Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le gouvernement français lance un vaste programme de reconstruction, dont une partie est dédiée à l’automobile et la reconstruction de l’armée française avec du matériel français. L’Etat souhaite notamment une Jeep à la française, et missionne Delahaye de lui concevoir cette voiture. Mais Mathis alors en difficulté va tenter de prendre part à ce programme militaire et réalise sa propre Jeep : la VLR86.
En 1940, Emile Mathis déjà constructeur automobile part s’installer aux Etats-Unis suite à la défaite de la France. Là-bas, il y prendra la tête d’une usine de munitions pour le compte de l‘US Army. En 1944, une fois la guerre finie en France, il revient pour relancer son activité de constructeur automobile, son usine reçoit un premier contrat : la remise en état des Jeep américaines afin d’équiper l’armée française.
Quand Mathis apprend que l’armée française souhaite disposer d’une Jeep à la française, le constructeur strasbourgeois veut y prendre part et lance le développement de sa propre voiture. Même si l’armée française a missionné Delahaye, Mathis pense avoir ses chances par sa connaissance acquise dans la restauration des Jeep pour en proposer une alternative française. Pour Mathis, cette « Jeep » est vitale, l’entreprise est en difficulté, et comme ce constructeur souhaite sortir la berline « Mathis 666 », cette Jeep reprendra une grande partie des éléments mécaniques de cette voiture afin de réaliser des économies d’échelles.
C’est pourquoi elle en reprend son moteur, un six cylindres à plat de 80cv refroidit par eau, lequel dérive d’un moteur d’aviation développé par Mathis. Celui-ci est alimenté par deux carburateurs Zénith. La boite de vitesses comporte trois vitesses, un sur-multiplicateur permet de disposer en tout de six rapports, trois rapports « petites vitesses » et trois autres « grandes vitesses ». Pour le tout-terrain, la voiture dispose d’un blocage de différentiel situé sur le pont arrière, le pont avant quant à lui n’en est pas équipée mais est conçu afin d’en être équipé à la demande de l’armée.
Pour concevoir sa Jeep, Mathis liste tous les défauts de la Jeep américaine et va construire sa voiture pour les éviter. L’inconfort et la tenue de route sont les éléments à combattre. Ainsi, la voiture s’équipe de suspension indépendante sur chaque roue avec deux ressorts hélicoïdaux et un amortisseur télescopique.
Deux prototypes de la Mathis VLR86 sont construits, le premier est essayé par l’armée à la fin de l’année 1950. Et la voiture plait car elle répond à l’ensemble des demandes des militaires, mais diverses modifications s’avèrent nécessaires comme la carrosserie au niveau des fauteuils avant afin de faciliter la montée et la descente. On demande également à Mathis de corriger la baie de pare-brise et les accroches de la bâche qui ne tiennent pas lors de forts vents. Pour le reste, l’armée est satisfaite de la tenue de route et du confort du modèle.
Lors d’une seconde phase d’essais, la Mathis VLR86 est essayée à pleine charge avec 1.700kg de matériel sur 500km, elle atteindra une vitesse maximale située à 65km/h. A vide, la voiture atteint les 101km/h. Mais en face, le Delahaye VLR tient tête et semble avoir les faveurs de l’armée. Mais le coup fatal à la Mathis est porté en 1951, la voiture s’équipe de pièces d’origines américaines dont la disponibilité est aléatoire, provoquant un an de retard dans le projet VLR86. Mais l’armée française devait adopter la nouvelle Jeep en 1951 au plus tard pour profiter du financement américain issu du Plan d’Assistance Militaire. Ainsi, Delahaye obtient le contrat avec l’armée.
Pour Mathis, le coup est dur, et l’usine de Strasbourg est vendue à Citroën. La firme tient encore deux années, mais les deux voitures (Mathis 333 et Mathis 666) ne furent jamais commercialisés, entrainant la disparition de Mathis en 1953.
Face à la difficulté de trouver des images d'époque de la Mathis VLR86, j'ai utilisé cette photo sans avoir réussi à identifier l'auteur de ce cliché. Ci celui-ci se reconnait, qu'il n’hésite pas à entrer en contact avec moi, tout en m'excusant de la gène occasionnée.
Mon père avait une camionnette Mathis. sans doute était-ce, comme cela se faisait à Tahiti dans les années 40-50, de la transformation d’une berline où l’on conservait l’avant sans y toucher et juste derrière le conducteur un plateau en bois fut aménagé, muni d’une toiture en bois. Ce plateau accueillait un banc de chaque côté. Hélas, je n’ai pas de photo. J’ai appris la lettre M en passant régulièrement mes doigts sur les lettres argentées de la calandre.