Il est certainement l’utilitaire qui a le plus marqué nos campagnes, le Citroën Type H fut commercialisé pendant plus de trente années au cours desquelles il a conquis un large public, du commerçant ambulant aux grandes entreprises, de l’agriculteur aux forces de l’ordre…
La Seconde Guerre Mondiale terminée, l’heure est désormais à la reconstruction en France, l’une des priorités est la relance de l’industrie. Faute de matériaux, celle-ci repart lentement. Du côté de l’automobile, le gouvernement décide d’allouer à chaque constructeur un domaine d’activité et donne la priorité aux utilitaires. Citroën, grâce à un outil industriel sorti sans trop de dommage du conflit, est prêt à relancer ses activités courant 1944 et obtient l’autorisation de relancer la Traction. Mais rien du côté des utilitaires, malgré l’existence du TUB avant-guerre, l’Etat français lui préféra le Renault R2060 et le Chenard et Walker CPV.
Malgré des qualités indéniables (porte latérale coulissante, plancher plat…), le Citroën TUB coûtait cher à produire et pouvait être amélioré. Et puisque les utilitaires sont prioritaires, Pierre Boulanger, président de Citroën, donne son feu vert a la conception d’un nouveau véhicule avec comme cahier des charges un véhicule monocoque reprenant les éléments mécaniques de la Traction et un maximum de pièces déjà existantes. Dans les faits, le bureau d’études de Citroën avait planché sous l’occupation et posé ses réflexions sur le papier, faute de matière première et d’essence. Ainsi, lorsque le projet H est validé, le bureau d’étude passe directement à la réalisation d’un prototype roulant.
Grâce à ce travail en amont du bureau d’études, et le remploi d’un maximum de pièces préexistantes, Citroën peut mettre au point le Type H en un temps record, seuls deux prototypes ont été nécessaires avant la mise en production du véhicule. Parmi les pièces remployées, citons entre autres l’ensemble moteur-boite provient de la Traction Avant, tout comme les poignées de portes, compteurs… les essieux de la Traction 15-Six, les phares, commandes de clignotants de la future 2CV. Sur le premier prototype, Citroën teste une porte latérale pivotante qui s’avère peu pratique à l’usage, elle fut vite remplacée par une porte coulissante comme sur le TUB.
Présenté lors du salon de Paris 1947, le Citroën Type H dévoile une carrosserie en tôles ondulées, une solution qui permet l’emploi de tôles de moindres épaisseur en renforçant leur rigidité, une solution éprouvée dans l’aviation sur le Junker JU-52 à partir des années 1930. Avec son moteur positionné à l’avant et transmettant le mouvement aux roues avant, le Citroën Type H offre un plancher plat et proche du sol. Dès sa présentation, le Citroën Type H intéresse bien des professionnels, mais il leur attendre le 1er juin pour que le constructeur au double chevron ouvre son carnet de commandes et lance véritablement la production du Type H.
Pour le lancement de sa carrière, Citroën n’édite qu’une brochure commerciale et ne fait que peu de publicité, de toute façon, la demande pour un tel véhicule est bien présente et les clients viendront eux-mêmes vers le type H, alors pourquoi dépenser dans la communication ? Fin 1948, aux côtés du Type H et ses 1.200kg de charge utile, apparait la variante HZ à la charge utile de 800Kg, portée rapidement à 1.000Kg. Cette même année, Citroën lance l’étude d’une petit utilitaire qui s’installerait sous le type H, le Type G, qui ne fut jamais commercialisé (lire aussi : Citroën Type G).
Le Citroën Type H évolua par petites touches successives, Citroën se contentant du strict minimum. En 1961, le Type H abandonne ses flèches pour des clignotants et un nouvel éclairage arrière, et des moteurs Diesel Perkins sont désormais proposés, en version 1,6 litres pour 42Cv. Puis en 1964, le double pare-brise laisse sa place à un pare-brise en une seule partie, permettant de diminuer les coûts de montage, les moteurs Perkins sont remplacés par des Indenor.
La gamme du Type H se développe, en 1958, le Type H est remplacé par le HY et ses 1.500kg de charge utile, porté par la suite à 1.600kg. En 1967, Citroën propose le HY en plateau nu (Type HX) destiné aux carrossiers qui habilleront cet utilitaire en bétaillère, ambulance, camping-car… Avec ses formes simples, le HY peu s’adapter à diverses utilisation, Citroën proposait déjà diverses variantes : fourgon rallongé, pick-up… Entre temps, le Type H se voit concurrencé par l’Estafette qui lui prendra la clientèle urbaine, sans oublier les Saviem SG et Peugeot J7 qui offrent une alternative plus moderne.
Car c’est peut-être un défaut de Citroën, celui de laisser vivre trop longtemps ses modèles, en 1981, le double chevron laisse partir à la retraite le Type H après un dernière exemplaire produit le 14 décembre, portant la production totale du véhicule à 473.289 exemplaires. Le Citroën C35 le remplace dès lors et tenta de reprendre les parts de marché perdues par le HY face à ses concurrents…