La Mercedes 190SL, voilà une voiture remarquable dans l’histoire du constructeur allemand avec une ligne s’inspirant de la mythique 300SL. C’est justement cette proximité stylistique qui fait tout le charme de la voiture, et quand la 300SL voit sa cote flirter le million lors des ventes aux enchères, c’est tout naturellement que les passionnés se tournent vers ce modèle plus accessible… et hélas devenu intouchable aujourd’hui. Mais ne boudons pas notre plaisir, aujourd’hui, j’ai l’occasion de vous amener à bord d’une 190SL pour faire un tour en passager…
A partir de 1952, Mercedes-Benz fait un retour triomphal en compétition après y avoir été écarté quelques années suite à la seconde guerre mondiale. Ce programme sportif permet à la marque allemande de remporter quelques victoires majeures comme la Carrera Panamericana, ou encore les 24 heures du Mans avec une voiture nommée 300SL. La ligne de cette dernière sait attirer les regards vers elle autant que ses performances, d’ailleurs, l’importateur américain Max Hoffman arrive à convaincre Mercedes, non sans mal, d’en dériver une version civile. La 300SL naissait en 1954 et connait un important succès (lire aussi : La Mercedes 300SL).
Toutefois, la 300SL était une voiture exclusive, bien trop chère pour de nombreux clients, d’autant qu’aux Etats-Unis, le créneau des roadsters européens était en vogue. Max Hoffman réalise alors un second coup de maître, convaincre Mercedes de lancer l’étude d’un petit roadster plus abordable qui conserverait les grandes lignes de la 300SL, alors que cette dernière n’était toujours pas lancée. Dès 1953, les ingénieurs allemands étudient la faisabilité de ce projet et partent sur une base de berline W120 raccourcie, sur laquelle ils greffent un quatre cylindres en ligne de 1.897cm3, et surtout, une ligne signée Karl Wilfret et Walter Hackert qui rappelle en tout point sa grande sœur.
Visant avant tout le marché américain, la 190SL est dévoilée au public le 6 février 1954 dans le cadre du salon de New-York, la voiture n’était alors qu’un prototype dévoilé sans doute pour prendre la température du marché, car la version définitive n’est présentée qu’en mars 1955 lors du salon de Genève. La commercialisation est effective dans les semaines qui suivent, la 190SL est proposée en version cabriolet, hard-top, et même en roadster pour la compétition. Le succès de la voiture est immédiat, le marché américain absorbe 80% de la production, le reste des exemplaires est écoulé avant tout en Allemagne. Ailleurs, la Mercedes 190SL a du mal à s’imposer, victime de la rancœur des européens envers tout ce qui était allemand.
Heureusement, la Mercedes 190 SL n’avait rien à voir avec un Panzer, l’exemplaire qui croise notre chemin, en date de 1958, va nous le montrer. Le premier contact avec cette voiture commence par la carrosserie, la ligne de la 190SL est à la fois élégante et racée, et bien que moins sportive que sa grande sœur 300SL, la voiture dispose d’un véritable charme sans user d’artifices tel que les portes papillons, à l’évident impossible sur un roadster. C’est surtout sur l’élégance que mise la 190SL afin de plaire à une clientèle bourgeoise avec des courbes fluides qui charment une grande majorité des passionnés de voitures anciennes. La teinte bordeaux et la capote en alpaga beige subliment l’ensemble, en même temps, rares sont les couleurs n’allant pas à cette voiture.
On pourrait tourner autour de la 190SL pendant des heures à admirer ses lignes, alors écourtons quelque peu notre plaisir pour prendre place dans l’habitable. A l’intérieur, la place permettrait aux grands gabarits de s’installer sans problème, et à peine assis, nous savons que nous sommes dans une voiture d’exception. La qualité des matériaux, la finition ou encore les instruments de bord sont typiques des années 1950 et du savoir faire de Mercedes-Benz, il n’y a pas de fausse note. Face au conducteur, un très large volant prend place avec un cerclage chromé pour le klaxon, et derrière celui-ci se cache deux importants cadrans entourés de chrome : l’un pour le compte-tours, l’autre pour le tachymètre gradué en km/h, car c’est bien une 190SL d’origine française que nous avons. D’autres petits compteurs se cachent sous ces derniers, hélas, du poste de conducteur, leur lecture n’est pas aisée à cause du volant… Enfin, l’équipement est complété par un poste de radio qui trône fièrement au centre de la planche de bord. Bref, le grand luxe.
Comme vous l‘avez compris, le tableau de bord laisse la part belle aux chromes, une casquette en cuir marron le recouvre. Ce même cuir, on le retrouve sur les fauteuils et sur les panneaux de portes, un cuir vieilli affichant une superbe patine, tout comme les divers chromes ou le bois du volant recouvert de microfissures du plus bel effet. Bref, nous sommes face à une voiture authentique qui a pris quelques rides avec le temps, la rendant encore plus désirable. Pour le reste, une épaisse moquette recouvre le reste de l’habitacle sauf sur le sol où un tapis en caoutchouc bleu prend place. En revanche, la 190SL est une stricte deux places, car derrière les fauteuils, le peu d’espace permet d’y loger quelques bagages à main, Mercedes n’a même pas tenté d’y mettre une banquette, ne serait-ce pour loger quelqu’un transversalement.
Si je n’ai pas eu la chance de pouvoir essayer cette Mercedes 190SL, c’est à la place du passager que j’ai eu l’occasion de faire un tour avec mon pilote habituel, Ludovic du Relais de l’Auto Ancienne aux commandes, qui n’hésite pas à me partager ses sensations ou me montrer les diverses commandes de la voiture. Niveau ergonomie, il y a des détails fort intéressants, comme la commande de plein phare qui se manie au pied avec un petit interrupteur à droite de la pédale d’embrayage ! Mais partons sur la route, contact mis, il faut tirer sur la commande du démarreur pour lancer le moteur, puis chercher la poignée du frein à main qui se cache sous la partie gauche tableau de bord, enclencher la première, et … gaaaaaaaz
A la première accélération, un mythe tombe, le quatre cylindres de la 190SL n’a pas la sonorité envoûtante d’une voiture sportive, on pourrait presque croire que l’on est face à un moteur industriel… En revanche, les 105Cv annoncés par Mercedes semblent présents, l’accélération est franche (la fiche technique compte 14,3 secondes pour atteindre les 100km/h) et la boite à quatre rapports se manie sans soucis. Par contre, la 190SL n’est définitivement pas une sportive et doit se considérer comme une routière, autrement dit, une voiture pour se balader sans chercher à claquer un chrono ou exploser le compteur. De toute façon, les qualités routières de la 190SL rappelleraient vite son conducteur à la raison avec un roulis prononcé ou encore un freinage perfectible. Quant au confort, loin d’être mauvais avec des assises de bonne facture, l’absence de maintiens latéraux se fait sentir en virage, et la voiture a la fâcheuse tendance de laisser entrer de nombreux courants d’air…
Au final, peut-on en conclure que la 190SL n’est pas une si bonne voiture que ça ? Heureusement que non, la 190SL fait parti de ces voitures que l’on admire pour sa plastique, faisant parti des plus belles Mercedes jamais produites. Surtout, la Mercedes 190SL est une voiture que son conducteur doit respecter et vivre à son rythme, rien ne sert de la brusquer car c’est elle qui mène la danse à son rythme, bref, une voiture pour faire du cruising cheveux aux vents sans se soucier de se faire doubler par des voitures plus roturières… Et si la 190SL permettait trouver une philosophie autre que celle des roadsters anglais, sa cote qui a explosé ces dix dernières années exclue nombre de passionnés à en posséder une, car le ticket d’entrée se situe facilement autours des 100.000€…
Les +
_ Voiture mythique
_ Carrosserie désirable
_ intérieur spacieux et luxueux
Les –
_ Le moteur : bruit, sous motorisé…
_ tenue de route
_ Voiture surcotée
Conclusion
Est-ce que le plumage de la 190SL n’est pas plus beau que son ramage ? Tout dépend de la façon dont on considère sa voiture idéale. La 190SL est pour moi l’une des plus belles voitures produite par Mercedes, que je préfère largement à une 300SL que je trouve trop surfaite, mais je dois bien avouer avoir été déçu par le bruit de son moteur. Sur le comportement routier, n’ayant pas forcément le pied lourd, le caractère de voiture de ballade de la 190SL me plait mais je m’attendais à beaucoup plus d’une telle voiture… Aller, heureusement qui lui reste sa ligne indémodable qui continuera toujours à me séduire !
A priori, la cote devrait s’infléchir. Même les vendeurs commencent à la rabaisser…
En tout cas, c’est exactement l’idée que je me faisais de la voiture ! J’en essayerais quand même une à l’occase.