sur les plate-bandes de certaines Porsche. Les débuts semblent prometteurs, l’effet de nouveauté aidant, l’arrivée d’une version Turbo six mois après le lancement du modèle et une formule monotype (lire aussi : Alpine GTA EuropaCup) permettent à Renault-Alpine d’engranger des commandes.
Hélas, la qualité de la finition de l’Alpine GTA laisse à désirer, freinant les ardeurs d’une clientèle potentielle, le badge Renault trop omniprésent peut aussi être évoqué dans les causes de l’érosion des ventes du modèle. En 1987, le nouveau président de Renault, Raymond Lévy, entend assainir les comptes de la Régie Renault et, s’il met un terme au rêve américain de la GTA (lire aussi : Alpine GTA US) qui laissa un trou dans les finances d’Alpine, il entend toutefois redonner sa véritable place au blason à partir de l’année 1989.
Cette année là, plusieurs anniversaires sont à célébrer au sein de la Régie et plus particulièrement autours d’Alpine : les 35 ans de la marque, les 20 ans de l’usine de Dieppe et les 10 ans du Bureau d’Etudes et de Recherches Exploratoires de Renault-Alpine. A cette occasion, la Régie Renault entend relancer le blason Alpine en l’émancipant de la marque Renault, et c’est avec la série limitée Mille Miles que l’annonce est faite, une série qui fera seulement 100 heureux. Terminé le logo Renault sur la calandre, c’est désormais un « A bleu » qui prend la relève, et sur la face arrière, seule figure la marque Alpine.
Pour accompagner cette opération marketing, l’Alpine GTA Mille Miles répond aux critiques sur la finition avec un habitacle en grande partie revue et améliorée, elle reçoit ainsi une sellerie cuir intégrale et spécifique, de couleur grise et drapée. La place de bord tant décriée n’est pas corrigée mais habillée d’un cuir noir avec des portes cartes devant le passager. L’équipement n’est pas en reste avec la quasi totalité des options proposée de série : ABS, chaine stéréo. La climatisation n’est pas disponible mais fut disponible en option sur les vingt dernières unités produites.
Sur le plan technique, la GTA Mille Miles est en tout point identique à la GTA V6 Turbo, cette version reprend le V6 PRV dans sa version 2.458cm3 avec un turbocompresseur Garret T3 qui permet d’offrir une puissance de 200Ch permettant une vitesse maximale à 250km/h. La boite de vitesse, le châssis, les réglages sont tous identiques à la GTA V6. C’est donc sur sa présentation extérieure que la voiture se démarque avec une teinte unique, le rouge nacré vernis écarlate. Un adhésif prend place derrière l’optique gauche avec l’appellation Mille Miles, en souvenir des faits d’armes de l’Alpine A106 sur cette épreuve sportive. Enfin, les jantes à ailettes sont polies et vernies.
Au delà d’être une opération marketing, l’Alpine GTA Mille Miles permet de relancer la marque Alpine, Renault met en place un réseau de distribution et de réparation des Alpine avec des concessionnaires sensibilisés à travailler l’image de la marque, afin de préparer le terrain à la nouvelle Alpine qui sortira en 1992, l’A610 (lire aussi : Alpine A610). Quant à la GTA Mille Miles, vendue au prix assez élevé de 305.000 Francs, les 99 exemplaires commercialisés trouvent rapidement preneur, le dernier, la n°1, restera dans les réserves de Renault.