Renault a toujours rêvé de conquérir le marché américain, et malgré l’échec des années 1950/1960, Renault est toujours resté présent mais discret sur le nouveau continent. Mais dans les années 1970, la coopération avec le constructeur AMC relance les espoirs de la Régie qui lance la commercialisation aux Etats-Unis sa Renault 5 sous la dénomination « Le Car ».
Dans les années 1970, la constructeurs américains se voient concurrencés sur leur propre terrain par les voitures japonaises dont les arguments de fiabilité et d’usage économe font mouche auprès de la clientèle. Les américains ripostent, AMC le premier avec sa Gremlin présentée en 1970 puis plus tard, la Pacer en 1975. Si ces deux modèles fonctionnent, ils ne visent pas exactement la même cible que les voitures japonaises. De plus, l’heure est au choc pétrolier, le client recherche désormais des voitures économes.
Alors quatrième constructeur américain, AMC se tourne vers Renault dont la présence aux Etats-Unis est anecdotique, mais le constructeur français ne cache pas ses ambitions vis-à-vis du marché américain. L’idée d’un partenariat fait surface, les deux acteurs avaient déjà collaboré dans les années 1960 avec la Renault Rambler vendue en Europe. Cette fois, c’est le chemin inverse, on envisage la commercialisation d’une Renault aux Etats-Unis. Et pour concurrencer les voitures japonaises, c’est la Renault 5 qui fut choisie.
La carrière américaine de la Renault 5 est lancée au début de l’année 1976, quatre ans après sa présentation en Europe où la voiture fait fureur. Pour conquérir le cœur des américains, la Renault 5 est modifiée et adaptée : la voiture se la joue fun avec des coloris flashys agrémentés de bandes latérales et autres stickers en tout genre. Cependant, le nom « Renault 5″ ne marque pas les esprits, la voiture change de dénomination à la fin de l’année pour s’appeler « Le Car by Renault », un nom qui veut rappeler le « chic à la française ».
Mais ce n’est pas tout, les normes américaines imposent aussi quelques changements significatifs sur la voiture comparé à la Renault 5 française. C’est ainsi que la Le Car s’équipe de pare-chocs plus proéminent pour s’équiper de zones de déformation, les phares sont reculés et perdent leur vitrage, et des catadioptres font leur apparition sur les ailes de la voiture. Quant à l’habitacle, la Le Car reprend celui de la 5 TS en y rajoutant une climatisation, un toit ouvrant en toile, une option fauteuils en cuir…
Sous le capot, c’est le quatre cylindres de 1.400cm3 qui prend place mais dont la puissance a été dégonflée à 55Cv pour répondre aux normes d’anti-pollution. Mais avec sa conception européenne, la voiture à deux défauts majeurs pour les Etats-Unis : c’est une traction et elle dispose seulement d’une boite de vitesse manuelle.
Mais Renault espère bien écouler des Le Car en nombre aux Etats-Unis, en s’appuyant sur le réseau AMC qui comptait plus de 1.000 agents à travers le pays. De plus, l’argumentaire de vente de la Le Car fait appel au succès rencontré par la voiture en Europe ou encore son côté économique tout aussi bien à l’achat qu’à l’utilisation. Et pour finir de se rassurer, Renault et AMC misent sur une campagne de publicité offensive. Hélas, la clientèle ne se pressa par pour autant dans les concessions pour acheter une Le Car, la première année de commercialisation voit 6.800 exemplaires écoulés…
Des chiffres médiocres qui vont toutefois s’améliorer au fil du temps, la Renault Le Car s’affichant en compétition aidant, c’est surtout la seconde crise pétrolière qui fut l’évènement déclencheur. Dans le même temps, la collaboration AMC-Renault évolue avec la prise de 5% du capital d’AMC par Renault avant de prendre le contrôle du constructeur américain en difficulté en 1979. Et ce sont désormais les différents services d’AMC qui s’occupent de la commercialisation de la le Car.
En 1980, la le Car reçoit un restylage qui modifie sa face avant avec de nouveaux pare-chocs et des optiques carrés. Cette même année, les normes anti-pollution se durcirent, contraignant de diminuer la puissance de la Le Car à 51Cv. Puis en 1981, la Le Car à quatre portes et hayon fait son apparition sur le marché américain pour tenter de renforcer les ventes. La recette marche, puisqu’en 1982, la Renault Le Car fait une pointe à 37.000 unités écoulées.
Toutefois, le modèle est en fin de carrière, ses jours sont désormais comptés pour laisser place en 1983 à deux remplaçantes, les Renault Alliance et Encore. Quant à la Renault 5, elle s’efface en 1984 sans avoir connu un véritable succès, on pourrait presque dire qu’il s’agit d’un échec commercial.