Lors de la déclaration de guerre à l’Allemagne en septembre 1939, l’armée française fait appel aux constructeurs nationaux pour s’équiper en véhicules, et notamment en utilitaires. Peugeot développe en quelques semaines une camionnette bâchée nommée DK5…
Lorsque la France déclare la guerre à l’Allemagne le 03 septembre 1939, l’armée française demanda aux constructeurs nationaux de tourner leur production vers des véhicules adaptés pour la guerre à venir. Chez Peugeot, on réduit la production aux Peugeot 202 et 402 en version berline, que l’armée commanda pour en faire des voitures de liaison. Mais ce dont l’armée a le plus besoin, c’est d’utilitaires, et hélas, la gamme Peugeot est fort dépourvue en la matière. L’armée commanda du Type 23 à Citroën, des AGR à Renault, des camions 5 tonnes chez Matford – Ford SAF… Rien qui n’existait chez Peugeot, aux mieux, le catalogue du constructeur sochalien proposait alors la MK5 avec 1.200kg de charge utile, une charge trop faible pour l’armée qui demande 1.500kg au minimum.
Si l’armée demande à chaque constructeur de travailler dans sa spécialité, elle incita Peugeot à décliner sa grande berline 402 en une version utilitaire. Peugeot part d’un châssis de 402, le renforce et y monte des suspensions adaptées pour supporter une charge utile de 1.500kg. Pour le moteur, Peugeot reste sur le quatre cylindres en ligne de la 402B, le TH2 de 2.100cm3 à culasse en fonte. Un premier prototype est présenté fin septembre 1939, il prend la forme d’une camionnette bâchée aux roues arrières jumelées et dispose d’une charge utile de 1.200kg dans sa version militaire (1.400 en version civile, mais l’armée applique une décote). Le prototype ne répond pas aux cahier des charges des militaires, mais faute de mieux, elle passe commande auprès de Peugeot le 27 septembre 1939. Le DK5 est un modèle provisoire, Peugeot préparant alors une véritable camionnette de 1.500kg de charge utile, le futur DMA que l’armée française ne connaitra pas…
Les premières livraisons du DK5 débutent à partir de novembre 1939, les plannings de production sont biens tenus par Peugeot qui prend rapidement de l’avance sur les livraisons à l’armée, si bien que le constructeur arrive à fournir des DK5 sur le marché civil, puis dès janvier 1940, Peugeot propose des déclinaisons du DK5 à l’armée : cabine tôlée, ambulance légère, roues non jumelées… des versions non retenues pour ne pas disperser les forces de production. Toutefois, l’armée commanda au printemps 1940 700 Peugeot DK5 en version tôlée pour en faire des voitures de transmission radio. C’est également à cette même époque que la capucine du DK5 (cette pièce de carrosserie au-dessus de la cabine) change de forme, elle était jusque-là rapportée par soudure, elle est désormais réalisée par emboutissage dès le début de l’année 1940.
Au sein de l’armée française, la Peugeot DK5 sert principalement dans les unités d’infanterie comme camionnette tactique, car la DK5 peut embarquer un groupe de combat de 10 hommes et un sergent. La garde au sol de la Peugeot DK5 lui permet de passer nombre d’obstacles, son moteur offre nervosité et d’excellentes reprises. Malheureusement, la tactique allemande de la guerre éclair prend de court l’armée française, et la France passe sous l’ère de l’occupation. Les usines Peugeot passent sous contrôle allemand qui ordonne la reprise de la production du DK5 pour ses besoins, quelques rares exemplaires peuvent être commercialisés sur le marché civil pour lequel il est développé une version gazogène. En novembre 1941, la production du DK5 est définitivement stoppée après une production estimée à 6.225 exemplaires.
Sources : - L'automobile sous l'uniforme, 1939-1940,François VAUVILLIER et Jean-Michel TOURAINE, éditions Massin. P.65. - Véhicules militaires magazine, n° 41, Robert LEGUEUX, p. 37 et suivantes.