Avec le rachat de Ford France en 1954, Simca s’offrait une nouvelle gamme de voiture, la Vedette, qui lui permettait d’élargir sa gamme vers les voitures de luxe. En effet, Simca commençait juste sa « renaissance » en prenant sa liberté vis-à-vis de Fiat avec l’Aronde présentée à partir de 1951, l’intégration de la gamme Vedette confirmait cette lancée. Et cette dernière fut déclinée en plusieurs versions, et notamment un break nommé Simca Marly.
Lors du salon de l’automobile de Paris 1954, l’un des grands sujets de conversation est le projet de rachat de la filiale française de Ford par Simca, alors le plus jeune constructeur français. Il faut dire que Simca a réussi sa renaissance d’après guerre avec l’Aronde en 1951, une voiture moderne qui se démarque de la concurrence et qui propulse Simca vers les sommets, puisque Simca fut le quatrième constructeur français. De l’autre côté, Ford se restructure et souhaite se séparer de sa filiale française, jugée peu rentable par rapport aux filiales anglaise et allemande. Cette fusion fut effective au premier Décembre 1954.
Par cette acquisition, Simca se dote d’une nouvelle usine située à Poissy mais surtout d’un nouveau modèle de berline moyen de gamme, la Vedette, que Ford avait lancé en Septembre 1954. Ceci permet à Simca d’agrandir sa gamme en proposant à partir de 1954 trois modèles issus de la Vedette : les Trianon, Versailles et Régence. Grâce à cette fusion, Simca passe de la quatrième à la seconde place des constructeurs français.
Dans les cartons de la gamme Vedette, Ford avait établi les plans de la Vedette Break, qui fut présentée au salon de Paris 1954 sur le stand Ford en reprenant la base de la Vedette dans sa finition « Versailles ». Ce break, nommé « Marly » est équipé de deux strapontins perpendiculaires à la route ! De bonne facture, ce véhicule est très proche de celui qui fut produit de série, à quelques détails près, dont le logo Ford remplacé par le logo « Simca ». Mais il faudra attendre le printemps 1956 pour le voir apparaître dans la gamme du constructeur français, la voiture n’étant pas au point. Son passage aux mines s’est effectué le 23 Janvier 1956.
Mais d’ores et déjà, le prototype de 1954 annonce l’arrivé d’un break de luxe, une première en France, de quoi se démarquer face aux rustiques Renault Prairie ou aux breaks Peugeot 403 un cran en dessous niveau finitions. En effet, en plus d’une finition dans le haut du panier de l’époque, la Marly peut en quelques secondes se transformer en voiture capable de transporter six personnes en un véhicule utilitaire de 1,766cm3 de volume utile.
Simca conservera ces éléments, et pour rajouter au charme de la voiture, la Marly n’est disponible qu’avec une carrosserie arborant deux tons, ce qui permet encore une fois de se différencier de la production automobile d’alors. Cependant, si la teinte bicolore n’était pas appréciée par le client, celui-ci pouvait expressément demander à ce que sa Marly soit peinte dans une seule teinte. De plus, la Marly s’équipe de galeries de toit chromées qui soulignent la finesse du dessin de la voiture, de quoi plaire à une large clientèle.
Cependant, une chose peut faire réfléchir les potentiels clients à passer à l’achat : son prix. Proposée à partir de 1.150.000 Francs (anciens), la Marly se justifie par son équipement : fauteuils réglables, un habitacle à la finition luxueuse… Côté mécanique, la Marly embarque un V8 de 2.351cm3 alimenté par un carburateur double corps, lequel développe 80CV. Accolé à une boite à trois rapports, la Simca Marly peut espérer rouler jusqu’à 140km/h d’après les données constructeur…
En 1958, le Marly va connaitre une refonte en même temps que la gamme Vedette et reçoit la carrosserie et la mécanique des Simca Chambord. Côté moteur, c’est quatre chevaux qui sont gagnés par rapport à l’ancienne version grâce à l’augmentation du taux de compression. Le freinage, point noir du modèle est amélioré du fait que la Marly ‘58 se dote de roues plus larges. Autres modifications, la suspension est nouvelle; et côté décoration, les flancs de la voiture se parent d’un nouveau dessin et d’un logo « Marly ». La nouveauté aura du bon puisque la Marly signe un record de vente en 1958 avec 28.142 exemplaires.
Mais toujours aussi chère, la Simca Marly ne perce pas et sa commercialisation s’arrête, comme beaucoup de modèles de la gamme Vedette, en 1961, après 105.150 unités produites. Devenue rare de nos jours, cette version est aujourd’hui très recherchée et figure parmi les Simca les plus chères, avec une côte soutenue… Notons aussi que la Marly a servi de base à de nombreuses modifications en véhicule sanitaire, en voiture de liaison…
La photo du haut ne correspond pas à une Marly mais à une Jangada brésilienne.
La Marly n’a jamais reçu les ailerons saillants et le porte à faux rallongé des Chambord et Beaulieu contemporaines, elle a gardé l’arrière issu des Versailles/Régence.
Bonjour Philippe, il ne s’agit pas de la Jangada brésilienne. Simca du Brésil n’a jamais utilisé ces enjoliveurs de roue. Les feux arrière du modèle brésilien sont légèrement différents.
Bien à vous,
Juan Dierckx
Bonjour Juan, en fait les feux et la longueur des ailerons est difficile à évaluer sur la photo. Cf la publicité ici : https://jubilee-live.flickr.com/
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Les feux utilisés au Brésil étaient au début ceux de « notre » berline Chambord/Beaulieu alors que la Marly a gardé ceux des Versailles/Régence – sans doute les ailerons « courts » ne permettait pas de les loger, ensuite ils sont devenus spécifiques et changèrent à nouveau avec l’Esplanada dont le break ne fut jamais mis en production https://i.kinja-img.com/gawker-media/image/upload/es3w3hjwoobyfbcpydeo.jpg