Dans la seconde moitié des années 1970, le modèle de la 2CV Fourgonnette est arrivé à bout de souffle malgré plusieurs évolutions. Pour relancer les ventes faces aux R4 F4 et F6, Citroën décide de dupliquer la recette de la 2CV Fourgonnette à l’Acadiane, le succès viendra…
Dans la guerre qui oppose Citroën à Renault depuis les années 1960 sur le segment des populaires entre la 2CV et la Renault 4, l’un des champs de bataille est le segment des petits utilitaires dérivés de ces bases. Quand la Renault 4 Fourgonnette arrive, celle-ci surpasse la 2CV AZU en terme de charge utile (300kg pour la Renault contre 250 pour la 2CV). Citroën réplique et propose dès 1963 la 2CV AK350 (pour 350kg de charge utile) suivie de l’AK400 en 1970 (lire aussi : Citroën 2CV AK400). En mai 1975, Renault dévoile une nouvelle fourgonnette sur base R4, la F6, dont la charge utile arrive elle aussi à 400kg. Plus moderne que la 2CV, la Renault 4 F6 devient rapidement le choix des clients.
Pour contrer la R4 F6, Citroën décide non pas de faire évoluer la 2CV, mais de transformer la Dyane en utilitaire. Pour limiter les coûts de développement, on reprend la caisse de la 2CV AK400, laquelle est légèrement agrandie et dont la partie qui vient derrière la « cabine » est arrondie pour fendre l’air. Un châssis spécifique est réalisé pour l’Acadiane, l’empattement augmente de 135mm et le porte-à-faux arrière de 20mm. Bilan des courses, l’Acadiane dispose d’un volume de chargement de 2,27 mètres cube et peut transporter 475kg de charge utile.
Pour transporter le tout, Citroën dote l’Acadiane du meilleur moteur de la gamme des bicylindres, à savoir le 602cm3 de l’Ami8 (lire aussi : Citroën Ami8), alimenté par un carburateur Solex double corps, cet ensemble mécanique développant 29Ch. Ce choix fut notamment guidé pour obtenir le meilleur couple possible. Notons que l’Acadiane peut ainsi rouler sans soucis à 100km/h, son freinage se voit également amélioré avec des disques à l’avant et tambours issus de l’Ami8 sur le train arrière.
Dévoilée fin 1977, l’Acadiane apparaît dix ans après la Dyane (lire aussi : Citroën Dyane) qui n’aura pas réussi à s’imposer face à la 2CV qu’elle aurait dû remplacer. Dans l’habitacle, le confort est le point fort de la voiture qui reprend le tableau de bord de la Dyane, dont ses aérateurs orientables, ainsi que ses fauteuils recouvert du skaï de la 2CV. Cendrier, vide-poches, vitres descendantes, ceintures à enrouleurs, l’Acadiane ne fait pas dans la demi-mesure.
Tous ces efforts portent leurs fruits car en 1978, première année pleine pour l’Acadiane, il s’en écoula plus de 38.000 exemplaires, dont la production est réalisée exclusivement au sein de l’usine espagnole de Vigo. Mieux que résister face aux Renault 4 F4 et F6, les ventes de l’Acadiane décollent pour atteindre les 50.000 unités en 1979, mais redescendront rapidement pour atteindre un rythme de croisière autours des 20.000 unités par an. Au cours de sa carrière, l’Acadiane ne connaitra que très peu d’évolution, la plupart mineures toucheront aux monogrammes, à la disparition de la casquette d’aération ou encore des manivelles.
En 1983, Citroën frappe un grand coup en dévoilant le C15, un utilitaire moderne, disponible en Diesel et qui s’avère rapidement infatigable. Avec un tel véhicule dans la gamme, l’Acadiane ne récupère que les miettes, ses ventes descendent à 13.000 unités en 1984 et passent sous les 10.000 dès l’année suivante. En 1987, l’Acadiane a vécu, sa production est stoppée après plus de 250.000 unités produites, les derniers exemplaires resteront sur les parking des concessionnaires jusqu’au milieu de l’année 1988… Ces chiffres de production demeurent très bon pour un modèle qui était en bout de souffle, l’Acadiane ayant servi à faire patienter la clientèle avant l’arrivée d’un véritable nouvel petit utilitaire que fut le C15, avec la réussite qu’on lui connait…