En 1986, Renault présente au salon de Genève une Supercinq cabriolet, œuvre du carrossier Belge EBS dont la commercialisation semble imminente. Hélas, le client pourra attendre longtemps cette version qui fut finalement diffusée timidement par son créateur…
A l’origine, le Néerlandais Ernst Berg, pilote, fonde en 1983 la société EBS (pour Ernst Berg Systems) pour promouvoir la transformation de voitures en cabriolet. En 1984, quand apparait la Renault Supercinq, EBS en développe une version cabriolet sans arceau de sécurité, sur un dessin de Didier Bussat, dont la version définitive est dévoilée en février 1985 lors du salon d’Amsterdam. Chez Renault, cette initiative est remarquée et le centre technique de la Régie évalue la voiture au printemps suivant. Fin 1985, porté par Georges Besse, le PDG de Renault, un accord de production est conclu entre les deux acteurs et 10.000 exemplaires de Renault Supercinq Cabriolet sont envisagés.
EBS doit toutefois passer à un stade industriel pour remplir ses obligations contractuelles et investit massivement : une usine est achetée à Zaventem, dans la banlieue de Bruxelles, et surtout, située à quelques kilomètres de l’usine Renault de Vilvoorde qui produisait alors des Supercinq. Il était prévu qu’EBS reçoit des caisses brutes de Supercinq pour les modifier en cabriolet, lesquelles sont renvoyées chez Renault pour recevoir les finitions.
Si la version définitive est dévoilée lors du salon de l’automobile de Genève en mars 1986, avec une commercialisation envisagée dans l’année, le lancement de la « Supercinq cabriolet » est retardé pour régler plusieurs imperfections. Hélas, Georges Besse est assassiné le 17 novembre 1986, Raymond Lévy prend la tête de Renault et opère des coupes nettes pour redresser la Régie. Le contrat avec EBS est donc rompu unilatéralement par Renault avant même que la première Supercinq cabriolet.
Si EBS a certainement dû recevoir un dédommagement de la part de la Régie, le carrossier belge se retrouve avec une usine et du matériel de production qu’il faut bien faire tourner. EBS décide de continuer seul l’aventure, sa voiture trouvant un écho auprès de certains distributeurs/concessionnaires. Toutefois, sans le support de Renault, l’aventure devient artisanale et EBS travaille à partir de Supercinq déjà assemblées, et tarifait sa prestation entre 30.000 et 40.000 Francs, auquel il fallait donc rajouter l’achat d’une Supercinq neuve.
Difficile, dès lors, de toucher un large public, d’autant que le carrossier EBS demande 10% d’acompte à la commande; quand en face, Peugeot proposait une 205 cabriolet de série, le client pouvant également aller chez Volkswagen chercher une Golf Cabriolet, voire chez BMW pour passer commande d’une E30. Toutefois, on peut noter que EBS pouvait travailler à partir de n’importe quel Supercinq, de la version de base à la GT Turbo, en passant par la Baccara…
La Supercinq Cabriolet EBS fut produite entre 1987 et 1991, puis à la commande jusqu’en 1996, année de disparition de la Supercinq… et d’EBS, qui œuvra entre temps à modifier la Lada Samara en cabriolet. Quant aux chiffres de production, ils diffèrent selon les sources, il est estimé à environ 850 le nombre de Supercinq cabriolet signées par EBS. En France, le carrossier Gruau proposa son interprétation de la Supercinq cabriolet avec la Belle-Ile, diffusée à partir de 1989 dont la commercialisation fut tout aussi timide…
Sources : - Losange Magazine n°6, été 2019 (lien).
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