En France, la Renault Fuego fut commercialisée entre 1980 et 1986, coupé reprenant les dessous de la Renault 18, la Fuego souffre de la concurrence redoutable des petites sportives signées GTI, comme tous les coupés alors commercialisés sur le vieux continent. C’est finalement en Argentine où la Fuego trouva sa clientèle, elle fut proposée à la vente à partir de 1982. Là-bas, Renault Argentina pouvait compter sur son usine de Santa Isabel pour produire localement la Fuego, et sur un engagement sportif où la Fuego s’illustra. Mais ce n’est pas tout, en Argentine, la Fuego est considérée comme un modèle haut de gamme, et grâce à une évolution de la règlementation, Renault peut commercialiser une version puissante, la GTX qui propose 103Ch.
En Argentine, Renault y est présent depuis 1967 en prenant une participation majoritaire dans le constructeur local Industrias Kaiser Argentina, renommé Renault Argentina SA en 1975. En 1971, la Renault 12 est introduite en Argentine (et produite localement dans l’usine de Santa Isabel) et devient rapidement un important succès, pour devenir l’une des voitures les plus populaire du pays. Sans succéder à la Renault 12 dont la production continua jusque dans les années 1990, Renault introduit la R18 qui connait elle-aussi un succès local. La production de la Renault 18 en Argentine ouvre la voie à celle de la Fuego à partir de 1982.
Renault Argentina décide de positionner la Fuego comme un haut de gamme sportif. Profitant d’une évolution de la règlementation fiscale, le constructeur français peut se concentrer sur une unique version, la GTX, équipée du 1.995cm3 proposant 103Ch. D’une certaine façon, la Fuego profite de la fin de carrière de la Torino mais aussi de l’absence de véritable concurrence sur le segment des coupés, seule la Ford Taunus GT lui fait face. En Argentine, la Fuego ne représente qu’un marché de niche, mais les ventes représente plus d’un millier d’exemplaires annuellement.
En 1984, Renault Argentina s’associe avec le préparateur Oreste Berta avec en ligne de mire le championnat Turismo Competición 2000. Cette compétition argentine, initiée en 1979, voyait s’affronter des voitures de moins de deux litres de cylindrée, et fut une réussite populaire. A partir de 1984, ce championnat est diffusé à la télévision argentine gagnant encore plus en popularité, année qui marque l’arrivée de Renault avec l’appui du préparateur Oreste Berta pour y faire courir deux R18. L’année suivante, c’est la Renault Fuego qui est choisie pour le championnat, un choix gagnant puisque à partir de 1986, la Fuego remporte six titres consécutifs jusqu’en 1991. inutile de dire que ces succès influent sur la popularité de la Fuego auprès du grand public argentin.
En 1988, la Renault Fuego argentine s’offre une cure de jouvence. Si jusque-là, la Fuego ne différait que peu de la version européenne (notons que la production en Europe est stoppée depuis 1985), Renault Argentina fait appel à Alain Clénet pour offrir un restylage à la Fuego. L’objectif était d’unifier le design de la Fuego par rapport à celui de la R18 ph2, les lignes de la Fuego vont être modernisées pour être plus lisses, la calandre retravaillée et cernée d’optiques se rapprochent des nouvelles R18, nouveaux boucliers aussi. C’est léger mais suffisant pour donner un nouveau dynamisme aux ventes de la Fuego en Argentine, d’autant que Renault Argentina lui offre un nouveau moteur : un 2,2 litres de 116Ch. On parle désormais de Fuego GTA, un petit clin d’œil à l’Alpine du même nom… Parmi les autres changements, notons l’arrivée d’un ordinateur de bord et de quatre jantes aluminium.
Sur le millésime 1990, Renault Argentina offre à la Fuego une ultime version avec la GTA Max. Cette version reprend le 2,2 litres retravaillé pour offrir 7Ch de plus pour un total de 123Ch. Cette version se rapproche des versions turbo européenne (jamais une Fuego argentine n’a proposé le turbo) et offre des performances de premier ordre sur le marché argentin. Cette version n’est produite qu’à 700 unités et se distingue des Fuego GTA par son aileron, un troisième feu stop et une climatisation dans l’habitacle. En 1992, la Fuego tirera sa révérence en Argentine, après 12 ans de bons et loyaux services. Là-bas, l’usine de Santa Isabel donna naissance à 19.952 Fuego.