Chez Maserati, il existe certaines voitures méconnues, mais celle qui remporte la palme reste la Khamsin, une GT 2+2 développée sous l’ère Citroën avec une carrosserie séduisante signée Bertone. Hélas, une présentation au mauvais moment coûta sa carrière à la voiture…
A la fin des années 1960, Citroën étudiait le lancement d’une DS sportive, mais n’ayant pas les compétences pour produire un moteur type V6, Citroën se rapproche d’autres constructeurs en vu de faire sous-traiter le développement d‘une telle mécanique. C’est finalement Maserati qui a su donner confiance à Citroën, il faut dire que Maserati était tellement mal en point financièrement que ce contrat lui permettait de maintenir la tête hors de l’eau. Plus qu’un simple contrat, c’est finalement un rachat qui est proposé à Citroën par les actionnaires en place, la famille Orsi, proposition qu’accepte Citroën en 1968.
Ce mariage qui tient davantage de la passion que de la raison donne naissance à Citroën SM, et Citroën octroie à sa nouvelle filiale des financements pour développer de nouveaux modèles comme la Bora ou la Merak qui sont équipées de la fameuse suspension hydraulique de Citroën. Toutefois, la marque au double chevrons impose l’utilisation de nombreuses pièces de sa banque, notamment dans les habitacles, donnant une finition plutôt aléatoire, peu digne du segment occupé par Maserati.
Les dirigeants de Maserati arrivent toutefois à imposer leur vision sur un autre projet en cour, celui de la Khamsin, une voiture entrant dans la catégorie des GT 2+2 et qui a la lourde tâche de succéder à la Ghibli. Le projet est mené par l’ingénieur Giulio Alfieri, sous la supervision des cadres de Citroën, le but est de réaliser une voiture à moteur avant alors que les deux dernières Maserati avaient toutes le moteur à l’arrière avec laquelle Maserati compte viser une nouvelle clientèle.
Pour la carrosserie, Maserati décide pour la première fois de faire appel à la maison Bertone, le jeune Marcello Gandini est mis sur le projet et donne naissance à une robe alliant modernité au style classique des GT. La Khamsin propose une ligne fluide, partant d’un nez pointu avec une fine calandre et des feux escamotables, jusqu’à l’arrière et sa face extravagante composée de panneaux vitrée cernant les feux dont on a l’impression qu’ils flottent.
La Khamsin naît en novembre 1972 lors du salon de Turin, elle est alors qu’un prototype sans badge présentée sur le stand Bertone. Il faut attendre le salon de Paris courant octobre 1973 pour que la voiture soit officiellement présentée sous la marque Maserati, la voiture offre alors un V8 de 4,9 litres de cylindrée qui offre 320Cv à son conducteur, rappelant qu’il s’agit d’une vraie sportive voulant aller damer le pion aux Ferrari. Quant à la boite de vitesses, la Khamsin propose d’origine une boite à cinq rapport de chez ZF, le client pouvant choisir en option une boite automatique Borg-Warner à trois rapports.
La puissance, le sport, et le luxe aussi. La Khamsin ne se contente pas seulement de bonnes performances et sait choyer ses occupants, la finition est parmi ce qu’il se fait de mieux sur le marché, la sellerie en cuir est montée de série, comme la climatisation ou encore la radio. Et pour profiter de ce confort, la Khamsin se dote de la suspension amenée par Citroën dont le système hydraulique gère aussi la direction et le freinage qui est assuré par des disques ventilés. Avec cet équipement, la Maserati Khamsin parait plus moderne que l’ensemble de ses rivales, qu’elles soient Ferrari ou Lamborghini.
Hélas, la Maserati Khamsin arrive au mauvais moment, la première crise pétrolière venait de frapper et le marché des sportives se refermait. Et chez Citroën, l’heure n’est plus à la fête puisque les finances sont plombées par des projets trop audacieux comme celui du moteur rotatif, tandis que la DS arrive en fin de vie, la SM ne rencontre pas la clientèle espérée… Michelin, propriétaire de Citroën depuis 1935, décide de jeter l’éponge et vend sa filiale automobile à Peugeot dont l’une des premières décisions fut de couper les vivres à Maserati, l’amenant à la faillite en 1975.
Dans ce contexte, qu’il fut difficile pour la Khamsin d’évoluer, d’autant que le principal marché espéré, les Etats-Unis, modifient leur législation qui pousse Maserati à revoir la face arrière qui y perd localement sa surface vitrée qui faisait l’originalité du modèle. Heureusement, Maserati est sauvée par une société de l’Etat italien qui eut vite fait de trouver un repreneur en la personne d’Alejandro De Tomaso. Ce dernier maintient la Khamsin dans la gamme Maserati jusqu’en 1982, mais les ventes se compte sur les doigts d’une main tous les mois.
Ainsi, entre 1974 et 1982, seules 435 exemplaires ont été produit dont 155 pour les Etats-Unis, les ventes ont chuté de moitié entre 1974 et 1976 si bien qu’un léger restylage est opéré en 1977 pour maintenir la voiture en vie. Mais cela ne dure pas, en 1979, la législation américaine impose une diminution de la puissance du moteur qui passe alors à 280Cv, les ventes deviennent anecdotiques avec 26 exemplaires écoulés entre 1980 et 1982…