La Simca 1100 est la première traction de Simca, et un véritable succès commercial : plus de deux millions d’exemplaires commercialisés entre 1967 et 1981. La Simca 1100 est le fruit d’un grand travail de réflexion chez Simca, mais aussi d’une lutte contre la nouvelle maison mère, Chrysler, qui aurait souhaité une voiture plus traditionnelle. Retour sur l’histoire de la première (at)traction de la marque.
1. Les prémices de la Simca 1100
Simca, originellement filiale de Fiat fondée en 1936, prend son envol dans les années 1950 pour devenir indépendante et concevoir des voitures originales comme l’Aronde qui lui permettent de devenir l’un des principaux acteurs du marché automobile français. En 1958, Ford décide de vendre sa participation dans Simca, c’est l’américain Chrysler qui les rachète et qui dès lors, dispose de 25% du capital. En 1963, c’est au tour de Fiat de vendre à l’américain ses parts, Chrysler devient l’actionnaire majoritaire avec 63% de Simca.
A cette époque, la gamme Simca comprend la 1000 nouvellement lancée, l’Aronde et l’Ariane vivent leurs derniers mois et furent remplacées par les Simca 1300 et 1500 à partir de l’été 1963. Mais quelques mois auparavant, au printemps 1962, Simca effectue une étude sur le marché automobile sur les quinze années à venir. Il en ressort que l’intérêt du consommateur se porte de plus en plus vers des voitures de gamme moyenne à traction avant, avec un intérieur modulable. Dès lors, Simca lance le projet VLBB (Voiture Légère Berline Break) avec l’optique de créer une voiture commercialisable à l’horizon 1966/1967.
Le Projet VLBB vise aussi à combler le trou entre la Simca 1000 qui entre dans la catégorie des 5CV et la Simca 1300 de la catégorie des 7CV. Le cahier des charges prévoit une voiture de taille moyenne, équipée d’un hayon, avec moteur à l’avant. Aussi, les bureaux d’études vont explorer les différentes variantes du modèle dès les débuts, car dès la fin de l’année 1962, la VLBB devra être réalisée de façon à être déclinée en coupé trois portes, berline à cinq portes et break à trois portes.
Les premiers prototypes réalisés permettent de confronter deux solutions techniques : le moteur en position longitudinale ou transversale. Dans le même temps, le bureau de style de Simca travaille sur le design de la future voiture. Durant l’été 1963, la direction de Simca opte pour un modèle à moteur transversal, le projet 928 débute. Enfin presque, il faut d’abord obtenir le feu vert de la maison mère Chrysler.
Or, Chrysler avait une dent contre Pigozzi qui avait vendu Simca sans vendre Simca Industries (qui comprenait les forges, fonderies… indispensables à l’approvisionnement de Simca), obligeant les américains à mettre la main au porte-monnaie une nouvelle fois. De cet épisode nait une méfiance entre les équipes françaises et américaines, chacun cherchant à préserver ses acquits techniques, voir, à cacher leurs travaux. Pour le projet VLBB qui donne naissance au projet 928, les américains ont du mal à comprendre le bien fondé de ce dernier : ils sont opposés à la traction avant, et auraient préféré produire une voiture haut de gamme. Fin de non recevoir…
Mais le Président de Simca, Georges Hereil, prend le projet 928 à cœur et continue son développement dans la clandestinité. Fin 1964, il retourne aux Etats-Unis où il use à la fois de diplomatie, de son prestige personnel (il est l’un des créateurs de l’avion Caravelle), et d’analyses extrêmement poussées sur le marché européen pour obtenir le feu vert de Chrysler. Le projet 928 débute officiellement, il a trois ans pour aboutir car la production devra démarrer en Juillet 1967.
2. Le développement de la voiture
Pour les ingénieurs de Poissy, la tâche est rude car le projet 928 prévoit la construction d’une voiture totalement nouvelle, seul le moteur existe déjà, il sera emprunté à la Simca 1000, mais un long travail d’adaptation de cette mécanique à la traction débute. Beaucoup de choses évoluent alors du côté de Poissy, même l’outillage pour pouvoir produire la future voiture. Du sang neuf arrive également chez Simca, le constructeur débauche deux ingénieurs de talent chez Peugeot, Claude de Forcrand et François Paget.
Le projet 928 nécessitait un travail immense pour les équipes des bureaux d’études Simca, mais celui-ci est bouclé dans les temps : les ultimes essais de validation sont effectués en Juin 1967. Simca convie également les représentants de la direction de Chrysler à essayer deux modèles de pré-série et de les comparer à la Peugeot 204. Essai concluant, tous les voyants sont au vert pour cette nouvelle voiture.
Aussi, le design de la voiture a été arrêté depuis bien longtemps, la futur Simca s’appellera 1100 et revêt une ligne très anguleuse, à la fois moderne pour son temps mais aussi très classique. En somme, une voiture de faire l’unanimité auprès du public, quitte à être trop sage. Seuls quelques détails sont réglés à la dernière minutes, comme les pare-chocs (comme nous le prouve le cliché ci-dessous d’un mulet début Juillet 1967).
Du côté de l’usine de Poissy, l’usine est en travaux pour préparer la chaine de montage de la future 1100, depuis quelques mois, la production globale du site en est affectée, seuls 11.500 ouvriers sur 17.000 sont maintenus au travail. L’usine doit même fermer ses portes durant deux semaines en Juillet, en plus de l’arrêt habituel de la production en Août pour les vacances d’été. Toutefois, une petite équipe reste en place pour tester cette nouvelle chaine de montage, 45 Simca 1100 LS et 2 1100 GL sont ainsi produites en Juillet 1967. Certaines de ces voitures servent alors pour les premières photos officielles du modèle.
Durant le mois de Septembre 1967, les premières 1100GLS sont produites, elles servent à grossir le parc des Simca 1100 destinées à la présentation de la voiture, notamment pour la presse, pour laquelle une séance d’essais est organisée en Sardaigne à la fin du mois.
3_ la commercialisation
Les opérations préalables à la présentation de la Simca 1100 faites, vient désormais l’heure de la présentation au public. C’est le 03 Octobre 1967 que la voiture est dévoilée au public au sein du magasin Simca sur les Champs-Elysées, quelque jours avant l’ouverture des portes du salon de Paris. Le Général De Gaulle vient même voir la voiture sur le stand Simca le vendredi 06 Octobre. Ce même jour, au Bourget, Simca organise la présentation du modèle à ses collaborateurs, concessionnaires et invités triés sur le volet.
Les premiers échos qui remontent sont positifs, laissant présager d’un très bon début commercial pour la Simca 1100. Seuls les concessionnaires émettent des réserves sur la ligne de la voiture, mais soulignent les grandes qualités de la 1100. Et déjà, l’argumentaire de vente de la traction est mis en place, alors que Simca ventait depuis toujours la propulsion…
La Simca 1100 proposait au client une véritable gamme, car Simca a fait le choix de la proposer d’emblée avec quatre carrosseries : coupé trois portes, berline cinq portes, break trois portes et une version commerciale. Un seul moteur est en revanche disponible, un 1.118cm3 de 53 ou 56Cv (selon la version), mais trois niveaux de finitions : LS, GL et GLS (la GL n’est pas proposée pour le break). Toutefois, la commercialisation effective des break et versions commerciales devra attendre le mois de Mars 1968. En 1968, c’est 138.242 Simca 1100 qui sont vendues!
Les évolutions arrivent rapidement car en 1969, les GL et GLS reçoivent du faux bois sur le tableau de bord, et la version semi-automatique fait son apparition. Quant à la version LS, elle opte pour un petit moteur, un 944cm3 de 45Cv. En 1970, le tableau de bord est totalement revu sur l’ensemble de la gamme et intègre désormais des compteurs ronds, la puissance des moteurs augmente : 48Cv pour le 944cm3, 60Cv pour le 1.118.
C’est aussi à partir du millésime 1970 que la Simca 1100 est commercialisée aux Etats-Unis par le biais de Chrysler, le but est d’alors de proposer une petite voitures aux Etats-Unis afin de répondre au marché de la seconde voiture dans les foyers américains. Hélas, la voiture n’est pas adaptée aux conditions de ce marché, l’aventure américaine de la 1100, renommée 1204 outre Atlantique cesse en 1972 après moins de 16.000 exemplaires écoulés.
Toujours en 1970, Simca présente la 1100 Special qui récupère le moteur de la Simca 1200, dégonflé à 75Cv toutefois. Cette version redynamise la gamme 1100, poussant Simca a effectuer un léger restylage de la 1100 : nouveau dessin du hayon, une ligne générale plus fluide et une lunette plus grande. En somme, les débuts de commercialisation de la Simca 1100 ne sont pas satisfaisant pour la direction, d’où la volonté de dynamiser la gamme.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les importants efforts de Simca paieront : en 1973, c’est quasiment 300.000 Simca 1100 qui furent écoulées, la voiture signe là sa meilleure année et prend le titre de voiture française la plus vendue. Aussi, c’est le 28 Juin 1973 que le millionième exemplaire de la Simca 1100 tombe des chaînes !
Toujours en 1973, Simca complète sa gamme de sportives avec la 1100 TI, une version plus aboutie qui développe 82CV et qui dispose d’une présentation spécifique. Ce modèle permet réellement d’utiliser les capacités du châssis de la voiture, et ravit nombre de jeunes souhaitant une voiture sportive.
En 1974, la Simca 1100 subit un nouveau restylage, cette fois ce sont les feux arrières qui sont corrigés, ainsi que la planche de bord dans l’habitacle. Cette même année, la gamme est refondue, les LE et GLE occupent l’entrée de gamme, la ES reprend le moteur 1.118, l’équipement de la spécial et les enjoliveurs de la GLS. Rapidement, la LX prend la place de la GLE avec une décoration et des couleurs flashy.
A partir de 1975, la gamme de la Simca 1100 se restreint petit à petit avec l’abandon de certaines versions, mais d’un autre côté, la 1100 Pick-up complète la gamme utilitaires de Simca. En 1977, Simca lance la série limitée LX Spécial plutôt bien équipée, quelques mois avant le lancement de la Simca Horizon qui remplacera à terme la 1100. Désormais condamnée, Simca n’offre que peu de nouveautés à la 1100, seule le blason Talbot vient se figer sur le capot en 1980 pour signifier le rachat de Simca par Peugeot. Mais un an plus tard, la 1100 disparait définitivement, ne laissant plus que les versions utilitaires jusqu’en 1985…
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