Après guerre, la priorité est de se reconstruire, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’industrie automobile française est en ruine. Chez Peugeot, les usines ont plutôt été épargnées des bombardements, et rapidement, l’entreprise sochalienne se met à étudier une voiture capable de concurrencer la Citroën Traction. Ce fut la Peugeot 203, elle apparaît sur le marché français en 1948…
Avant guerre, le créneau des berlines était occupé par la Citroën Traction, la voiture était innovante sur de nombreux points et avait plusieurs années d’avance sur la concurrence, si bien qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, la Traction est encore d’actualité alors qu’elle fête ses dix ans. Chez Peugeot, on avait commencé à réfléchir en 1940 à une véritable concurrente à la Traction avec une voiture équipée d’un moteur V8, celle-ci aurait du prendre le nom « Peugeot 802 » . Le projet tourne rapidement court, la pénurie de la guerre mettant en échec le projet.
Une fois la paix revenue, Peugeot va repartir de zéro et lancer en toute fin d’année 1944 un projet plus réaliste, la nouvelle voiture devra rentrer dans la catégorie des 10CV fiscaux mais tout en ayant une puissance égale à une 11-14Cv. Surtout, la tenue de route devra être considérablement améliorée par rapport à la 402 d’avant-guerre, la voiture devra être capable de rivaliser avec la Traction. Enfin, le modèle doit dès le départ être étudié pour en décliner d’autres variantes. En attendant l’arrivé de ce nouveau modèle, Peugeot remet en marche dès 1945 la chaine de montage des Peugeot 202 commercialisées en berline et en plateau.
L’étude de la nouvelle Peugeot va bon train, et si le Lion souhaite une voiture moderne, il n’a jamais été question d’équiper la voiture d’une traction. Peugeot préféra rester fidèle à la propulsion pour limiter les coûts de développement et surtout, pour assurer la fiabilité de la voiture. Quant à la ligne extérieure, Peugeot s’inspire directement des voitures américaines de l’époque, avec une ligne très galbée et une large calandre à l’avant.
La voiture est finalement présentée à la fin de l’année 1947 aux concessionnaires Peugeot ainsi qu’à la presse, elle prendra la nom de « Peugeot 203 ». La voiture n’est pas encore terminée mais cette « fuite » permet de faire parler de Peugeot à l’heure où certains constructeurs avaient déjà présenté leurs nouveautés, comme Renault et sa 4CV ou encore Simca et sa « 6 », et de rassurer les concessionnaires sur l‘avenir. Peugeot était donc à la manœuvre et affutait sa nouvelle berline. C’est finalement lors de l’ouverture des portes du salon de Paris 1948, le 7 Octobre, que la Peugeot 203 est officiellement présentée. Malheureusement, cette présentation est éclipsée par Citroën qui levait le voile sur une voiture mystérieuse et très attendue : la 2CV, présentation qui fut le clou de cette édition.
Mais heureusement, la Peugeot 203 a su se faire remarquer et sa ligne moderne semblerait presque donner un coup de vieux à la Traction. La voiture est également de conception moderne avec pour la première fois du côté de Sochaux une coque autoporteuse; la 203 se dote également de roues indépendantes, d’une direction à crémaillère, d‘un système de freinage hydraulique, et que dire encore de la mécanique avec sa culasse hémisphérique en Alpax. Cette dernière cube 1.290cm3 et proposait au conducteur 42Cv, ainsi qu’une boite manuelle à quatre rapport dont la quatrième était vendue comme une vitesse économique, un atout de taille à l’heure où le rationnement n’était pas terminé.
Et l’habitacle n’est pas en reste avec un important volume pour ses occupants, bien fini avec une instrumentation de bord bien lisible, a commande de vitesse derrière le volant, un coffre volumineux pouvant accueillit 80kg de bagages, et une très bonne luminosité. Bref, la Peugeot 203 dispose de nombreux atouts pour plaire à la clientèle, sa commercialisation débute au tout début de l’année 1949. Economique, endurante, presque luxueuse, la Peugeot 203 obtient rapidement de nombreuses commandes, puis sa fiabilité rapidement démontrée, le carnet de commandes s’allonge…
A cette époque, Peugeot produisait cent 203 par jour à cause de la pénurie de matériaux (l‘usine avait été configurée pour 300 exemplaires par jour), le niveau était par conséquent trop faible pour répondre à la demande, d’autant qu’une large partie de la production était réservée pour l’administration française ou pour les exportations, sans doute pour faire rentrer des devises en France. Rapidement, le rythme augmente, les 200 unités journalières sont atteint à la fin de l’année 1949.
En 1949, c’est aussi l’année où la gamme 203 s’élargie avec la présentation lors du salon de Paris en fin d’année des versions Familiale et Commerciale, il s’agit de breaks dont le niveau de finition intérieur et extérieur diffère selon l’usage attendu du client : la commerciale ne dispose pas de chrome ni d’une troisième banquette.
Parallèlement à ces nouveautés, la 203 devient également une bête de somme avec l’arrivée des versions pick-up nommée « camionnette bâchée », un « break tôlé », le « fourgon tôlée » appelé affectueusement paquet de tabac, et d’un châssis-nu pour disposer d’une base habillable par n’importe quel carrossier. Peugeot arrive en force sur le marché des utilitaires, et pour cause, l’heure est à la reconstruction et la France est demandeuse de ces véhicule. Et déjà, les documents commerciaux de la 203 consacrent plus de page aux versions utilitaires qu’aux versions « civiles ».
En 1951, ce fut au tour du cabriolet 203 d’être dévoilé au public, cette première variante « loisir » démontre que l’on sort d’une production utilitaire pour aller vers un marché automobile qui retrouve des couleurs et des variantes spécifiques, preuve en est, le coupé suit l’année suivante. Ces deux dernières variantes sont les plus rares des 203 avec des chiffres de production très bas, seuls 953 coupés ont été vendus durant les 18 mois de sa commercialisation, le cabriolet fait mieux avec 2.5967 exemplaires et une carrière qui se termina en 1956 pour laisser place à la 403 Cabriolet. Notons également la présence d’une berline découvrable entre 1949 et 1954 dont la production atteint les 11.514 exemplaires, un score plus qu’honorable pour une telle variante de carrosserie !
Dans le même temps, la Peugeot 203 commence à se faire un palmarès en compétition automobile, et notamment sur les épreuves d’endurance : en 1950, une Peugeot 203 couvre le raid Paris-Le Cap en 17 jours, la 203 est lauréate de la coupe des Dames du rallye Monte Carlo 1951, une victoire au rallye de Yougoslavie 1952, un tour d’Australie en 1953, victoire de classe au Rallye Safari 1954… Bref, la réputation de fiabilité de la Peugeot 203 n’est désormais plus à faire.
Et si l’aspect de la Peugeot 203 ne semble pas évoluer, la voiture fera l’objet de quelques modifications, à compter d’Octobre 1952 avec une lunette arrière agrandie, l’apparition de déflecteurs sur les portes avant. En 1953, les pare-chocs nervurés sont désormais plus enveloppement, en 1955, la Peugeot 203 s’équipe d’un lave glace. Enfin, en 1956, les antiques flèches cèdent leur place pour de véritables clignotants, un gain considérable sur le plan de la sécurité. Et c’est toujours pour cette sacro-sainte sécurité que le lion qui ornait le capot de la 203 disparaît en 1959.
La mécanique évolue elle aussi au long de la carrière de la 203, puisqu’en 1952, le quatre cylindres en ligne développe désormais 45Cv grâce à une redistribution retravaillée, ce qui permet un gain de 5km/h sur la vitesse de pointe qui s’établie désormais à 120km/h. Aussi, la boite à quatre rapports qui était critiquée faute de synchronisation est remplacée courant Février 1954 par une boite totalement synchronisée.
Au final, la production de la Peugeot 203 cesse le 26 Février 1960, la voiture qui fut entre 1949 et 1954 la seule Peugeot à être commercialisée en attendant la Peugeot 403 marque un tournant dans l’histoire de Peugeot avec une bonne reprise de la production après guerre, faisant dès lors du constructeur sochalien l’un des plus importants acteurs du marché français. Et la fiabilité de la voiture fut un important atout pour fidéliser une large clientèle. En tout et pour tout, c’est 685.000 Peugeot 203 qui ont été produites, dont notamment 157.000 utilitaires. Une véritable réussite commerciale qui ouvrait la voie pour la Peugeot 403… Entre temps, la Peugeot 203 allait devenir une voiture emblématique des années 1950, au même titre que les Simca Aronde, ou autres Renault 4CV…
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Mam Peugeot 203 z roku 1952, kupil som ho od Holandského majiteľa po čiastočnej rekonstrukcii a ja som ho preto dokončil a teraz my robi obrovskú radost. Na Slovensku su v takomto peknom stave 3 kusy a preto je to u nas oldtajmerova rarita. Mam 68 roko a Peugeot je odomna starší o 3 roky, ale robi som mna mladého človeka.
Bonjour
Je suis en 1953 à Sfax, Tunisie, la Peugeot 203, gris clair de mon père a accompagné mon enfance, je me souviens de cette voiture magnifique que mon avait gardé jusqu’au début des années 1970 quelques années après sa retraite. Mon défunt père, l’utilisait partout dans ses champs d’oliviers où il m’emmenait pour les voir et s’entretenir avec leur gardien, souvent elle s’enfonçait dans le sable, et je me souviens comment mon père arrivait à dégager ses roues en usant de milles astuces, branches d’arbre, sacs en jute, cailloux, etc. Il transportait aussi dans la malle la chèvre ligotée, la pauvre, pour l’emmener se faire féconder chez » le Maltais », un éleveur de caprins et d’ovins dans les environs de Sfax. Nous utilisions aussi la Peugeot 203 pour faire de longs voyages comme à Tunis à 270 km de Sfax, mon père nous y entassait, avec nous notre collation, des œufs durs, du pain, de l’huile d’olive, etc. on mettait six heures pour arriver. La Peugeot 203 était la fierté de mon père, instituteur de son état, devant ses collègues, qui ne possédaient que de simples motocyclettes bleues ou crèmes. Chaque matin mon nous prenait dans la voiture pour aller à l’école. Il rentrait fièrement dans la cour de l’école primaire avec sa Peugeot 203 entre deux files de jeunes fillettes qui l’acclamaient. La grande famille, ne parlait que de la Peugeot 203 de mon père, personne ne possédait de pareil, tout le monde lui demandait alors de le prendre avec lui, sur son chemin en ville. Il était le seul avec son frère Ali à posséder une voiture, les gens simples prenaient soit le bus, soit montaient encore à dos d’âne, soit de simples bicyclettes. Des fois la Peugeot 203 de mon père rechignait à démarrer, il sortait alors la grosse manivelle et en deux ou trois coups de bras, elle redémarre et nous voilà parti. Arrivés à l’adolescence, mon feu demi-frère Hilel, que j’aimais beaucoup, venait dans « l’autre maison » ( mon père avait deux femmes et deux maisons à 500 m de distance) où est en garage la Peugeot 203, et avec témérité, ouvrait le portail, nous poussions la voiture hors du garage pour ne pas faire de bruit et réveiller mon père qui faisait sa sieste, et Hilel conduisait la voiture sur le champ de course de Sfax, immense terrain vacant, là il m’apprenait à conduire, il n’y avait personne et aucun obstacle, après quoi nous ramenions » protégés par Dieu » la Peugeot 203 à la maison sans que mon pauvre père s’en aperçoive.
Vers la fin de sa vie, mon père vendit sa Peugeot 203 à son neveu Moncef, qui devenu fonctionnaire pouvait commencer sa vie avec une voiture qui a fait sa vie. Mon père s’acheta alors une Peugeot 403 plateau pour ses travaux de champ et transporter ses olives en sacs de jutes, une fois cueillis et entassés entre les oliviers attendant son arrivée pour les conduire vers le pressoir à huile. Mon père est décédé en 1995, paix à son âme.
age de 85 ans depuis le confinement pour m occuper je restore une 203 arretee depuis 32 ans destinee a la casse j en voit le bout le moteur sans aucune ouverture est reparti au car de tour et fonctionne a merveille vous ne pouvez immaginer le plaisir d etre au volant de cette merveille qui me rajeuni de70 ans car mon patron boulanger pres de vire calvados avait une 203 fougonnette dites paquet de tabac a cause de sa forme et j ai encore dans mon cerveau son bruit moteur bien special des 203
J’ai appris à conduire sur la 203 C de mon père,couleur vert clair, avec démarreur électrique et toit ouvrant! Je me rappelle ce sifflement caractéristique vers 75 km/h, les soirs de retours de voyage dans les Alpes…mais je comprend maintenant pourquoi il semblait un peu fatigué, sans direction assistée! C’était le temps des voitures simples mais solides…Mais quelle idée ces 2 batteries! Beaucoup faisaient transformer l’installation avec 1 de 12 volts!
Quand j’ai écrit clé de contact, c’était simplement un antivol de direction, le contact moteur se faisant, lui, par un interrupteur au tableau(repéré par une sorte « d’éclair ») il me revient en mémoire aussi que sous la planche de bord, il y avait une petite manivelle pour actionner les essuie-glaces en cas de défaillance du moteur.
De 1963 à 1968 mon père a possédé une 203 de 1952. J’en garde un très bon souvenir d’enfance. elle était d’un bleu moyen typique de l’époque, très proche de celui des 4 CV Renault. elle avait le même tableau de bord que celui représenté plus haut dans l’article, je me rappelle que le bouton rouge de rhéostat du ventilateur de chauffage était tout à fait à droite du tableau de bord; Mais les voitures étaient étroites alors et il n’y avait pas de ceintures. Elle avait encore la petite lunette arrière, les flèches de direction, le bouchon d’essence proéminent sans trappe; les sièges étaient recouverts d’un skaï couleur caramel avec de surpiqûres de couleur ivoire. la longueur de la course de la tirette de démarreur m’amusait (comparée au centimètre de course sur une Traction!) ainsi que la forme du boitier qui portait la clé de contact qui me faisait penser à un appareil photo. la Poignée de frein à main avait une forme particulière elle aussi. le combiné compteur-cadrans-témoins se basculait grâce à 2 petits verrous rotatifs de forme semblable à ceux des boîtes à gants, mais plus petits, et on accédait ainsi aux ampoules du tableau de bord.Souvenirs du bruit du moteur, du pont arrière et des traces d’humidité sur la garniture du toit à cause du toit ouvrant, sans oublier aussi l’odeur bien spéciale. D’ailleurs chaque voiture ou chaque marque avait « son odeur ».
C’est un plaisir devoir l’histoire de 203
Sur les 203, au moins jusqu’en 1955, il y avait un bouton allongé qui tournait pour l’avance à l’allumage, situé à côté du starter. Cette voiture avait une bonne tenue de route, bien meilleure que celle des 404.
D’accord pour la tenue de route sauf sur chaussée mouillée…mais une fois averti, quelle bonne voiture! C’est vrai, il y avait une odeur particulière..toute une ambiance. Elle respirait la solidité et ne serait pas ridicule sur nos nationales par les temps qui courent, des bricoleurs pourraient-ils lui remplacer le carburateur par un injecteur? Et pourquoi pas la faire rouler à l’éthanol?