Lancée en 1976 en Europe, la Ford Fiesta première du nom connait un important succès et prouve que le public européen cherche avant tout des petites voitures économes en ces heures de crises pétrolières. Ford pense tenir là un argument de choc pour lancer la frêle Fiesta aux Etats-Unis à partir de 1978, une idée saugrenue qui allait toutefois trouver son public !
En Europe, la Fiesta est une voiture importante pour Ford puisqu’elle marque l’union des filiales anglaises et allemandes qui jouaient séparément jusque là, et surtout, la Fiesta obtient les faveurs des dirigeants américains qui n’hésitent pas à faire du projet Bobcat (nom de code de la Fiesta) le plus cher jamais réalisé par l’entreprise américaine. Fort heureusement, la Fiesta s’impose rapidement avec 350.000 unités écoulées dès la première année de commercialisation. (lire aussi : Ford Fiesta MkI)
Dans le même temps, l’Etat américain prend une loi en réaction à la première crise pétrolière selon laquelle les constructeurs doivent voir la moyenne de consommation des voitures vendues réduite à 13,1 litres aux 100km pour 1978, 12,9 litres aux 100 pour le millésime 1979… Le tout assorti de pénalités en cas de non respect. C’est alors que l’idée de commercialiser la Fiesta aux Etats-Unis émerge, mais la voiture est jugée trop petite pour le marché américain pour être lancé tel quel.
Un premier projet prévoit de reprendre la Fiesta et d’en rallonger la plate-forme, et d’équiper la voiture avec un moteur d’origine Honda. Hélas, Ford ne souhaite pas mettre davantage de dollars sur la Fiesta dont le développement fut coûteux, puis des désaccords avec Honda ont eu raison de ce premier projet. A la place, Ford décide de lancer le programme d’américanisation de l’Escort européenne dont la commercialisation interviendra au plus tôt en 1980.
Entre temps, il était nécessaire de lancer des voitures à faible consommation pour éviter de payer des pénalités, c’est finalement la Fiesta qui tient ce rôle dans une version américaine produite en Allemagne dans l’usine de Cologne. La voiture subit quelques modifications pour adopter un vitrage répondant aux normes américaines, des pare-chocs à absorption et des composants électriques spécifiques.
Sous le capot, Ford décide de loger un quatre cylindres en ligne Kent catalysé de 1.598cm3 pour 66Cv en lieu et place des Valencia qui se trouvent sur les versions européennes. Ce moteur, plus gros, entraîne des modifications notamment sur les trains roulants, tandis qu’un travail est effectué sur la boite de vitesses pour permettre à la Fiesta américaine de tenir la vitesse légale sur autoroute. Malgré ces modifications, la Fiesta américaine ne pèse que 84kg de plus que son homologue européenne et peut signer une pointe à 160km/h.
La commercialisation de la Fiesta aux Etats-Unis intervient au cours du second semestre 1977 (millésime 1978) et propose un prix de base très accessible de 3.680$. La Ford Fiesta est bien accueillie par les américains et tenait tête aux Honda Civic et autres Volkswagen Rabbit. Hélas, le succès de la Fiesta ne fut qu’éphémère, le prix de la Fiesta passant rapidement à 4.200$ à cause du taux de change entre le dollars et le Mark, la rendant alors peu compétitive et à la merci des Plymouth Horizon de gamme supérieure.
Pire encore, l’Etat Américain décide de limiter les voitures d’origines étrangère dans le calcul des moyennes de consommation, puis impose pour le millésime 1980 que ne seront comptabilisées que les voitures ayant au moins 75% de pièces américaines. En tant que tel, la carrière de la Ford Fiesta aux Etats-Unis n’était pas condamnée puisqu’il suffisait à Ford de lancer la production de la voiture localement, ce qui aurait pu lui redonner l’atout de son prix d’achat d’autant que les volumes auraient pu permettre la création d’une ligne d’assemblage.
Mais comme le développement de l’Escort américaine touchait à sa fin, la Fiesta américaine voit sa production interrompue en 1980, certains exemplaires sont vendus jusqu’en janvier 1981 pour écouler les stocks. En tout et pour tout, ce sont 263.398 Ford Fiesta qui ont trouvé preneur de l’autre côté de l’Atlantique, un beau chiffre pour une voiture européenne !