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Camiva : l’histoire de la marque

         Fondée en 1970, la CAMIVA est un préparateur français de véhicules destinés aux pompiers et autres services de secours et de lutte contre les incendies. Fondée sur les bases de Guinard Incendie et du pôle « voirie-incendie » de Berliet, la Camiva se fait une place important sur le marché français et international… 

          CAMIVA (acronyme de Constructeurs Associés de Matériels d’Incendie, Voirie et Aviation) est une société fondée en 1970 sous la forme d’une Société Anonyme, née de l’union entre la société Guinard Incendie et de Berliet. CAMIVA reprend la totalité des actifs de la société Guinard Incendie, y compris le siège social qui demeure à SAINT-ALBAN-LEYSSE en Savoie, Berliet apportant de son côté son département « voirie-incendie », et surtout, permet à CAMIVA d’utiliser ses poids-lourds pour construire des véhicules de lutte contre l’incendie. Le 14 septembre 1971, Camiva inaugure une usine flambant neuve en présence de Paul Berliet et d’André Bord, secrétaire d’état auprès du Ministre de l’Intérieur.

                Au tout début de son activité, CAMIVA continue de commercialiser les produits de la Société Guinard, dont le fourgon Premier Secours sur base Citroën Type N « Belphegor ». A cette époque, il existait des liens capitalistiques entre Citroën et Berliet, on retrouve ainsi dans la gamme CAMIVA des ambulances sur base Citroën ID/DS, GS et HY fabriquées par le carrossier Currus. Est également repris par CAMIVA le camion de lutte contre les feux de foret FF 415 qui fut produit à plus de 500 unités, une belle réussite pour de véhicules à usage spécifique et concurrençant alors l’Unimog de Mercedes. En quelques mois, Camiva trouve sa clientèle, en fait, l’ancienne clientèle de ses fondateurs pour l’essentiel.

              Petit à petit, la production CAMIVA s’effectue principalement sur des porteurs Berliet, la qualité des productions fait rapidement sa réputation, certains véhicules connaissent un important succès comme le fourgon pompe-tonne (FPT) sur base Berliet KB, produit à plus de mille exemplaire et commun à bien des casernes. Camiva, en tant que préparateur, peut également réaliser des véhicules à la demande des clients et travaille ainsi sur différents porteurs,  on retrouve ainsi des Saviem CAMIVA, ou plus rarement des porteurs étrangers sur base Mercedes, Fiat… Camiva commercialise aussi des ambulances sur base Peugeot J7. En 1974, Camiva transforme environ 500 véhicules à l’année, et produit 500 motopompes.

                  La gamme de Camiva est alors très riche, allant de la petite motopompe à la motopompe remorquable, de l’ambulance sanitaire sur base de break à l’ambulance pour caserne de pompier, des fourgons pompe tonne léger, moyen et lourds, ainsi que des camions citerne. Camiva produit également des grandes échelles, mais c’est alors le point faible de l’entreprise, de fait, elle reprend l’accord qui avait été conclu entre Berliet et l’allemand Magirus pour produire des échelles sous licence. Il y eu bien une tentative d’utiliser des échelles françaises Riffaud, mais l’aventure tourna court. Le chiffre d’affaire de Camiva progresse d’année en année, l’entreprise arrive à trouver et fidéliser une clientèle tant en France qu’à l’export.

                   Par la force des choses, lorsque Berliet  et Renault s’unissent en 1978 pour former Renault Véhicules Industriels, Camiva gravite désormais dans ce nouveau groupe et devient le champion français dans le domaine du matériel de secours, disposant d’un savoir-faire reconnu et pouvant s’appuyer sur le réseau de R.V.I.. Désormais, les porteurs sont principalement des Renault, toutefois, dans le domaine des camions de lutte contre les incendies de forêts, Fiat arrive à placer son 75PC (sous les marques IVECO ou UNIC) auprès des pompiers. Camiva tenta bien de répondre en proposant une version civile du TRM2000, sans succès, c’est pourquoi Camiva travailla sur le porteur italien. Idem du côté des ambulances, si Camiva en propose sur base Renault Master, il en commercialise également sur base Peugeot J9 pour capter une clientèle la plus large possible.

            En 1983, Camiva commercialise une grande-échelle de sa conception, totalement française, l’entreprise innove en proposant une échelle « semi-automatique », pilotée par un microprocesseur, ce qui en fait une première mondiale, permettant à Camiva d’engranger de nombreuses commandes dans les années qui suivent, aussi bien en France qu’à l’étranger. Disponible sur de nombreux porteurs, Renault de préférence, elle peut être construite sur un châssis surbaissé fournit par PPM (Potain Poclain Matériel) avec moteur et cabine Renault (lire aussi : Camiva-PPM EPA 30). A l’étranger, l’échelle Camiva est montée sur porteur Mercedes (Allemagne et Suisse) ou Dennis (Royaume-Uni). 

               Pour le reste des années 1980, Camiva fait évoluer sa gamme au fur et à mesure des changements apportés sur les véhicules Renault Véhicules Industriels, continue d’innover en proposant un système automatique de régulation des pompes, puis refond sa gamme de camions de lutte contre les feux de forêt à la fin des années 1980 avant de lancer de nouveaux véhicules aéroportuaires au début des années 1990. Malheureusement, les commandes diminuent en nombre au début des années 1990, Camiva reste toutefois leader sur son marché national en captant plus de la moitié des commandes de véhicules lourds pour équiper les pompiers.

                 En 1996, Renault est tout juste privatisé et l’entreprise décide de faire de la voiture particulière son corps de métier, et programme de se désengager des autres activités : poids-lourds, autobus, matériel agricole. Camiva est le premier à en faire les frais, l’entité est cédée en 1997 au groupe FIAT-IVECO et intègre la filiale IVECO EUROFIRE, alors champion européen du matériel de lutte contre l’incendie, renommé en 2005 IVECO MAGIRUS. Camiva continua à proposer des transformation sur porteur Renault jusqu’au milieu des années 2000, les camions IVECO prennent une place de plus en plus importante. Le nom Camiva perdure malgré la fermeture de l’usine historique de Camiva en 2012 au profit de l’usine MAGIRUS d’ULM en Allemagne. Un nouveau site est maintenu en Savoie mais limité en unité de maintenance et de transformation de véhicules à l’unité.