Considérée par beaucoup comme la plus belle Alfa Romeo du XXème siècle, la Montreal fait parti de ces voitures que l’on pourrait classer au rayon des œuvres d’art. Il faut dire que sa robe est l’oeuvre d’un Gandini au sommet de sa gloire qui signait bon nombre de sportive de cette époque. Une chose est sûre, l’Alfa Romeo Montreal marqua les esprits, c’est aussi pour cette raison qu’elle fut produite…
Lors de l’exposition universelle de Montréal 1967 dont la thématique était « terre des Hommes, l’Homme, constructeur », Alfa Romeo décide d’être de la partie et souhaite frapper un grand coup auprès du public afin de redorer son blason auprès de la clientèle. Pour cela, le choix est fait de concevoir un prototype de voiture sportive en référence au passé glorieux de la marque.
Toutefois, le temps imparti pour réaliser ce prototype est réduit et la Alfa Romeo souhaite reprendre des éléments de sa banque de pièce pour éviter de faire exploser les coûts. C’est ainsi que la marque italienne part de la Giulia et confie le soin au styliste Bertone de réaliser une nouvelle carrosserie encore plus agressive. Ce travail est confié au jeune Gandini qui venait de signer la Lamborghini Miura…
Le coup de crayon de Gandini fait des miracles, le prototype Montreal présente des lignes digne d’une sportive malgré les contraintes qui pesaient sur le styliste. Présentée à l’expo universelle, la Montreal séduit d’emblée le public faisant naître un véritable engouement pour ce modèle. Hélas, la Montreal n’est pas destinée à être produite un jour et restera un show-car. Du moins, telle est la réponse donnée par Alfa Romeo au cour du salon.
Car une fois l’exposition universelle terminée, l’attrait connu par la Montreal fait réfléchir les dirigeants d’Alfa Romeo qui se laissent tenter de faire entrer en production la voiture afin de l’ériger en porte étendard de la marque. Mais pour tenir cette position, la Montreal doit s’équiper d’un moteur plus prestigieux que celui du « Coupé Bertone ». Heureusement, Alfa Romeo étant alors présente en compétition et disposait d’un V8 monté sur les Tipo 33 qui pourrait, après quelques modifications, être adaptée pour la route.
Mais du rêve à la réalité, tout n’est pas si simple puisque intégrer un V8 en lieu et place d’un quatre cylindres en ligne n’est pas une mince affaire, cela imposa même de revoir le châssis de la voiture, ainsi que sa carrosserie. Un travail qui nécessita de nombreux mois de mise au point au terme desquels la Montreal de série est présentée au public lors du salon de Genève en mars 1970. Mais Alfa Romeo n’était pas encore prêt à livrer les voitures, un an de plus fut nécessaire pour voir les premières livraison être effectives.
Si le dessin de Gandini a été profondément remanié, l’idée originale est encore présente, la voiture prend des airs plus acérés la rendant encore plus sportive. De nombreux éléments insufflés par Gandini ont été conservé, notamment ceux qui sont le caractère de la voiture, à savoir les paupières de phares à ouïes ou encore les aérations présentes derrière les portières. La Montreal dénote sur le marché des GT avec son nez haut perché ou encore son importante garde au sol.
Sous le capot se trouve donc un V8 directement dérivé du moteur de compétition, celui de la Montreal cube 2,6 litres et fut l’oeuvre de Carlo Chiti. Conformément à la tradition Alfa Romeo, ce moteur s’équipe d’un double arbre à came en tête. Une boite manuelle ZF à cinq rapports, un allumage électronique, une injection mécanique Spica sont de la parti, des éléments modernes qui ne feront pas le succès de la voiture, qui connaîtra de nombreux déboires sur son injection. Mais quand tout se passait bien, ce moteur développait 200Cv tout rond qui permettait à l voiture de titiller les 220km/h pour ceux qui avaient l’audace de pousser la Montreal dans ses derniers retranchements.
Si ces performances ne sont pas de premier ordre, la Montreal s’affiche au prix de 60.000Francs lors de son lancement, un prix plutôt attractif comparé aux rivales d’alors. Mais la fiabilité perfectible de la voiture fut un premier frein important auprès de la clientèle, d’autant que la voiture n’est pas luxueuse, ni réellement sportive… Elle pourrait être comparée à la SM de Citroën, qui elle aussi manqua sa cible. La crise pétrolière fini de tuer la carrière de la voiture, Alfa Romeo fait rapidement le choix de tourner la page en 1974 après 3.925 exemplaires…