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Nissan Prairie (1982-1988)

          Injustement oubliée, la Nissan Prairie pourrait mettre tout le monde d’accord sur la « guéguerre » entre Chrysler et Renault pour savoir qui a sorti en premier le monospace. En effet, la prairie apparaît sur le marché en 1982 et présente curieusement tous les attributs d’un monospace…

 Depuis les années 1960, les constructeurs japonais tentent de diffuser leurs modèles sur les deux principaux marchés mondiaux : les États-Unis et l’Europe. Jusqu’aux années 1980, les Japonais sont plutôt du genre suiveurs, parfois traités d’infâmes copieurs. Il en résulte des voitures plutôt conventionnelles mais ayant déjà ce petit quelque chose qui les distingue du reste de la production. Par exemple, la première Toyota Celica, inspirée de la Mustang, dispose d’une aura bien à elle. Dans les années 1980, changement de cap, pour se distinguer, les constructeurs japonais vont miser sur leur originalité. La Nissan Prairie dévoilée en 1982 donne un bel aperçu de ce changement d’orientation. 

               Dévoilée au salon de Paris 1982, la Nissan Prairie interpelle. Aussi haute que large, la voiture fait la part belle à l’espace intérieur. Presque un van : plancher plat, carrosserie dessinée à la règle et à l’équerre, jusqu’à trois rangées de fauteuils et les portes arrière coulissantes. Mais aux dimensions plus réduites dont la longueur contenue de 4,09 mètres. A cette époque, le monospace n’est pas encore connu (il apparaitra en 1984 avec le Chrysler Voyager aux Etats-Unis, le Renault Espace en France/Europe), c’est donc d’un break que la Prairie se rapproche le plus. Ou d’une Matra Rancho qui avait quelque peu défriché le concept de la voiture conçues de l’intérieur vers l’extérieur, alors sous couvert de voiture ludique. En tout état de cause, le concept était osé pour l’époque, on peut y voir les prémices du monospace sans en  être un en raison de sa capot conventionnel. 

            Pour ceux qui ont la mémoire des concept-car, comment ne pas rapprocher la Nissan Prairie du concept Lancia Megagamma, étudié par les bureaux de styles de la maison ItalDesign fondée Giorgetto Giugaro. Petit retour en arrière, en 1976, ItalDesing présente le concept New York Taxi pour le compte d’Alfa Romeo qui allie praticité et la compacité. Un travail de fond repris en 1978 sur la Lancia Megagamma. Le groupe Fiat, propriétaire de Lancia, trouve le concept intéressant mais juge trop risqué de lancer une version industrialisable. Tout au mieux, les lignes directrices seront reprises pour l’étude de la Fiat Uno. Quand on connait la propension des bureaux de style italiens à vendre les projets refusés à d’autres constructeurs, on se doute qu’il y a un lien entre la Megagamma et la Prairie. 

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Prairie : un nom déjà connu dans l’automobile. 

En 1950, Renault présente au grand public la gamme Colorale, composée de véhicules visant une clientèle rurale ou les colonies françaises, cette gamme est riche de six versions lors de son lancement, dont la Prairie… [En savoir plus…]

Reste que Nissan pousse la réflexion encore plus loin en intégrant des portes coulissantes à l’arrière, un élément que l’on retrouvera quelques années plus tard sur les monospaces. La modularité est aussi travaillée, avec les fauteuils que l’on peut enlever et installer à sa guise sur le plancher plat. Mieux, en abaissant complètement les dossiers des fauteuils avant et de la banquette arrière, voilà un couchage pour deux personnes. En retirant la banquette arrière, voilà un bel utilitaire. Et le coffre peut permettre l’installation d’une troisième banquette pour famille nombreuses. 

             La Prairie est conçue sur une base de Datsun Stanza, on retrouve sous son capot un quatre cylindres en ligne dont la cylindrée oscille entre 1,5 et 2,0 litres selon la version choisie par le client. A noter que la Prairie fut proposée dans une version 4×4. Du côté des boites de vitesses, le client avait le choix entre des boites manuelles ou une boite automatique.

              La Nissan Prairie propose un équipement assez rare pour l’époque, sous les fauteuils avant se trouve deux bacs à glissières pour ranger de petits objets, la voiture s’équipe de série d’une direction assistée, d’une fermeture centralisée comprenant le hayon, deux rétroviseurs extérieurs, un essuie-glace sur la lunette arrière, un système de chauffage qui n’oublie pas les places arrière…la voiture est si bien équipée que les options sont rares. Mais cela a un prix, la Nissan Prairie s’offre sur le marché français à 79.980 Francs en 1984, c’est un peu plus cher qu’une Renault 25 d’entrée de gamme.

                La Nissan Prairie fut produite entre 1982 et 1988, si les chiffres de vente ne sont hélas pas connus, ils sont certainement suffisants pour que Nissan développe et commercialise une second version de la Prairie en Europe. Ou peut-être que Nissan semblait avoir eu raison de lancer ce concept sur le marché, après avoir été rejoint par les autres constructeurs japonais sur ce segment, Honda avec la Civic Shuttle, ou encore Mitsubishi avec le Space Wagon…

La remplaçante : Nissan Prairie

En 1988, la Prairie remplace la Prairie, cette fois, le traitement de la carrosserie est davantage typé monospace avec son capot dans l’inclinaison du pare-brise. Commercialisé jusqu’en  1998, le Nissan Prairie second du nom connait une belle carrière et connaitra même une descendance dans certaines parties du monde.