Non homologuée en Allemagne, la Méhari ne peut y être importée, pour autant, la présence sur le marché d’une voiture de loisirs peut intéresser la clientèle. C’est pourquoi Fiberfab, un carrossier allemand, conçoit sur la base de la 2CV une voiture qui s’inscrit dans l’esprit de la Méhari mais tout en pouvant être commercialisée en Allemagne, c’est la Fiberfab Sherpa.
En Allemagne, la Citroën 2CV fait office de voiture à part sur le marché, avec son petit moteur, sa carrosserie légère et sa suspension lui faisant prendre un angle impensable. Loin d’être faite pour les Autobahn allemandes, l’offre nationale répond bien mieux à la demande comme la Volkswagen Coccinelle ou l’Opel Kadett. En revanche, la Méhari aurait pu amener un peu de fraîcheur sur le marché germanique avec son concept ludique, hélas, Citroën se heurte à l’organisme allemand d’homologation des voitures qui considère que la carrosserie en ABS de la Méhari est dangereuse avec une température d’embrasement trop faible. En 1972, une société d’importation proposa la Méhari en Allemagne mais l’affaire ne dura qu’un an avant que les autorités interdisent cette activité.
Pour autant, la demande allemande pour la Méhari existait, et la société Fiberfab au travers de son fondateur en Allemagne pense trouver un filon pour utiliser ses compétences sur la carrosserie en fibre de verre. La carrosserie Fiberfab est une entreprise allemande installée à Heilbronn, à l’origine filiale de la société américaine éponyme qui produisait divers kits automobiles en matière synthétique. Connaissant un certain succès aux Etats-Unis avec les Kit sur base Volkswagen, Fiberfab ouvre une antenne en Allemagne pour vendre ces kits en Europe. Mais petit à petit, la société allemande prend son autonomie et s’éloigne de la société américaine.
C’est ainsi que Fiberfab pu étudier une « Méhari à la sauce allemande », un type de véhicule quasiment inexistant sur le marché si l’on excepte les Volkswagen 181 timidement diffusé au public. C’est ainsi que Fiberfab va utiliser la plate-forme de la 2CV avec son moteur, sur laquelle il dessine et greffe une carrosserie en fibre de verre. Fiberfab n’a pas à s’inquiéter des capacités de franchissement de la voiture, l’architecture de sa plate-forme lui permet de rouler sur divers chemins et dans les champs… C’est pourquoi le nom Sherpa lui est trouvé, en référence aux porteurs tibétains ! La voiture est finalement présentée au salon de Francfort 1975.
Commercialisée à partir de l’année 1975, la Fiberfab Sherpa s’inspire fortement de la Méhari avec ses lignes carrées et sa carrosserie ouverte. Pouvant transporter quatre passagers, la voiture permet à Fiberfab de se diversifier mais la Sherpa se trouve loin de son marché habituel des kit sportifs. Cela peut déconcerter la clientèle, d’autant que la production artisanale de la voiture n’a pas autant d’écho que la production effectuée par un grand constructeur. Et puis il faut noter aussi qu’il s’agissait à l’origine d’un kit à monter soi-même, ce qui a pu refroidir quelques potentiels clients.
La société Fiberfab mentionnait toutefois que le travail de montage du kit n’était pas complexe, et que cinq heures de travail suffisaient, mais sans compter le démontage de la caisse d’origine… Rapidement, Fiberfab propose d’assembler ce kit, puis fini par prendre contact avec Citroën pour acheter des châssis de 2CV afin de proposer une voiture neuve clé en main.
Equipée du moteur 602cm3, la Fiberfab Sherpa développe 29Cv Din et permet de rouler au-delà des 100km/h. Aussi, Fiberfab propose en option un toit en dur afin de contenter une clientèle qui aurait peur de rouler sous bâche sous les routes du nord de l’Allemagne, mais qui n’a semble-t-il jamais été commercialisé. D’autres options étaient disponibles comme des appuie-têtes, des fauteuils en velours, un treuil électrique… S’offrant à une clientèle variée et commercialisée dans quatre pays (Allemagne, France, Pays-Bas et Angleterre), seules 250 unités ont été vendues entre 1975 et 1982 quand Fiberfab envisageait une production de 150 unités par an… Il faut dire que la concurrence était rude en Allemagne entre la Namco Pony (sur base 2CV) ou la Fiat 127 Scout… C’est finalement l’arrivée des Lada Niva et autres Suzuki que l’aventure commerciale de la Sherpa s’arrête en 1982.