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Renault Espace I (1984-1991)

            Ah l’Espace, cette voiture développée par Matra qui aurait dû être commercialisée sous le blason Peugeot, mais la frilosité du constructeur au lion lui vaudra de se faire chiper le concept par Renault pour le commercialiser à partir de 1984, et de connaître un véritable succès, faisant du losange l’un des pionniers dans le monospace…

                Chez Matra, la crise pétrolière fait prendre conscience que le segment des sportives peut connaitre des limites, c’est la raison pour laquelle le sous-traitant de Romorantin cherche de nouvelles opportunités, un premier acte est signé à la toute fin des années 1970 avec la Rancho, une voiture ludique sur la base d’une Simca 1100 dont l’espace intérieur est mis en avant.

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              Puis, en s’intéressant au concept du van américain, Matra va encore plus loin dans ce concept d’habilité et développe une voiture tournée vers la famille. Peugeot, devenu partenaire de Matra en rachetant Simca, se montre intéressé par un tel projet, les premières études concrètes débutent alors. Elles débouchent rapidement sur le prototype P16 construit au cours du mois de Juin pour lequel Matra a pioché dans la banque de pièce Peugeot :  optiques de 604, moteur de Solara… Quant à la carrosserie, elle est réalisée en matériaux synthétique comme à l’accoutumé chez Matra.

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           Dévoilé à Peugeot en novembre 1979, l’idée du monospace semble plaire puisque le constructeur de Sochaux propose plusieurs pistes de travail à Matra : étudier ce concept sur une base plus courte partagée avec l’Horizon. C’est ainsi que le prototype P17 naît, mais cette solution ne permet pas de dégager un habitacle assez grand. Deuxième possibilité, travailler sur le prototype P16 et l’améliorer, c’est la piste explorée par le prototype P18. Peugeot valide, un prototype roulant est réalisé en 1981 et réalise de nombreux essais au cours de l’été. 

                Mais voilà, le vent commence à tourner, les finances de Peugeot sont mal en point suite aux rachats successifs de Citroën et Simca, la firme au lion devient plus frileuse en se restructurant pour continuer à vivre. Dès le mois d’octobre 1981, Matra est sommé d’étudier les pistes possibles en cas d’échec de la voiture, notamment de la transformer en utilitaire ou en pick-up.

                  Finalement, le couperet tombe en mai 1982 : Peugeot refuse le projet de Matra. Trop décalé vis à vis de l’image de Peugeot, c’est davantage les caisses vides du constructeur qui l’empêchent de donner suite au monospace. Mais Peugeot souffle à Matra d’aller voir du côté de Citroën, en quelques semaines, le prototype P20 est réalisé sur la base de la nouvelle BX, là encore, Matra se heurte à un refus, motivé cette fois-ci par le coût d’industrialisation du projet.

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                   Malgré ce second échec, Matra croit en sa voiture et décide d’aller voir du côté de Renault, le prototype P23 est mis en route pour proposer une étude  sur base de R18 à la Régie. Présenté en décembre 1982, Renault valide le projet mais à plusieurs conditions, notamment de doter le véhicule d’un moteur puissant. En Janvier 1983, les deux acteurs signent un contrat, ce qui marque définitivement la rupture entre Peugeot et Matra. Puis, les équipes de Renault imposent à la dernière minute que la future voiture soit équipée d’un plancher plat, car en cas d’échec, il serait plus facile de la transformer en utilitaire.

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             Le prototype définitif est validé par Renault en mai 1983, un accord de coopération est conclu en juin et porte sur un volume de 60.000 exemplaires sur la vie de la voiture. C’est également à cette époque que les choix techniques sont décidés, la future Renault aura une structure en tôle emboutie recouverte de panneaux en matériaux composites. La voiture entre désormais dans sa phase d’industrialisation, le nom Espace est choisi par Renault début 1984, quand sortent les premiers modèles de présérie, dans l’usine Matra. Renault se chargera de la commercialisation du véhicule.

               Présenté au cours du premier semestre 1984, les ventes de l’Espace débutent en juillet 1984. Si la presse est conquise par cette nouvelle voiture, le public reste dubitatif et ne se presse pas pour acheter l’Espace : seuls neuf unités sont vendues au cours du premier mois. Il faut dire que la voiture entre sur un créneau ou tout est à inventer, mais une fois l’effet de surprise, les ventes s’envolent, 5.900 Espace ont été vendus sur les six premiers mois.

L’ère des premiers monospaces…

             C’est dans les années 1980 que naissent les monospaces, les premiers furent les Dodge Caravan et Plymouth Voyager, lancés en novembre 1983. Ford suit en 1984 avec son Aerostar. En Europe, le Renault Espace arrive en juillet 1984…

                Le score est honorable car le prix de l’Espace le mettait en concurrence directe avec la R25, le haut de gamme de la Régie. Mais l’aménagement intérieur, qui peut transporter jusqu’à sept personnes, ou se transformer en salon grâce à des fauteuils pivotants, sont autant d’arguments qui arrivent à convaincre le public, le Renault Espace va s’imposer comme la voiture des familles. En 1986, Renault vend 15.000 unités de son Espace, le cap des 30.000 Espace à l’année sont atteint dès 1988 !

                 Dans un premier temps, l’Espace n’était disponible qu’avec la seule motorisation 2.0 litres essence de 110CV, un gros moteur pour l’époque capable d’emmener la voiture jusqu’à 175km/h en vitesse de pointe. Pas mal ! En décembre 1984, le Turbo Diesel de 2,1 litres fait son apparition, 88Cv et 160km/h en vitesse maximale, cette mécanique permet de satisfaire les familles en quête de Diesel. En ce qui concerne les finitions, l’Espace est rapidement apparentée à une voiture haut de gamme, sur la version TSE, les jantes alliage, le verrouillage centralisé, les vitres et rétroviseurs à commandes électriques sont proposés de série ! La version 2000-1 lancée en juillet 1985 viendra chapeauter la gamme Espace…

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               Le succès de l’Espace est tel en Europe que Renault envisage de le lancer aux Etats-Unis, où le losange est présent au travers de sa filiale AMC. Plusieurs prototypes sont réalisés mais Renault cède sa branche américaine à Chrysler avant de lancer la voiture, l’Espace américain restera un projet avorté à la dernière minute. En Europe, les ventes sont telles que l’usine de Matra à Romorantin ne peut satisfaire la demande, l’usine Alpine de Dieppe vient à la rescousse en absorbant le reste de la demande.

               En janvier 1988, Renault lance l’Espace dans sa phase 2, la Régie a pris le parti de modifier l’aspect de son monospace pour lui enlever l’image d’utilitaire. Ce lifting commence par le retrait des phares du Trafic pour récupérer des optiques spécifiques, allant dans le prolongement du capot. La calandre change également au passage. A l’arrière, le hayon est modifié, et les pare-chocs bénéficient d’un nouveau dessin. Plus arrondie, la ligne de l’Espace est moins massive est plus dans l’ère du temps, prête à conquérir de nouvelles part de marché.

                Avec le restylage, Renault en profite pour modifier sa gamme autours de trois moteurs ; le 1.995cm3 essence à carburateur pour 103Cv ou en injection avec 120Cv, tandis que le Turbo Diesel de 88Cv est reconduit. Surtout, l’Espace peut devenir une quatre roues motrices avec l’option « Quadra » avec son arbre de transmission réalisé en matériau synthétiques.

                 La carrière du Renault Espace continua sans grands changements, si ce n’est l’adoption d’une suspension arrière pneumatique en 1990 pour les clients souhaitant se l’offrir en option. Finalement, en janvier 1991, le Renault Espace premier du nom tire sa révérence après 191.674 exemplaires, bien au delà des espérances de deux partenaires. La saga de l’Espace ne faisait que commencer…

Le successeur : Renault Espace 2

    En 1991, la deuxième génération de l’Espace arrive sur le marché, sa ligne plus moderne est en phase avec la mouvance du biodesign. Les fondamentaux demeurent, l’Espace reste un monospace avec sa carrosserie monocorps. Cette deuxième génération permet de faire entrer l’Espace dans le domaine du haut de gamme avec une meilleure qualité de fabrication, l’arrivée d’un V6 et d’une boite automatique…