Mars 2000, Renault dévoile une déclinaison tout-terrain de son monospace Scénic, le RX4, une version qui doit permettre à Renault une présence dans le segment alors naissant des SUV. Hélas, comme souvent avec le Renault de cette époque, si l’idée est bonne, l’application fut tout autre…
En 1996, Renault dévoile la Mégane Scénic, une synthèse parfaite entre l’Espace qui a fait du losange un expert européen du monospace, et la Twingo qui renouvelle le marché de la petite voiture. La Mégane Scénic doit toutefois défricher un nouveau segment, le monospace compact, sur lequel quelques rares – et discrètes – représentantes la devance, ce qui poussa Renault à la prudence en partageant les coûts de développement avec celui de la Mégane. Renault table sur une production de 600 voitures par jour, une estimation là encore emprunte de prudence (à titre d’exemple, la Mégane est au-delà des 1.000 véhicules journalier), mais dès la présentation du véhicule au grand public, le carnet de commandes s’allonge très rapidement, poussant Renault à une production à 1.600 voitures par jour en moyenne. A l’été 1999, le Scénic bénéficie d’un restylage puis, en mars 2000, il est décliné en version RX4.
A cette époque, Renault flaire les tendances du marché et, en cette fin des années 1990, un marché commence à émerger, celui des 4×4. Toyota et son RAV4 lançait la mode des SUV avec un véhicule ayant des capacités de franchissement tout en offrant un confort proche d’une berline dont il existait une version cinq portes. Il fut suivi de près par Land Rover avec le Freelander ou encore par Suzuki avec son Grand Vitara. Le dynamisme du segment intéresse Renault qui souhaite y prendre sa part, mais n’a aucun projet d’un SUV dans ses cartons. Comme chacun le sait, développer un nouveau véhicule prend temps et argent, Renault était déjà occupé sur deux autres projets novateurs (le pensait-on alors) qu’étaient l’Avantime, un monospace-coupé développé par Matra, et une berline haut de gamme qui doit venir renouveler le créneau du haut de gamme : la Vel Satis.
Comme les SUV se caractérisent comme des véhicules mélangeant les genres, le Scénic, voiture familiale par excellence, ne pourrait-elle pas se transformer en une voiture tout-terrain et devenir une alternative aux RAV4, Freelander et autres 4×4 dans leurs versions cinq portes. Chez Renault, l’idée va de son petit bonhomme de chemin, un tel véhicule semble réalisable à moindre frais, mais le constructeur français ne dispose que de peu d’expérience pour réaliser un véhicule tout-terrain : la génération des Quadra faisait déjà partie du passé. Qu’à cela ne tienne, Renault fait appel à l’autrichien Steyr-Puch pour développer un système à quatre roues motrices adaptable au Scénic. Le cahier des charges du futur Scénic RX4 prévoit des contraintes pour limiter le budget de développement : la structure du Scénic ne doit connaitre aucune modification lourde et la voiture doit être produite sur les mêmes chaines de montage que le Scénic classique.
Steyr-Puch et Renault offrent au Scénic une transmission intégrale à peu de frais, l’autrichien modifie et assemble pour Renault une boite à cinq rapports qui dispose d’une sortie arrière, le mouvement parvient aux roues arrières par un arbre de transmission et un viscocoupleur qui répartit le couple vers les roues arrières en cas de perte d’adhérence. Pour faire simple, le Scénic RX4 est une traction sur route classique, il devient un 4×4 sans intervention du conducteur si le besoin s’en fait ressentir. Le train arrière du Scénic à barre de torsion est remplacé par des bras à ressorts et des amortisseurs, fixés sur un berceau galvanisé greffé sur la caisse qui reçoit également le pont arrière ainsi que le viscocoupleur, ces éléments prenant la place de la roue de secours sur le Scénic classique. A l’avant, Renault développe également un nouveau berceau pour rehausser la caisse de 73mm pour installer l’arbre de transmission sans avoir à modifier le plancher, et ainsi éviter d’empiéter dans l’habitacle.
Reste alors au bureau du style de conférer au Scénic RX4 un aspect de voiture tout-terrain. Le Scénic RX4 voit ainsi son bas de caisse enveloppé par d’importants rajouts en plastique, recouvrant également la partie inférieure des ailes ainsi que des portières. Le pare-chocs avant prend des airs de pare-buffle et s’équipe d’un enjoliveur singeant une plaque protégeant le carter moteur. La face arrière est profondément remaniée pour intégrer la roue de secours sur une porte articulée qui nécessite des renforts conséquents pour supporter son propre poids (70kg avec la roue), la partie supérieure contenant la lunette arrière conserve le principe du hayon.
Le Scénic RX4 est dévoilé en mars 2000 et permet de donner un nouveau coup de projecteur sur la gamme Scénic déjà riche, quelques mois après le restylage. Sur le plan marketing, Renault semble dans le bon tempo. Au lancement, le Scénic RX4 est équipé d’un moteur essence 2.0 16V de 139Ch (type F4R), complété à partir d’août avec le Turbo-Diesel 1.9 DCI et ses 102Ch (type F9Q). Le RX4 offre deux déclinaisons, le RX4 « de base » et un RX4 « Pack Cuir » offrant les jante alliage, les vitres arrière électriques, un lecteur CD et une sellerie en cuir. L’habitacle est quasiment identique au Scénic classique et offre une habitabilité supérieure aux SUV d’alors, la presse critique un manque de puissance et une inaptitude au tout-terrain. Il faut dire que Scénic RX4 est davantage un tout-chemin qu’un véritable tout-terrain mais dispose d’une vraie compétence en matière de traction ou pour rouler sur routes enneigées, ce que peut demander un père de famille.
Le Scénic RX4 a donc des atouts pour réussir, il devient même en 2001 le 4×4 le plus vendu de France. Cette année-là, le RX4 se décline en finitions Expression et Privilège, une série limitée (10.000 exemplaires) nommée « Salomon » est lancée en juillet 2001. En 2002, la finition Privilège est renommée Dynamique, une seconde série limitée est lancée : la RX4 Sportway. 2003 sonne le glas du Scénic premier du nom et par conséquent du RX4, qui ne connait pas de descendance dans la gamme du Scénic de seconde génération. Malgré un succès d’estime (environ 40.000 exemplaires), le RX4 connait aussi d’importants déboires en matière de fiabilité qui viennent ternir l’image du modèle. Après l’échec des Vel Satis et Avantime, des déboires mécaniques que connaissaient les nouvelles Laguna et Espace, le non renouvellement du RX4 était certainement une solution de raison pour reconquérir une clientèle en quête de fiabilité…