En 1973, MG lance une version V8 de la B GT, une voiture pleine de promesse visant le marché américain. Malheureusement, la politique du groupe British Leyland couplée à la crise pétrolière donne un tout autre destin à cette voiture…
Proposée depuis 1962, le MG B connait un important succès commercial qui pousse le groupe British Motor Corporation (BMC) à élargir la clientèle cible de son roadster, le premier acte est réalisé en 1965 avec l’arrivée de la version coupée nommée MG B GT, puis en 1966 en logeant le six cylindres de l’Austin Healey 3000 afin de donner naissance à la MG C. Cette bonne idée n’est toutefois pas suivie par la clientèle faisant de la MG C un échec commercial. En 1968, BMC et Leyland fusionnent pour fonder la British Leyland Motor Corporation, une nouvelle entité qui permet de rendez disponible le V8 Rover tout alliage initialement dessiné par Buick.
L’idée originale de mettre ce V8 sous le capot de la MG B ne vient pas des pontes de chez MG ni même du groupe British Leyland, mais de l’ingénieur Ken Costello qui bénéficie d’une excellente réputation de préparateur, officiant tant de la Mini à la Formule 3. Sur la base d’une MG B GT d’occasion, il arrive au prix de nombreuses modifications à greffer le V8 Rover. Cette réalisation ne passe pas inaperçu, la Costello Motor Engineering Company qu’il fonde en 1969 reçoit de nombreuses commandes. Sans doute la réussite de Costello donne des idée à MG qui décide, au début des années 1970, de concevoir sa MG B V8.
Pour la MG B GT V8 officielle, la recette est à quelque chose près identique, la V8 Rover de 3.532cm3 est repris et logé sous le capot de la MG B GT, lequel, alimenté par deux carburateurs SU HIF6, accolé à une boite à quatre rapports avec overdrive, la MG B GT V8 propose 137Ch, une puissance qui pousse à troquer les jantes à rayons trop fragile pour des jantes en alliage. Pour des raisons de rigidité, le V8 n’est greffé que sur des caisses de MG B GT (alors que Costello pouvait équiper le roadster d’un V8).
Compte-tenu des modifications imposées pour recevoir le V8, l’ensemble de la production des MG B s’équipe désormais d’un nouveau tablier entre le compartiment moteur et l’habitacle, l’arbre de transmission et le pont arrière sont repris de l’ancienne MG C. Conçue avec le marché américain en ligne de mire, il est décidé au dernier moment de limiter la MG B GT V8 au seul marché européen, avec la raison officielle d’une ligne d’approvisionnement en V8 Rover trop faible face à la demande américaine. Dans les faits, il s’agissait plutôt pour le Groupe British Leyland de ne pas mettre de bâton dans les roues de la Triumph Stag.
Si les premiers exemplaires de MG B GT V8 sont assemblés dès octobre 1972, la commercialisation n’intervient qu’en avril 1973, et seulement au Royaume-Uni. Pire encore, avec les premiers effets de la crise pétrolière, le marché européen n’est plus demandeur de grosses motorisations, et face à elle, les sportives allemandes ou japonaises ont d’autres arguments à faire valoir : fiabilité, confort, modernité… Bref, le marché de la MG B GT V8 est réduit à quelques unités par an, tout au plus.
Malgré des ventes anecdotiques, MG laisse la B GT V8 au catalogue et la fait évoluer au fils des changements apportés à la gamme MB G, pour le meilleur comme pour le pire car en septembre 1974, la voiture reçoit des pare-chocs en caoutchouc qui, s’ils permettent de respecter les normes américaines, défigurent la ligne de la MG B. Dès lors, les ventes de la MG B s’effondrent, le modèle V8 est abandonné courant 1976 après 2.591 unités, divisés en 1.856 exemplaires à pare-chocs chromés et 735 à pare-chocs plastique.