On connait Peugeot comme étant une marque conservatrice, un brin frileuse concernant l’innovation technologique, une politique qui plait à une clientèle de petits bourgeois elle aussi très conservatrice. Et pour ceux qui veulent se démarquer, Peugeot a une tradition : offrir une variante coupé et cabriolet de la berline du moment. Sur la 403, la version coupé n’a pas été produite, mais un sympathique cabriolet a fait son apparition dans la gamme en 1956.
La berline 403 est présentée au public courant avril 1955, cette voiture présente toutes les caractéristiques pour plaire à la clientèle type de Peugeot, puisque celle-ci est très sérieuse d’apparence : ligne sobre à trois volumes avec quelques chromes biens discrets, une palette de couleurs sombres… Côté mécanique, Peugeot recycle le moteur de la 203 déjà éprouvé et augmente sa cylindrée pour monter en gamme. Au finale, avec cette voiture plutôt sage, Peugeot ne pouvait créer qu’un cabriolet à la ligne des plus simples.
Si Peugeot collaborait avec Pininfarina qui avait signé les grands traits de la berline 403, le cabriolet 403 fut une création maison. Si beaucoup de sources indiquent que le cabriolet fut réalisé par Marcel Pourtout, la vérité semble toute autre : c’est le styliste maison Paul Bouvot qui aurait dessiné la 403 cabriolet, laquelle a ensuite été réalisée comme prototype pour être présentée lors d’un salon de l’auto. Et ce prototype arborait la plaque de la carrosserie « Pourtout », semble-t-il pour faire croire à une version artisanale qui ne serait pas produite en série. La réalité fut tout autre, la 403 cabriolet intègre le catalogue Peugeot en 1956.
Les Peugeot 403 Cabriolet ont été transformés au sein de l’usine Peugeot de La Garenne, mais de manière artisanale par séries de dix exemplaires. Les coques de 403 arrivaient nues, prêtes à être transformées. Et comme les cabriolets ont toujours eu la rigidité comme principal ennemi, Peugeot renforce le soubassement par des doubles longerons recouverts d’une tôle de renfort, créant alors un double plancher.
Ceci permet quelques excentricités sur le cabriolet 403, les portes sont créées de toute pièce pour être allongées, tout comme la malle de coffre ou les ailes arrières, qui sont constitués d’une aile arrière de berline et d’une demie portière arrière de la même voiture. Le pare-brise quant à lui est moins haut de trois centimètres afin d’harmoniser la ligne, et les antibrouillards sont incorporés dans la face avant et intègrent les clignotants. Au final, il ne reste que peu de pièces en commun coté carrosserie entre une berline et un cabriolet 403, seul le capot est commun aux deux.
Ce travail permet toutefois de déboucher sur une ligne élégante mais également discrète, Peugeot propose donc une voiture qui est apte à plaire à sa clientèle cible, elle est présentée au cours du mois de Juin 1956 (le premier exemplaire sort de l’usine le 25 Juin 1956). Cependant, Peugeot ne semble pas avoir retenu la leçon du succès mitigé du cabriolet 203, celui-ci était vendu 60% plus cher que la berline, ce qui avait limité sa diffusion. Hélas, Peugeot se répète donc, avec une 403 cabriolet commercialisée 40% plus chère que la berline 403 avec un prix à 1.250.000Francs, un prix qui représentait également deux 203 neuves !
Et ce n’est pas l’équipement intérieur qui est venu justifier le prix élevé de la 403 cabriolet, certes la voiture proposait de série un intérieur tout cuir, mais c’est bien son seul avantage. Côté esthétique, Peugeot proposait des enjoliveurs à rayons qui diffèrent selon l’année, mais rien de convainquant pour ce prix. Côté nuancier, Peugeot proposait huit teintes pour le cabriolet 403 dont un rouge plutôt inhabituel chez le lion.
Et sous le capot ? Peugeot octroi à la 403 Cabriolet le moteur de la 403 berline, le quatre cylindres en ligne de 1.468cm3 qui développe 58Cv, lequel offre des performances modestes, et une pointe de vitesse aux alentours des 130km/h. Ainsi, ce modèle se réserve avant tout aux bourgeois amoureux de rouler cheveux aux vents tout en ayant un agrément de conduite et un certain confort. A noter aussi que les tout premiers exemplaires de la 403 Cabriolet ont été équipés d’un moteur gonflé à 62Cv par un taux de compression augmenté à 7,4 (7,1 sur la berline), mais celui-ci est rapidement abandonné au profit du moteur de la berline (58Cv) par soucis d’uniformité de la gamme 403.
Au final, le Peugeot 403 Cabriolet est produit de manière artisanal et aura du mal à rencontrer sa clientèle, les ventes ne se font qu’au compte-goutte et Peugeot décide au final d’arrêter l’aventure courant 1961 après tout de même 2.050 exemplaires. L’échec est d’autant plus marqué que la berline 403 s’est vendu au delà du million d’exemplaires… De toute façon, en 1961, Peugeot préparait la relève avec les 404 coupé et cabriolet, réalisé en collaboration avec Pininfarina, la 403 cabriolet peut donc s’effacer. Le dernier exemplaire sort de l’usine le 03 Juin 1961.
Si l’histoire de la Peugeot 403 cabriolet s’arrête là, vous me diriez que j’ai oublié un succès certain de ce modèle : avoir été la voiture de l’Inspecteur Columbo, une série américaine restée 35 ans à l’écran dans laquelle la voiture figure en bonne place, un exploit pour une voiture française. Cependant, le modèle n’était pas mis en valeur, puisque défraichie et à la capote rafistolée… Pas de quoi améliorer l’image de l’industrie automobile française auprès des américains, hélas. Mais cela permet à la voiture d’avoir une certaine notoriété. Et rappelons que pour les besoins du tournage, plus d’une 403 cabriolet ont été utilisées…
Je ne suis pas le plus grand expert du monde en matière de 403 en général et cabriolet en particulier, mais connaissant un peu le sujet, je suis presque surpris de n’avoir trouvé aucune erreur dans cet article!
Bravo, continuez dans cette voie!
Barny403
Fidèle lecteur de LVA comme je le suis de vos publications, sachez que le dernier numéro de mon journal préféré parle justement DES cabriolets du célèbre inspecteur. Cordialement.