Le TRM 2000 fait parti de ces véhicules qui hantent les casernes de nos armées, et pour cause, plus de 30 ans après sa présentation, les derniers représentants du TRM2000 sont encore en service. Zoom sur l’une des bêtes de somme de l’armée de terre.
A la fin des années 1970, les camionnettes tactiques de l’armée française sont des Simca Marmon ou des Saviem TP3 pour les plus récentes, mais la Grande Muette utilise encore des Renault R2087, des Dodge WC62 et 63 et quelques rares Mercedes Unimog. La camionnette tactique est un véhicule prisé chez les militaires, une bête de somme capable de transporter soldat ou matériel au plus près des hostilités grâce à de nombreuses qualités : bon franchiseur, léger, facile à déployer… A l’horizon 1980, l’armée française souhaite rajeunir son parc de camionnettes tactiques tout en le rationalisant. A cette fin, l’Etat Major lance un appel d’offre d’un camion léger, tout-terrain, aérotransportable et d’une charge utile de deux tonnes ou pouvant transporter un groupe de combat de douze soldats. A la clé, l’Armée française estime le besoin à douze mille véhicules.
A l’appel d’offre, cinq constructeurs répondent : Mercedes et son Unimog, Magirus avec le 130 M7, Unic avec le 75 PM, ACMAT avec le VLRA et Renault-Saviem avec le TRM 2000. Saviem a fait le choix d’adapter un modèle commercial aux besoins militaires, le TRM 2000 récupère la cabine « Club des Quatre » du Saviem J (et partagée avec le Magirus 130 M7) et reçoit une transmission intégrale (TRM signifie Toutes Roues Motrices et 2000kg de charge utile) tout en utilisant des composants civils ayant déjà fait leur preuve. Le TRM 2000 et ses concurrents sont testés par l’Etablissement Technique d’Angers de 1977 à 1978 qui exclue l’Unimog et convie les quatre lauréats à de nouveaux tests à partir de janvier 1979. Des essais qui s’effectuent jusqu’en 1980 par la Section Technique de l’armée de terre puis au sein des casernes en « conditions réelles ».
Le Renault-Saviem TRM 2000 se démarque du lot (peut-être aussi parce que Renault était une Régie d’Etat), l’armée et Renault Véhicules Industriels travaillent ensemble pour améliorer le véhicule qui est définitivement adopté le 27 février 1981, puis présenté au grand public en mars 1981. Entre les versions d’essais et la version définitive, la calandre perd son bagde SAVIEM, désormais intégré au sein de Renault Véhicules Industriels, les optiques migrent de la calandre vers le pare-chocs et sont simplifiés à l’extrême. Lors de sa présentation au public, Renault met en avant les capacités de franchissements du TRM 2000 : il peut franchir des gués de 80cm, gravir des pentes de 50% en étant chargé et peut subir un dévers de 30%, grâce notamment à ses deux ponts portiques lui conférant une garde au sol de 42cm.
Le TRM 2000 est retenu par l’armée française avec le moteur quatre cylindres MAN de 3,595 litres, équipé d’un turbo, développant 117 Ch DIN. La transmission s’effectue par une boite à cinq rapports totalement synchronisés, une boite très courte pour favoriser au mieux le couple pour l’usage tout-terrain. La vitesse de pointe du TRM 2000 plafonne vite, 89km/h sur route, 43km/h sur terrain accidentés, mais ce n’est pas là l’important pour un tel véhicule. Côté consommation, le TRM 2000 est donné pour 20 à 23 litres aux 100km et une autonomie proche des 600 kilomètres grâce à son réservoir de 130 litres.
La production en série du TRM 2000 débute au second semestre 1982 au sein de l’usine de Blainville dans le Calvados, le contrat conclu avec l’armée française porte une 1.500 véhicules par an. La production se stoppa en 1990 après 5.600 unités mise en dotation au sein de l’armée française, principalement au sein de l’armée de terre mais la marine, tout comme l’armée de l’air, en utilisent quelques exemplaires. Puis, plus tardivement, la Gendarmerie française et des compagnies de CRS recyclent quelques exemplaires issus des stocks de l’armée de terre pour des missions de maintien de l’ordre.
On peut noter qu’au cours de la carrière du TRM 2000, Renault a proposé une version torpédo, sans doute pour permettre au véhicule d’être aérotransportable, qui connu un succès à l’exportation en étant acheté par les forces armées du Maroc. Renault tenta également de décliner son TRM 2000 en versions citernes, fourgons, postes de commandement, mais sans succès. Enfin, pour être complet, le TRM 2000 fut décliné en version civile notamment à destination des pompiers, d’EDF et autres administrations publiques…