Au cours de la Première Guerre Mondiale, l’armée française se motorise pour aller au combat, les tracteurs d’artillerie sont un premier cap avant l’arrivée des chars. En 1917, Schneider produit le Type CD, un tracteur d’artillerie qui utilise la base du futur char Schneider…
Au cours de la Première Guerre Mondiale, l’armée française entreprend dès 1915 la mécanisation de son artillerie, constatant que le front se stabilise faisant entrer le conflit dans une guerre de tranchées. Entre les belligérants, un No Man’s Land se forme, on se protège avec du barbelé, des piquets de bois ou d’aciers, cet espace est régulièrement pilonné par l’artillerie, rendant ce terrain très accidenté, et impraticables aux véhicules, y compris les tout-terrains dont disposait alors l’armée, comme le Renault EG ou le Latil TAR. Le front finit par se cristalliser, l’armée française fait le constat que, si on est capable de percer la ligne de front allemand, l’infanterie subit rapidement une contre-attaque faute d’être supportée par l’artillerie qui ne peut suivre le mouvement. Les anglais, sur leur secteur du Front, peuvent parfois utiliser le tracteur américain Holt comme tracteur d’artillerie, il fut adopté en 1916 par l’armée française mais celui-ci présente des défauts : il est lent, il ne peut déplacer les pièces les plus lourdes et les munitions doivent être transportées avec des remorques.
A la fin de l’année 1915, l’armée française sollicite Renault pour développer un tracteur d’artillerie à chenilles, il apparait ainsi le Renault Type FB testé et perfectionné au long de l’année 1916 avec une première commande le 22 septembre 1916. En parallèle, l’armée fait également appel à Schneider qui développait le char CA1, pour développer sa vision du tracteur d’artillerie, capable de mettre en mouvement les pièces d’artillerie au plus proche du front. Schneider développe un véhicule en partant de la base du Schneider CA1, ajoute un poste de conduite à l’avant légèrement carrossé, avec une tôle servant de lame pour passer l’obstacle. Une toile permet de couvrir le poste de conduite et protéger l’équipage des intempéries. Le Schneider type CD part lui aussi en tests au cours de l’année 1916.
Le Schneider Type CD est donc un véhicule à chenilles pesant dix tonnes à vides et disposant d’une capacité de charge de trois tonnes. Pour le mouvoir, le moteur Schneider quatre cylindres développait 60Ch qui permettent d’atteindre la vitesse de 8,2 km/h en charge. Le plus important reste la force de traction du véhicule, et des facilités pour transporter les pièces d’artillerie. A cette fin, le Schneider type CD reçoit un cabestan à l’arrière qui reçoit la puissance du moteur pour enrouler un câble qui permet d’approcher les pièces d’artillerie du tracteur pour les accrocher en remorque, la force de traction au crochet étant de 5,5 tonnes. Enfin, pour transporter les munitions, le Schneider type CD reçoit une caisse en bois sur sa partie arrière. Ainsi, le Schneider type CD peut tracter à la fois une pièce d’artillerie, ses munitions et l’équipage nécessaire pour faire fonctionner cette arme.
L’armée française passe une commande courant septembre 1916 pour cinquante unités, une commande portée à cinq cent unités un mois plus tard (tout comme pour le Renault type FB). En décembre 1916, l’armée française demanda à Schneider de donner la priorité au tracteur d’artillerie plutôt qu’au char CA1, le premier tracteur est ainsi livré en avril 1917 et la production ne démarre réellement qu’en août 1917. Bien qu’apprécié dans les rangs de l’armée française, notamment en raison de sa robustesse et sa fiabilité, le Schneider type CD n’est pas des plus simple à conduire en terrain accidentés, et ce n’est qu’à partir de janvier 1918 qu’ils sont utilisés sur le front. En juin 1918, on compte déjà 200 Schneider type CD en dotation, la production est alors ralentie pour favoriser celle du char CA1. Lorsque l’armistice est signée en novembre 1918, on estime à environ 250 unités livrées à l’armée lorsque les livraisons cessent, une partie des Schneider type CD livré resta en service au sein de l’armée française, une petite partie fut transformée pour des utilisations civiles de nature agricole ou forestière…