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Alfa Romeo Alfetta GTV (1974-1987)

          Chez les constructeurs, lorsqu’une voiture réussit sur tous les plans, sa succession s’avère très difficile, tel fut le cas chez Alfa Romeo quand se posa la question du remplacement de la Giulia GT. Le constructeur italien proposa dès 1974 l’Alfetta GTV qui arrive à charmer les fans d’Alfa…

Alfa Romeo GTV (1)

            Avec la Giulia GT, surnommée « Coupé Bertone », Alfa Romeo ravit nombre de clients en quête de performances, il faut dire que l’italienne a beaucoup d’atouts qui font pencher la clientèle vers ce modèle : une robe signée Pininfarina, un moteur offrant de belles performances… Dès 1967, Alfa Romeo commence à envisager de manière sérieuse le remplacement de ce modèle et fait appel à la nouvelle société ItalDesign fondée par Giugiaro (celui qui avait dessiné le Coupé Bertone lorsqu’il travaillait chez Bertone), qui concurrence les stylistes du bureau Alfa Romeo.

                    Le cahier des charges impose de concevoir une voiture capable d’accueillir confortablement quatre personnes à son bord ainsi que leurs bagages, ce qui mène les designers à s’éloigner de l’architecture 2+2. Les stylistes doivent également travailler sur la base de la future berline Alfetta qui est alors en cours de gestation chez Alfa Romeo. Le bureau du style Alfa Romeo rend sa copie en 1968 avec une proposition dans la continuité du Coupé Bertone, ayant quelques ressemblances avec la Fiat 124 Coupé et la Fiat Dino.

GTV Giugiarro skethes

               Giugiaro, bien qu’ayant repris les grandes lignes d’une étude sur base d’Alfa Romeo Giulia GT réalisée quelques années auparavant, met un an de plus pour rendre son travail. La proposition d’ItalDesign propose des lignes tendues, un arrière type fastback avec hayon, une capot long et plongeant vers la route et une importante surface vitrée. Plus ambitieuse et moderne que la proposition du centre de style Alfa Romeo, cette solution est rapidement retenue par les dirigeants du constructeur italien.  Le projet passe au stade des maquettes avec encore quelques hésitations au niveau du style, jusqu’à débattre de l’intégration d’optiques escamotables copiant le système de la Montreal. Trop cher à produire, la GTV finale se contentera de quatre phares ronds… En 1971, le design de l’Alfetta GTV est figé. 

              L’habitacle est quant à lui l’oeuvre de Giuseppe Scarnati, employé du Centro Style Alfa, qui propose d’envoyer l’instrumentation au centre du tableau de bord, à l’exception du tachymètre qui reste derrière le volant, qui sera en bois ou en cuir selon les versions. Cette solution ne sera pas sans critiques mais permet à la voiture de se démarquer. Les compteurs sont carrés sur l’Alfetta, marquant la rupture avec la Giulia GT et ses cadrans ronds. Les fauteuils avant singent des baquets et offrent un très bon maintient, et n’oublient pas d’être confortables. La banquette arrière quant à elle laisse assez de place pour loger deux adultes : le cahier des charges était respecté.

Alfa Romeo Alfetta GT (1)

             La voiture peut désormais être présentée au public, ce qui est opéré courant 1974. Ne l’appelez pas Alfetta GTV, la voiture porte à ses débuts le nom d’Alfetta GT et propose comme mécanique un 1800 de 122Cv, un moteur issu de la Giulia GT. Cette version permet déjà une pointe à 185km/h et des performances respectables dans sa catégorie.  C’est surtout la fiche technique de la voiture qui demeure intéressante : l’Alfetta GT est une propulsion (heureusement pour les fanatiques d’Alfa…), elle propose un train moteur De Dion, un ensemble boite-pont à l’arrière pour équilibrer les masses (le transaxle), quatre freins à disque, un train avant à barre de torsion.

Alfa Romeo GTV (2)

               La base est plutôt bonne, les Alfistes en demandent plus à la voiture niveau performances. Mais Alfa Romeo décide de proposer des versions plus accessibles dans un premier temps, fin 1974, le 1800 voit sa puissance ramenée à 112Cv pour bénéficier d’une fiscalité plus avantageuse, tandis qu’une version 1600 de 109Cv pointe le bout de son nez pour s’offrir au plus grand nombre.

Alfa Romeo GTV (1b)

                   En 1975, l’Alfetta GT devient Alfeta GTV en troquant le 1800 contre un moteur 2,0 litres, celui-ci développe la même puissance mais propose de meilleures reprises, rendant plus véloce son utilisation. La dénomination GTV est alors gravée sur la custode arrière, ce qui permet de reconnaître au premier coup d’oeil les clients de cette nouvelle version. Il faudra ensuite attendre la fin de l’année 1978 pour voir la GTV monter en puissance, le 2000 propose désormais 130Cv tandis que la version 1600 disparaît après 1.923 exemplaires.   Le GTV 2.0 affiche une vitesse de pointe à 190Km/h.

                Fin 1980, Alfa Roméo greffe un V6 dans l’Alfetta qui devient GTV6. Ce moteur développé par l’ingénieur Busso fut initialement monté dans la berline Alfa 6 dès 1979, cube 2,5 litres et se trouve alimenté par une injection Bosch, une première chez Alfa Romeo et seule différence avec l’Alfa 6 qui est équipée de six carburateurs. Avec ses 160Cv, la GTV6 s’offre un 205km/h en vitesse de pointe.

Alfa Romeo Alfetta GTV America (1)

               Alfa Romeo tente également l’aventure américaine avec sa gamme GTV, le GTV voit sont quatre cylindres alimenté par une injection pour répondre aux normales locales, et l’ensemble de la gamme s’équipe de pare-chocs à absorption d’énergie. Les américains bénéficient également de jantes spécifiques.

                    Courant 1980, l’habitacle est retouché, le compte-tours et l’horloge initialement situés au milieu de la planche de bord reprennent place derrière le volant, rendant au conducteur un confort de lecture de son instrumentation; tandis que les appuie-tête changent et arborent une toile en « grillage ». C’est également l’extérieur de la voiture qui évolue fortement et fait passer le GTV dans sa seconde version : les chromes sont échangés contre des plastiques, notamment concernant les pare-chocs qui deviennent plus enveloppants et affiche une couleur noire; tandis qu’à l’arrière, les optiques ne forment qu’une seule pièce de chaque côté.

                Enfin, en 1983, de très légères retouches font évoluer le GTV à sa troisième série, mais seuls de petits détails sont modifiés : le montant entre les vitres et désormais peint en noir, les bas de caisse ont désormais un bandeau noir ou gris foncé, et le monogramme se loge désormais sur le hayon. Rien de bien transcendant, cette « nouveauté » permettra dans doute d’insuffler un peu de nouveauté sur une voiture vieillissante.

Alfa Romeo Alfetta Turbodelta (1)

              L’Alfa Romeo GTV a également connu de nombreuses séries limitées, la voiture s’exportant bien, certains acteurs locaux ont pu réaliser des versions pour répondre à une demande spécifique. Dès 1977, le préparateur allemand Delta Technik propose 100 exemplaires d’une Alfetta équipée d’un V8, suivie en 1979 par 400 exemplaires équipées d’un Turbo, la GTV TurboDelta. Toujours en Allemagne, l’équipementier Delta propose une version de 140Cv avec un kit carrosserie spécifique.

                    La première série spéciale « officielle » est lancée en 1981 lors du retour d’Alfa Romeo en Formule 1, la « GTV Grand Prix » limitée à 600 exemplaires offre un extérieur totalement rouge avec quelques pointes de noir et un intérieur luxueux alliant velours et cuir. En France, elle est suivie en 1984 par la « GTV Production » limitée à 300 exemplaires afin de célébrer la victoire de la voiture au championnat de France. Quelques autres séries spéciales apparaîtront en Australie ainsi qu’en Afrique du sud en fin de carrière de la GTV…

                Au final, l’Alfetta GTV est commercialisée jusqu’en 1988 dans sa version V6, la GTV 2.0 ayant pris sa retraite en 1985 après 75.022 exemplaires. Toutes versions confondues, c’est un peu moins de 140.000 Alfetta GTV qui ont été construites, un très beau score pour un coupé italien. Hélas, la voiture resta sans descendance pendant quelques années, Fiat ayant repris Alfa Romeo dans les années 1980 n’a pas donné les moyens à sa filiale de lancer une nouvelle voiture… Il faut dire que la mode des coupés était passée, doublée par celle des petites GTI…