Au début des années 1970, la mortalité routière devient un sujet qui intéresse l’Etat français qui compte bien faire chuter le nombre de victimes, qui sont alors entre 1.000 et 1.500 en moyenne chaque mois. Face à ces chiffres l’Etat français va frapper tous azimuts : comportement des automobilistes, amélioration du réseau routier, et amélioration de la sécurité des automobiles. La Renault E.P.U.R.E, présentée en 1979, est une illustration de ce dernier point.
L’année 1972 est une année noire pour les automobilistes avec plus de 18.000 morts sur les routes françaises, l’Etat s’engage alors dans une politique de lutte contre « l’insécurité routière » et met en œuvre des mesures qui ont un fort retentissement médiatique, à commencer par les limitations de vitesse instituées entre 1973 et 1974 avec le choc pétrolier en couverture de fonds pour justifier la mesure, ou encore la ceinture de sécurité devenue obligatoire en 1973 hors agglomération. Si le comportement de l’automobiliste doit évoluer, il en va de même pour l’automobile qui doit devenir plus sûre, l’Etat français s’appuie sur la Régie Renault pour lui livrer une étude qui servira d’étalon en la matière.
A cette époque, les études en matière de sécurité automobile commençaient à apparaître, à l’initiative de l’organisme américain NHSB (National Highway Safety Bureau) qui a lancé un concours, initialement entre les constructeurs américains, puis mondiaux, visant à présenter une voiture à sécurité passive. Ford, GM, Fiat, Volvo, Mercedes, Nissan, Renault et tant d’autres répondent à l’invitation et propose leur vision d’une voiture à sécurité passive. Renault a ainsi présenté son concept-car BRV en 1974 (lire aussi : Renault BRV).
Quelques années plus tard, l’Etat français s’intéresse à son tour aux questions de sécurité passive des automobiles et fait appel à Renault, entreprise nationalisée, à développer une étude en ce sens mais qui pourrait se voir produite en série. Pour y inciter Renault, l’Etat français prend à sa charge 50% du développement de la voiture. 60.000 heures de travail plus tard, Renault rend sa copie en 1979 sur la base d’une Renault 5 nommée « EPURE » pour « Etude pour la Protection des Usagers de la Route et de l’Environnement ».
Concrètement, l’EPURE ressemble à une Renault 5 (lire aussi : La Renault 5) dont la face avant a été profondément remaniée, mais dans les détails, il s’agit bel et bien d’un petit laboratoire roulant qui expérimente diverses pistes pour les futurs modèles de la Régie. L’Etat français, quant à lui, se servira de l’EPURE pour analyser ce que les constructeurs pourraient être en mesure de faire sur la sécurité passive, et modifier la législation pour les y contraindre.
L’étude EPURE vise ainsi trois type de protections :
– La protection contre les chocs frontaux : la Renault EPURE est étudiée pour voir son avant se déformer pour encaisser le maximum d’énergie en cas de choc, la structure de la voiture est quant à elle améliorée pour rendre l’habitacle indéformable et en faire une bulle de sécurité pour ses occupants. Un important travail autour de la ceinture de sécurité est réalisé pour rendre solidaires les occupants à la voiture, notamment à l’aide de cartouche de gaz qui sont censées resserrer les ceintures en cas de choc. Notons également l’amélioration du réservoir d’essence censé limiter les risques d’explosion.
– La protection contre les chocs latéraux : La Renault EPURE voit ses longerons renforcés, les portes bénéficient d’une armature les rendant plus solides et au besoin, solidaires avec le reste de la carrosserie. Ces dernières sont rembourrées à l’aide de matériaux souples destinés à épouser la forme du corps humain si besoin.
– La protection des piétons : Beaucoup d’accidents de la circulation se faisaient entre une voiture et un piéton, c’est pour cela que l’Epure se dote d’un pare-choc taillé pour éviter les blessures aux genoux, le capot quant à lui repose sur deux cylindres de caoutchouc qui lui permettent de se déformer lors de l’impact avec un piéton. Enfin, les gouttières sur le toit sont protégées par des écrans en plastique.
Au final, la Renault EPURE ne pèse que 850kg sur la balance et les performances en matière de sécurité passive sont comparables à l’étude BRV présentée cinq ans plus tôt, et ce alors même que l’EPURE pèse 400kg de moins. Si l’EPURE ne fut pas produite en série, les travaux intégrerons les développements des autres modèles de la Régie pour proposer des voitures encore plus sûres…