A partir de l’été 1971, les nouvelles Renault, c’est à dire le duo R15-R17 puis la Renault 5 lancée en 1972 arborent un nouveau logo, appelé dans les milieux autorisés « logo Kent » ou « Logo interdit ». Retour sur l’histoire de ce logo éphémère et effacé dans l’histoire officielle de Renault…
Au cours des années 1960, Renault passe petit à petit à la traction et abandonne le « tout à l’arrière » dont les Renault 8 et 10 restent les dernières représentantes lorsque débutent les années 1970. Une nouvelle ère démarre, dans les projets du bureau d’étude d’alors, on prépare un coupé (deux en fait, les Renault 15 et 17) et une petite citadine moderne, la Renault 5, dont les lignes s’inscrivent dans la tendance des années 1970 et qui doit devenir l’un des fers de lance de la Régie. Ces deux modèles achèvent une rupture de style ayant commencé avec les Renault 12 et 16. Dès lors, Renault veut moderniser son image de marque et faire évoluer son logo dont la dernière version datait de 1959, version modernisée du logo de 1946, lui-même issu du losange original qui remonte à 1923.
Pour son nouveau logo, Renault fait appel à son bureau du style, au sein duquel officie Michel Boué, celui à qui l’on doit le dessin de la Renault 5 alors en gestation, lequel propose un losange plat aux deux extrémités tronquées. Moderne (tout comme la Renault 5), simpliste à l’extrême, cette proposition est retenue par la direction de Renault, elle apparait sur les premières Renault 15 et 17, dévoilées à l’été 1971 et commercialisées à la rentrée suivante. Ce nouveau logo est lancé sans grande cérémonie, c’est à l’observateur de s’en rendre compte en découvrant les nouveaux coupés de la Régie.
En janvier 1972, Renault dévoile la 5 et lance une opération commerciale de grande ampleur pour faire connaitre son nouveau modèle en quelques semaines à une large partie de la population française et européenne. Ce tapage médiatique met en lumière le nouveau logo, dont l’image parvient à Kent, une entreprise spécialisée dans les produits chimiques et notamment en direction de l’automobile, qui se rend compte que le nouveau logo utilisé par Renault est en fait son propre logo, tourné de 90°.
Dès lors, on image Kent prendre attache auprès de la Régie Renault, aimablement ou par l’intermédiaire d’avocats, pour demander au constructeur automobile de revoir sa copie. Il est communément admis que Renault aurait perdu en justice et aurait été condamné à cesser toute utilisation de ce logo. La réalité peut être tout autre, on peut imaginer une transaction entre les protagonistes. Quoiqu’il en soit, on imagine un jugement ou un contrat en défaveur du constructeur français.
Renault optera alors pour revoir son logo, et lance un appel auprès d’agences publicitaires et d’artistes au premier semestre 1972. C’est l’artiste peintre Jean-Pierre Vasarely, plus connu sous son nom d’artiste Yvaral qui propose à la Régie, après trois semaines de travail et sous la supervision de son père, le plasticien Victor Vasarely, plus de quarante propositions de « losange comportant des lignes ». L’une d’elles fut validée telle quelle, sans retouche, et fut présenté pour le salon de l’automobile de Paris 1972.
Dans les semaines qui suivent, les Renault arborent le logo « Vasarely », tout comme l’ensemble du réseau. C’est alors que Renault procède au rappel des voitures arborant le blason « Kent » pour y mettre, en lieu et place, le « Vasarely », les propriétaires qui n’y répondent pas peuvent voir le logo changé à l’occasion des opérations de révision. Toutefois, certaines voitures passent au travers des mailles du filet et continuent bon train avec le Kent, pour le plus grand bonheur des collectionneurs de nos jours.
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Je recherche notamment tout article de presse ou document émanant de la Régie Renault concernant l’histoire de ce logo afin de compléter cet article : alex(at)lautomobileancienne.com