Un héritage encombrant, voilà comment résumer en quelques mots l’histoire de la Talbot Tagora. Voiture développée sous l’ère Chrysler puis commercialisée sous l’ère Peugeot, la Tagora se livrait à une féroce concurrence entre deux autres voitures du même groupe : la CX et la 604. Et malgré les qualités indéniables de la Tagora, la voiture fut un échec…
Depuis le milieu des années 1960, Simca qui venait d’entrer dans le groupe fermé des grands constructeurs français passe sous pavillon américain pour former la division Chrysler Europe avec Rootes pour l’Anglette et Barreiros pour l’Espagne, chaque marque est conservée mais apparaît petit à petit le logo Chrysler à leurs côtés, chacune conserve aussi son bureau d’études. Pour le haut de gamme, c’est l’anglais Rootes qui développe le modèle 160/180, une voiture qui a eu du mal à s’imposer sur le marché.
De plus, la concurrence des constructeurs allemands mais aussi de quelques haut-de gamme français mettaient cette voiture hors compétition, c’est pourquoi au milieu des années 1970, Chrysler lance le développement d’une véritable berline haut de gamme capable de rivaliser avec ce qu’il se fait de mieux sur ce créneau. Le projet C9 démarre en 1976, il est confié toujours au bureau d’étude anglais de Rootes qui développe une ligne classique à trois volumes, avec un moteur quatre cylindres Chrysler et propulsion. La maison mère demande aussi à ce que le projet puisse accueillir un six cylindres en ligne.
En 1977, le projet C9 arrive à maturité, les lignes du prototype son arrêtées, l’habitacle aussi qui présente une très bonne habitabilité, un critère important pour un haut de gamme, sans oublier un équipement complet reprenant nombre d‘équipements monté sur les voitures américaines. Côté mécanique, les liaisons au sol sont modernes pour l’époque avec une suspension à quatre roues indépendantes. Et déjà, le volet commercial s’ouvre avec des sondages favorables, un prix de vente attractif et un volume de production annuel entre 60.000 et 70.000 exemplaires, parfaitement adapté pour l’usine de Poissy.
Hélas, Chrysler est en mauvaise posture financière et doit rapidement trouver des liquidités, pour cela, la filiale Chrysler Europe est mise en vente. Avec le fleuron industriel qu’est Simca, le monde politique ne pouvait pas s’abstenir d’intervenir et pousse Peugeot à se porter acquéreur, la transaction se conclue au cour de l’été 1978. L’une des premières mesure du nouveau propriétaire fut de rebadger Simca en Talbot pour enlever tout lien avec Chrysler, et de maintenir les projets en cours.
Mais le projet C9 pose problème, Peugeot remarque la voiture entrera en concurrence avec les Peugeot 505 mais aussi la 604, mais il était trop avancé pour l’abandonner. Alors Peugeot choisit d’aller vers les économies : plate-forme de 505, moteur V6 PRV et conservation du quatre cylindres Chrysler. Pour le nom, cette Talbot répondra à la nomination de « Tagora », sa présentation est réalisée dans le cadre du Salon de Paris d’Octobre 1980, la commercialisation débute quant à elle en Février 1981.
Et la Talbot Tagora plait au public, sa ligne de limousine avec son capot et son coffre proéminents, sa ligne tendue, sa calandre effilée et sa grande surface vitrée sont dans l’ère du temps et s’intègrent parfaitement sur le segment des haut de gamme. L’intérieur quant à lui reprend les grandes lignes de l’époque, sans réelle nouveauté : il faut dire que le dessin commence à dater, la commercialisation de la voiture avait pris du retard. Néanmoins, son style épuré semble plaire. Les seules critiques qui apparaissent sont le train arrière trop étroit au niveau des passages de roues (causé par la base de la 505...) et une finition en retrait par rapport à la concurrence.
Quant à la gamme, elle est composée au lancement de deux modèles : la GL avec un quatre cylindres de 2.155cm de 115Cv commercialisée 58.700 Francs, et la GLS qui reprend la même base mais avec une finition plus travaillée. Offerte à 66.000 Francs, elle proposait d’origine une longue liste d’équipements, avec entre autre une direction assistée, une fermeture centralisée…
Il faut ensuite attendre 1982 pour voir du nouveau, le V6 PRV apparait enfin sur une version nommée SX à l’équipement identique à la GLS mais encore plus complet (vitres teintées, quatre freins à disques, ordinateur de bord, climatisation…). Le moteur proposait 165Ch, une boite à cinq rapports. En somme, elle était la voiture de série française la plus puissante ! Mais le prix était élevé, il fallait s’aquitter de 88.300 Francs pour s’offrir la Tagora SX. La même année, apparait la Tagora DT avec son moteur turbo diesel de 80Ch. Talbot bénéficiait alors du savoir faire de Peugeot en la matière.
Du point de vue des ventes, on dénombre 502 exemplaires commercialisés en 1980 (en réalité, jusqu’en Juillet 1981), puis 15.687 exemplaires pour le millésime 1981. Les ventes sont en dessous des estimations du projet Tagora mais un chiffre si bas s’explique par la conjonction de plusieurs éléments : les crises pétrolières étaient encore d’actualité et freinaient le marché du haut de gamme, les grèves à répétition à Poissy, le retard de la commercialisation de la voiture… Mais surtout, le mariage Peugeot-Talbot s’est fait dans la douleur : après le rachat de Citroën en 1976, celui de Chrysler Europe en 1978 a du mal à passer. D’une part, si Peugeot-Citroën-Talbot devient le quatrième constructeur mondial, la firme est au bord du gouffre au début des années 1980 et se sépare d’un tiers de ses effectifs.
De plus, la Tagora rentrait en concurrence frontale avec la 604. Si dans un premier temps les experts ont pensé bon de développer la Tagora pour doubler les chances de s’imposer sur le haut de gamme, les deux voitures se livrent finalement à une guerre. Et Peugeot soldera rapidement son compte en la sabordant, avec un réseau de distribution réticent à vendre des produits Talbot, et surtout, en l’effaçant derrière la 604. C’est ainsi qu’en 1982, le nombre de Tagora commercialisées chute à 2.624 exemplaires, et 1.320 exemplaires en 1983.
La Talbot Tagora s’arrête là après cette courte carrière de quatre ans et la diffusion de 20.133 exemplaires, dont les derniers sont bradés en Espagne. Quant à la marque Talbot, elle devenait une véritable ruine : les Talbot intègrent le réseau Peugeot, les concessionnaires anciennement Simca préfèrent passer à la concurrence étrangère et la marque fini par s’éteindre en 1986…
Bonjour, je cherche une tagora essence en bon état si vous entendez parler… Cordialement Mr Druelle
bjr je suis propriétaire d une tagora 2.2 gl de 1982 ,remisée au sec depuis quelques année si vous êtes encore intéressé vous pouvez me contacter au [spoiler] 0321715659 [/spoiler] merci de me répondre quel que soit votre intérêt a ce message.
Cordialement. Claude
Bonjour
Auriez-vous toujours votre tagora à vendre ?
Merci
Cordialement
Pierrick
les meilleures voitures que je n’ai jamais utilisé sur le plan professionnel,une neuve et deux occasions,plus de 600 000 km parcouru au total un prix au km roulant défiant toute concurrence,pendant que mes collègues roulaient pour rembourser leur crédit voiture,mes Tagora ,elle,remboursaient l’achat de ma maison !!!
Trop belle mais trop tard pour l’ogre Peugeot pour ne pas faire de l’ombre à la 604
Elle est restée dans l’ombre de sa « cousine » 604 qu’il était de bon ton de privilégier ! Dommage parce que la Tagora faisait plus dynamique que la statuaire sochalienne !