Elle est la première voiture à turbine au monde, développé par Rover, qui fut l’une des entreprises impliquées dans le développement du moteur du premier avion à réaction anglais au cours de la seconde guerre mondiale. Une fois la paix revenue, Rover s’intéresse aux applications possibles du moteur à réaction, et notamment l’automobile avec la Rover T1.
Pendant la seconde guerre mondiale, les grandes nations tentent de mettre au point le moteur à réaction afin de créer un nouveau type d‘avion. Parmi ces pays, on retrouve l’Angleterre, qui avec l’Allemagne fut la seule nation a rendre opérationnel un tel avion avant la fin du conflit. Le Gloster Meteor (c’est l’avion anglais) décolle pour la première fois en 1943 avec deux moteurs Rolls Royce, pour une mise en service courant 1944.
Mais le développement du moteur à réaction fut long et complexe, à l’origine développé par l’équipe de Franck Whittle dès les années 1930, Rover met à disposition à partir de 1941 ses locaux et l’une de ses usines à l’équipe de Franck Whittle pour développer et produire ce moteur en vu de lancer le Meteor. Mais à côté, Rover et ses équipes préparent secrètement leur propre moteur à réaction, notamment en se servant du travail de Whittle comme base mais avec l’idée de développer un moteur apte à être produit en grande série.
Vers la fin 1941, Whittle découvre les évolutions développées par Rover et s’en indigne, il considère que Rover doit mettre ses équipes sur un seul et même moteur afin qu’il soit opérationnel le plus rapidement possible. Petit à petit, les tensions apparaissent entre les deux acteurs, Whittle reprochant à Rover de ne pas être apte à fournir des pièces de qualité satisfaisante, mais également de dénigrer son travail; quant à Rover, l’entreprise perd son intérêt dans ce moteur suite aux retards et aux reproches de l’équipe de Whittle. L’alliance se rompt finalement en 1942, Whittle part chez Rolls-Royce poursuivre ses développements.
Chez Rover, le doute s’installe, les déconvenues avec Whittle font perdre l’intérêt de l’entreprise dans le moteur à réaction, si bien qu’après le départ de Whittle, un accord et passé entre Rover et Rolls-Royce : Rolls-Royce récupère l’usine et les travaux du moteur à réaction de Rover, en contrepartie, Rover récupère l’usine de moteur de char de Rolls-Royce. L’accord est officialisé le 1er janvier 1943, et Rolls-Royce se retrouve avec deux moteurs à réactions, le Welland (conçu par Whittle) et le Derwent (conçu par Rover). Quelques mois plus tard, après de nombreux essais, il s’avèrera que c’est le Derwent qui fut plus performant et plus fiable, ce qui entraine l’arrêt du Welland. Avec cet échange d’usines, l’on pourrait penser que Rover a tiré un trait sur le moteur à réaction, mais tel ne fut pas le cas …
En 1945, la guerre s’achève et Rover s’intéresse aux applications possibles du moteur à turbine pour l’automobile, l’entreprise débauche quelques ingénieurs de chez Rolls-Royce. Quelques années plus tard, en Février 1947, une première turbine produisant environ 100Cv, capable de marcher tout aussi bien à l’essence, paraffine ou diesel est fonctionnelle.
La turbine fonctionne à un rythme bien plus rapide qu’un moteur à pistons, puisque ce prototype de turbine fonctionne déjà à plus de 40.000 tours par minute. Et la consommation elle aussi est élevée, les premiers tests indiquent 47 litres pour 100km de moyenne. Par la suite, des efforts seront effectués sur la consommation par d’adoption d’un échangeur de chaleur, mais sans jamais parvenir à égaler la consommation d’un moteur à pistons.
Rover avançait dans l’inconnu, jamais une turbine n’avait été appliqué à l’automobile. Et vient le moment difficile, intégrer une turbine sur une voiture. Quelques difficultés apparaissent comme celui de transmettre le rapide mouvement de la turbine aux roues motrices. Si la turbine est réalisée en 1947, le premier prototype roulant nécessitera encore trois années de mise au point. La Turbine est ainsi placée à l’arrière de la voiture, notamment pour que la chaleur des gaz d’échappement ne gène pas les occupants de la voiture.
La voiture est finalement présentée en 1950, la Rover T1 « Jet 1 » reprend la base d’une berline P4. Lors de sa présentation en mars 1950, la voiture surprend avant tout par sa mécanique, considérée comme l’avenir de l’automobile par beaucoup d’anglais, un véritable signe de modernité. Mais du côté des ingénieurs de Rover, on est beaucoup plus sceptique sur l’avenir de cette motorisation, puisque la turbine consomme beaucoup, faisant un bruit au-delà des limites autorisées, mais surtout, sa lenteur à répondre à l’accélération et l’absence de frein moteur en font un système impropre à la circulation routière. Lors des premiers tests de la Rover T1, celle-ci effectue une pointe de vitesse afin d’instaurer la base du record du monde de vitesse pour une voiture à turbine, avec 135km/h.
Si l’on sait la turbine impropre à la circulation, les ingénieurs de Rover vont continuer dans cette voie afin peut être de trouver la turbine adéquate. Pour l’instant, les recherches se portent toujours sur le prototype T1 qui est amélioré, avec une turbine plus performante, installée en 1952.
En Juin 1952, la Rover T1 revient pour battre son précédant record. Quelques petites retouches sont apportées à l’extérieur de la voiture, notamment sur la calandre qui perd son phare central, mais aussi une face avant plus arrondie. Une séance de roulage a lieu sur une autoroute en Belgique, la Rover T1 y pulvérise son ancien record avec une vitesse homologuée à 243km/h. Sans doute au bout de son développement, les ingénieurs laissent la Rover T1 sur cet exploit, et passent à de nouvelles recherches sur les turbines avec un autre prototype, mais ça, c’est une autre histoire …